
 
		tout à fait incultes du pays. Dans le Nord, grâce aux pluies  
 relativement abondantes pendant cette  saison, les  animaux  
 trouvent  alors  assez  facilement  à  vivre.  Pendant  l ’été,  il  
 en  est autrement. Afin  de leur ménager une ressource,  les  
 indigènes  ont  soin  de  couper  les  orges  et  les blés à  vingt  
 centimètres  environ  au-dessous  de  l’épi,  de  manière  à  
 laisser  sur  le  sol un  chaume  très  haut. Dès que les moissons  
 ont  été  enlevées  on  mène  paître  les  troupeaux  dans  
 les  champs  de  blé  et  d’orge  nù  ils  trouvent,  avec  les  
 chaumes  dont  nous  venons  de  parler,  une  certaine  quantité  
 d herbes épargnées par la faux du moissonneur, jusque  
 vers le milieu'du mois  de juillet, les  animaux  ont  ainsi  à  
 peu près  de  quoi vivre ; mais le  soleil  grille peu  à peu  les  
 herbes  et  le  sol,  et,  du  15 juillet  au  milieu de  septembre,  
 ils n ont plus  rien  à  se mettre  sous  la  dent  que  quelques  
 touffes d herbes  aussi  dures que desséchées,  et  les  feuilles  
 des  arbustes.  On  a  peine  à  imaginer  comment  font  les  
 boeufs,  les moutons  et  les chèvres  pour  vivre  pendant ces  
 deux  mois.  Quant  aux  chevaux,  on  leur  donne  de  l’orge  
 et quelques fourrages  verts. 
 Si  1 alimentation du  bétail  est  très  difficile dans le Nord  
 pendant  l’été,  elle  est  tout  à  fait  impossible  dans le  Sud,  
 où les pluies sont très rares. Aussi voit-on  les  habitants  du  
 Sud  remonter vers  le  Nord,  avec  leurs  troupeaux  de  chameaux, 
  de moutons, de chèvres,  de boeufs, à mesure que la  
 sécheresse envahit leurs terres. 
 Notons  qu’en  Tunisie,  le  pâturage  n’ost  libre  que  sur  
 les points  où 1 absence totale de culture fait de la terre une  
 propriété  commune,  ou  plutôt  bevlicale,  par  exemple  sur  
 les montagnes  et les collines qui n’ont jamais été cultivées,  
 ou  qui  ne  le  sont  plus  de  temps  immémorial,  et  dans  les  
 forêts  qui sont  propriétés beylicales. 
 Partout ailleurs,  le  droit de  pâturage n’est  concédé  que  
 moyennant  une  redevance  payée  au  propriétaire,  en  
 nature;  celle-ci  est ordinairement  d’un  mouton  ou  d’une  
 chèvre  pour  cent.  Beaucoup  de  propriétaires  ajoutent  
 ainsi à leurs  autres  revenus  des  dîmes  importantes,  sans  
 aucun  frais,  et  en  bénéficiant  de  la  fumure,  peu  abondante, 
   il  est  vrai;  que  laissent  les  troupeaux  sur  leurs  
 terrains. 
 L’élevage  des  animaux  domestiques  n’est  l’objet,  de  la  
 part des indigènes,  que de peu de soins.  Cela est vrai,  non  
 seulement pour les moutons, les chèvres et les boeufs, mais  
 même pour les ânes, les chameaux et les chevaux. On laisse  
 les  animaux  s’accoupler librement,  sans  se préoccuper du  
 choix des producteurs ; quant aux agneaux, aux chevreaux,  
 aux  génisses  et  aux  veaux,  ils  se  tirent  d’affaire  comme  
 ils le peuvent ;  personne ne s’occupe de leur  alimentation ;  
 personne  non  plus  ne se  donne  la  peine  de  fixer  l’âge  où  
 ils commencent à se reproduire. Beaucoup sont tués chaque  
 année  par  le  froid  ou  la  pluie.  Les  races  ont  diminué  de  
 taille,  de  force  et  de  valeur.  L’administration  a  déjà  pris  
 quelques  mesures  pour  remédier  à  ces  vices;  elle  aide  
 notamment  à  la  création  d’abris pour le bétail. 
 L’élevage  des" porcs  n’est  guère  pratiqué  que  dans  les  
 régions  forestières du nord  de  la Régence où ces  animaux  
 trouvent à se nourrir de glands, dans les forêts. On sait que  
 le même  élevage  aux  dépens  des  fruits  des  arbres  des  
 forêts  a  été  pratiqué  de  tout  temps  en  Europe.  Chez  les  
 Mogods et les Kroumirs, ainsi qu’aux environs de Tabarka  
 et d’Aïn-Draham,  l’État loue aux indigènes le droit de faire  
 pacager  les  porcs  dans les  forêts. 
 Les  indigènes  élèvent  une  grande  quantité  de  volailles  
 ou pour mieux  dire de  poules et de coqs  qui appartiennent  
 à une variété  assez  analogue  à  la variété la plus commune  
 de notre  pays.  Ces volailles vivent d’ailleurs  comme  elles  
 peuvent  dans  les  champs  et  ne  sont  l’objet  d’aucun  soin. 
 L’apiculture  est  aussi  fort  en  honneur  parmi  les  indigènes  
 de  la Tunisie,  depuis  une  époque  très  reculée. Elle  
 est  favorisée  par  la  grande  abondance  des  plantes  et  
 arbustes  à fleurs mellifères, telles  que le thym,  la lavande,  
 le  romarin, les  génêts,  les  cistes,  les  oliviers, etc.,  et  par  
 la grande quantité d’essaims sauvages  qui  vivent dans  les  
 vieux  troncs  d’arbres,  particulièrement  dans  ceux  des  
 antiques  oliviers.  Dans  l’Enfida,  lès habitants des  villages  
 berbères  se  livrent  particulièrement  à  la  chasse  de  ces