fatigue, résistent bien aux maladies fréquentes et habituelles
en Tunisie. De plus, la vitesse du pas des croisés
zébus dépasse aux labours celle du mulet. Leur dressage
est relativement facile,.ils s'attellent à la charrue et même
à la voiture, car ils trottent. Enfin, leur poids de viande
dépasse 70 p. 100. »
Au mois de mai 1913, à la suite d’une convention passée
entre la Société franco-africaine et le gouvernement,
celui-ci a pris à son compte le haras et la jumenterie ainsi
que la majeure partie du domaine, en reconnaissant à la
Société un droit absolu de propriété, conformément au droit
commun, sur 1.335 hectares sur lesquels se trouvent les
bâtiments de l’administration, les divers services, les écuries,
étables et bergeries, le cellier, le magasin à fourrages,
etc. Les terres reprises par le gouvernement et qui
S’étendent, après un achat de 500 hectares, sur 3.500 hectares
doivent être alloties graduellement en vue de la
création d’une trentaine de fermes françaises. Le haras
et la jumenterie sont placés sous la direction d’un spécialiste
qui lui-même dépend du directeur de l’élevage,
M. Ducloux. Celui-ci, vétérinaire de l’armée, a rendu déjà
de grands services en Tunisie dans le domaine de l’élevage.
C’est à lui qu’est due la création des petites stations
de remonte dans lesquelles des étalons sont mis à la disposition
des juments indigènes.
La Société a conservé surtout les terres en plaine, irrigables
et submersibles par les eaux de la Medjerdah et
les coteaux qui se prêtent le mieux à la culture de la
vigne. D’après une note que le directeur de l’exploitation,
M. Duprez, a bien voulu me remettre tout récemment, les
terres à céréales occupent environ 500 hectares ; les vignes
irrigables et submersibles, 90 hectares; les vignes de
coteaux, 175 hectares ; les prairies et luzernières, 150 hectares
; les terres de parcours pour les bestiaux, 300 hectares.
Les eaux d’irrigation sont puisées dans la Medjerdah
au moyen d’une machine qui donne 400 à 500 litres
à la seconde. Une voie Decauville de 0m,60 dessert la
majeure partie de l’exploitation. On a construit 15 kilomètres
de chemins d’exploitation bordés d’arbres et 8 kilomètres
de canaux en ciment armé pour la distribution de
l’eau d’irrigation. Une école et un bureau de postes et télégraphes
fonctionnent depuis plusieurs années.
« Toutes les variétés de céréales, dit M. Loth (p. 183),
sont produites à Sidi-Tabet, mais on sème de préférence
l’avoine, plus rémunératrice et craignant moins que le blé
les effets de la rouille et de la coulure provoquées par le
voisinage de la Medjerdah. En raison de la compacité des
terres, les rendements en orge sont très irréguliers. Cependant
la Société a introduit sur le domaine une variété
d’orge noire, précédemment inconnue en Tunisie, qui a
donné 32 quintaux à l’hectare... Dans le verger avoisinant
le bordj, les orangers, amandiers, cognassiers, néfliers
forment un cadre charmant. » Dans les surfaces irrigables
on a créé des. prairies artificielles constituées par un
mélange d’avoine, de fenugrec, de sarrazin et de vesces
et des luzernières où l’on fait jusqu’à sept coupes par an.
Le maïs, le sorgho, la betterave alternent avec les luzernières.
La vigne produit environ 57 hectolitres à l’hectare.
La direction attache une grande importance au développement
des troupeaux de boeufs et de moutons. Ces
derniers sont au nombre de plus d’un millier; ils sont
obtenus par le croisement de brebis algériennes à courte
queue, sélectionnées, avec des métis mérinos de la Crau.
A Sidi-Tabet, comme à l’Erifida, la Société franco-africaine
s’est attachée à fixer des indigènes sur son domaine,
avec la préoccupation principale de s’assurer de la main-
d’oeuvre. Plus de douze cents individus, hommes, femmes
et enfants sont aujourd’hui fixés au sol et entretiennent
plus d’un millier de boeufs et vaches, 300 chevaux ou
mulets, 100 ânes et 2.000 moutons. Sur les terres qu’ils
ont prises en location, ils récoltent plus de 25.000 quintaux
de céréales.
D’après M. Loth (p. 191) : « Plus de 400.000 francs ont
été consacrés aux constructions et abris, aux aménagements
de fosses d’écoulement, de routes en pistes, aux plantations
d’arbres de grande venue (eucalyptus, frênes, peu