rémunératrice dans F exploitation en métayage, parce que
le métayer, père de deux enfants en âge de travailler, peut
exécuter tous les travaux sans dépenser un sou et qu’il
retire du sol les principaux éléments de son alimentation, »
M. Saurin expose lè système qu’il a lui-même appliqué
avec avantage. « J ’ai créé, dit-il, deux groupes de fermes
avec le concours de divers capitalistes qui m’ont honoré
de leur confiance, et j ’ai pu établir ainsi dix-huit chefs de
famille. À chacun je donne en métayage une ferme
de 40 à 50 hectares pourvue de ses constructions et de son
cheptel. Les 10 à 20 hectares consacré^ aux vignobles
sont défoncés à la vapeur, plantés et entretenus à mes
frais par le métayer jusqu’au moment de la production. Lé
cultivateur dispose d’un capital variant de 500 à 2 000 francs;
on lui avance le capital complémentaire s’il esfi sérieux.
Il fournit le matériel de culture et le travail. Les produits
sont partagés par moitié. Toutefois, le métayer a pour lui
seul les produits de la basse-cour et du jardin. »
A la suite de visites répétées de diverses régions de la
France pour le recrutement de métayers et d’études faites
en Algérie, M. Saurin éprivait : « A la suite de ma longue
expérience, je puis formuler avec certitude les trois lois
suivantes : 1° tout paysan français qui vient en Afrique y
reste; 2° tout paysan français qui vient en Afrique y devient
propriétaire du sol; 3° tout paysan français venu en Afrique
y attire un ou deux compatriotes ». Et il concluait très
logiquement que le devoir de l’administration française
est d’attirer en Tunisie le plus grand nombre possible de
;paysans français:
§ V . — L a m u t u a l i t é a g r ic o l e e n T u n i s i e
Les colons de la Tunisie ont beaucoup aidé au progrès
de leur oeuvre par l’institution de la Mutualité agricole,
dont l’initiative fut prise par la Chambre d’Agriculture.
La première manifestation de la Mutualité agricole consista
dans la création de la Gaisse régionale de Crédit
agricole.
Les bases de ce groupement furent jetées après la promulgation
du décret du 25 mai 1905. Le 10 novembre de
cette mêmè année, à la suite d’une réunion que présidaient
M. de Garnières, président de la Chambre d’agriculture,
MM. de Bouvier et de Warren, on fonda la Caisse régionale
de Crédit mutuel agricole du Nord avec 105 sociétaires
représentant 314 parts. Le capital de fondation de cette
Société fut fixé à-40.000 francs.
Quatorze Caisses locales se fondèrent aussitôt, groupant
leurs opérations autour de la Caisse régionale et lui permettant
d’utiliser les avances gratuites de l’Etat.
Ce groupement ne prit véritablement tout son essor que
quelques années après sa création, les agriculteurs ne
s’étant pas rendu compte tout de suite des services que
pouvait lui rendre le Crédit agricole.
Dé 14, le nombre des Caisses locales fut porté à 18 et
en 1913, 25 locales étaient définitivement organisées, .prêtant
annuellement aux colons plus de 1.200.000 francs.
Ces Caisses établies les unes sur le principe de la solidarité
limitée, les autres sur celui de la responsabilité illimitée
comportent pour la plupart, en dehors des colons français,
des cultivateurs indigènes; d’où leur nom de Caisses
mixtes. Leur taux d’escompte varie entre ja 1/2 et 6 1/2.
La guerre n’a pas empêché le développement de cette
institution. Grâce au concours bienveillant du résident
général et du commandant du corps d’occupation, grâce
aussi, d’après ce qué l’on m’écrit de Tunisie, à l’admirable
dévouement des femmes des colons que la guerre enleva
à leurs travaux, la Colonisation française et la Mutualité
agricole continuent de prospérer. Le président de la Caisse,
M. de Warren, ancien officier, est aujourd’hui capitaine
d’état-major, mais la Caisse n’en fonctionne pas moins
très activement, grâce au dévouement de M. de Garnières.
Des prêts de subsistances ont même pu être faits aux
colons que la guerre avait trop cruellement frappés dans
leurs intérêts et les semailles de 1914 ont pu, grâce à l’intervention
de la Caisse, être plus abondantes que celles
de l’année précédente.