ayant une surface de 3.500 hectares et s’étendant sur une
longueur de 8 kilomètres, entre Bou-Ficha et Zaghouan, en
travers de la voie ferrée qui doit relier ces deux localités. Il y
fut constitué quinze lots de culture que l’on vendit à raison
de 40 à 180 francs l’hectare suivant la valeur des terres.
Tous les lots sont aujourd’hui cultivés en céréales. D’autres
terrains ont été achetés, dans le môme but, par l’administration
du protectorat à la Société de l’Enfida et l’on a
projeté la formation d’un nouveau centre de colonisation
européenne à Zeriba où près de 11.000 hectares vont être
mis en vente en une quarantaine de lots.
L’immense domaine se morcelle ainsi petit à petit pour
le plus grand avantage de la colonisation. Il importe de
noter que la plupart des lots vendus et mis en culture
sont entre les mains de colons français.
J’ai parlé en premier lieu du domaine de l’Enfîda parce
qu’il est de beaucoup le plus considérable de tous ceux qui
existent en Tunisie; mais, s’il n’a pas de rivaux pour
l’étendue, il en a pour la richesse et les soins apportés dans
la culture.
Deux immenses propriétés françaises, de plusieurs milliers
d’hectares chacune, furent constituées, dès les débuts
de l’occupation, sur le cours de la Medjerdah. La vallée
qui s’étend de chaque côté de la portion inférieure de la
Medjerdah est l’une des plus belles et des plus riches de la
Tunisie; c’est aussi l’une des mieux cultivées par les
Arabes. Dans les parties basses qui environnent Utique,
elle donne des fourrages excellents ; partout ailleurs, elle
produit des céréales. La propriété de Sidi-Tabet, située
dans le fond de la vallée, à une douzaine de kilomètres de
l’embouchure de la rivière, à six kilomètres d’Utique,
mérite une mention particulière en raison des conditions
dans lesquelles on l’a .créée.
§ II. — D o m a in e d e S id i - T a b e t
Le domaine de Sidi-Tabet, situé à 21 kilomètres de
Tunis, sur la route de Tunis à Bizerte, s’étend sur une surface
de 5.300 hectaTes. Il fut concédé en 1877, par décret
beylical, à un Français, M. de Sancy, puis transféré en 1880
à la Société franco-africaine, à la condition qu’on y établirait
un haras pour la production de chevaux à l’aide du
croisement des races arabes avec les races anglaise et
autres, et une étable mpdèle pour le croisement de la race
bovine arabe avec les races européennes.
Cette obligation constituait une charge énorme. Pendant
longtemps, le haras ne donna que des résultats déplorables.
On y achetait de vieux étalons de course dont les produits
n’avaient aucune des qualités à exiger des chevaux dans
un pays où il faut se préoccuper beaucoup plus de créer
des animaux de fatigue que des bêtes de luxe et de course.
« Aujourd’hui, écrivais-je en 1887, les choses vontmieux,
mais les conditions imposées par le gouvernement beylical
n’en sont pas moins contraires aux véritables intérêts de
l’établissement », et je demandais que-1 on consacrât « le
haras et l’étable de Sidi-Tabet au perfectionnement des
races indigènes ». « Celles-ci, disais-je, sont depuis des
siècles en voie de dégénérescenca par suite du peu de soins
dont elles sont entourées, mais elles ont acquis, de par les
mêmes influences, deS qualités spéciales qui les rendent
aussi propres que possible au pays. Bêtes à cornes et chevaux
sont d’une solidité et d’une rusticité remarquables.
Les boeufs se contentent de paille et de maigres herbes
qu’ils ramassent à grand’peine dans les champs ; les chevaux
vivent de quelques poignées d’orge distribuées deux
fois par jour, d’un peu de paille, et ne boivent qu’une seule
fois par vingt-quatre heures. Malgré une si chétive alimentation,
les boeufs sont assez beaux ; ils me maigrissent d’une
manière sensible que pendant les mois d’août et de septembre,
les pâturages étant alors entièrement desséches et
épuisés. Quant aux chevaux, iis peuvent faire tous les
jours, si on l’exige, des étapes de huit et dix lieues sans
repos. Ce qui manque le plus à ces animaux, c’est la taille.
Il serait aisé de la relever par la sélection, aidée d’une
nourriture suffisamment substantielle. Ce procédé vaudrait
mieux que des croisements qui ne peuvent manquer de