Ces résultats, M. Alapetite les attribuait justement à la
souplesse que le régime du Protectorat comporte, cf S’il
s’agit, disait-il, de notre administration financière, nous
ne sommes pas tenus dans les compartiments rigoureusement
délimités qui divisent l’administration française. Si,
par exemple, dans un coin reculé de la Tunisie, nous
avons à la fois à percevoir les recettes des douanes, celles
des monopoles, celles de l’enregistrement et du timbre,
nous employons un seul ageht. Si nous voulons établir
un bureau de poste et de télégraphe dans un pays où il
n’y a encore que quelques habitants et où le nombre des
dépêches est très peu élevé, nous n’y plaçons pas un fonctionnaire
spécial ; nous chargeons l’instituteur de l’endroit
de tenir à la fois l’école et le bureau postal et télégraphique.
(Très bien! très bien!)
« Yoilà les procédés économiques avec lesquels une
administration qui a son autonomie et qui n’est pas tenue
par la rigueur des règlements de la métropole, peut orga*
niser un pays neuf comme celui-là, qui est pressé, qui est
impatient, qui veut jouir le plus vite possible de toüs les
avantages et de toutes les garanties que le régime civilisé
de la France assure à sa population. » (Très bien !
très bien!)
CHAPITRE XI
O R G A N I S A T I O N P O L I T I Q U E , A D M I N I S T R A T I V E ,
J U D I C I A I R E , F I N A N C I È R E , E T C . , D E L A T U N I S I E
| I. — Organisation politique et ADMiNistiumvE
Avant le traité qui établit; en 1881, le protectorat de la
France sur la Tunisie, le gouvernement de ce pays était
une monarchie autocratique, indépendante en fait, depuis
longtemps, du sultan de Constantinople et aidée dans son
administration par les membres d’un petit nombré de
familles riches, formant une sorte de bourgeoisie administrative
et militaire. Au-dessous* un peuple soumis, dans
les villes et dans le nord, à tous les caprices du souverain,
garanti dans une certaine mesure, au centre, dans le sud
et dans les montagnes de la Kroumirie, contre les caprices
du souverain, par l’existence nomade des tribus ou la
difficulté de pénétrer dans le coeur des montagnes. Depuis
une époque fort reculée, les beys entretenaient des relations
assez amicales avec la France, mais étaient souvent
impuissants à empêcher la piraterie maritime exercée par
leurs.sujets. Louis XIY les dompta par la menace de ses
flottes. Napoléon obtint leur respect tant qu’il fut victorieux
et redouté. Louis-Philippe reçut le bey à Paris, royalement,
en 1846. Le second Empire obtint du bey, en 1857, la
proclamation d’une constitution favorable aux Européens,
puis imposa à Mohamed Es-Sadock, en 1869, la création
d’une Commission financière internationale, protectrice
des intérêts des créanciers de la Régence. En 1875, le
représentant de la République à Tunis, M. Roustan*
obtint pour une -compagnie française la concession du