potable et les eaux des puits sont mauvaises, sulfatées ou
saumâtres. La dysenterie décimait autrefois les troupes
que nous entretenons auprès de cette riante oasis. Grâce
à des travaux d’assainissement, cette région est, aujourd’hui,
beaucoup, moins malsaine qu’au début de notre
occupation. Mais les eaux sont toujours mauvaises
comme dans tout le sud de la Tunisie, notamment à
Sfax où l’Etat a dépensé une dizaine de millions pour faire
venir l’eau potable de Sbeilla.
On compte à Gabès de cent à cent vingt mille dattiers,
en y comprenant les deux ou trois oasis plus petites et
moins belles qui entourent celle dont nous venons de parler.
Malheureusement, les dattes qu’elles produisent ne
mûrissent qu’imparfaitement et sont de trop mauvaise
qualité pour être recherchées par l’exportation; elles ne
servent guère qu’à la nourriture des indigènes de la localité
et à celle de leurs chameaux. Il manque aux dattiers
de Gabès l’une des conditions indispensables à la maturité
de leurs fruits : une température suffisamment élevée.
Suivant un proverbe arabe bien connu, il faut que ces
arbres aient « les pieds dans l’eau et la tête dans le feu ».
A Gabès ils ont les pieds dans l’eau, mais la tête manque
du feu qui lui est indispensable. Il en est de même de tous
les dattiers qui croissent au bord de la mer; la fraîcheur
des vents met obstacle il la maturation de leurs fruits.
C’est pour cela que les dattes de Zarzis, de l’île de Djerba,
de Tripoli, sont si peu estimées. C’est seulement dans
l’intérieur des terres, à l’abri des brises rafraîchissantes de
la mer, que le dattier trouve les conditions nécessaires
à la production de fruits succulents et sucrés, pourvu
toutefois que l’eau abonde à ses pieds.
Ce qui fait la valeur de l’oasis de Gabès, ce sont surtout
les arbres fruitiers (grenadiers, amandiers, pêchers, etc.),
et les plantes alimentaires que les indigènes cultivent
sous les dattiers. Ceux-ci ont l’avantage de protéger les
autres cultures de leur ombre, tandis que l’Oued-
Gabès leur fournit en abondance l’eau dont elles ont
besoin.
C’est à une dizaine de kilomètres des oasis de Gabès, à
l’entrée de la ligne des chotts du Sud, que le commandant
Landas a creusé son premier puits artésien. L’immense
quantité d’eau qui en jaillit (huit mille litres à la minute)
témoigne de la richesse de la nappe aquifère qui s’étend
au-dessous du sol.
Il; existe dans cette région une autre oasis assez importante,
celle d’El-Hamma, qui compte, au moins, soixante-
dix mille dattiers. Elle est située à une trentaine de kilomètres
à l’est de Gabès, au pied de l’extrémité orientale
de la chaîne du Tebbaga et autour d’une source thermale
qui a une température de 45° centigrades. A sa sortie du
sol, l’eau tombe dans des piscines romaines, d’où elle est
distribuée dans l’oasis. Cette dernière est aujourd’hui en
mauvais état, mais elle a dû être autrefois très prospère,
si l’on en juge d’après les ruines romaines qui sont abondantes.
La présence del’Oued-Hamma, qui vient des Mat-
matas et qui contient toujours de l’eau, permettrait de
donner-un grand développement à cette oasis dont les
dattes sont assez bonnes.
Ce que nous avons dit des dattiers de Gabès s’applique
entièrement à ceux de Zarzis, et de l’île de Djerba. A
Zarzis, les indigènes abandonnent chaque jour davantage
la culture du dattier pour se livrer à celle de l’olivier qui
promet d’être beaucoup plus avantageuse. L’oasis de Zarzis
est, pour ce motif, beaucoup moins riante que celle de
Gabès. L’eau, du reste, y est moins abondante et surtout
plus difficile à obtenir. Tandis que Gabès est arrosé par
un fleuve dont il suffit de détourner les eaux pour les distribuer
dan§ les jardins, Zarzis n’est desservie que par
des puits. Il est vrai que ceux-ci sont très nombreux et
que l’eau se trouve à 5 ou 6 mètres seulement de profondeur,
mais il n’en est pas moins nécessaire de dépenser,
pour l’amener à la surface, une main-d’oeuvre assez coûteuse.
Indépendamment du creusement et de l’entretien
des puits, il faut que, pendant la journée, un animal (chameau,
boeuf ou cheval) soit employé à faire monter l’eau.
A cet animal, il faut un gardien. Ce sont bouches à nourrir