me confirma dans l’opinion que l’étude de la Tunisie
m’avait inspirée ; elle me fit acquérir la conviction,
très renforcée ultérieurement par ma propre expérience,
que le protectorat est de toutes les formes
d’administration des colonies la plus favorable au
pays colonisé et à la nation colonisatrice, parce qu’il
est le plus économique et le plus humain.
Les faits qui se sont produits en Tunisie depuis
1887 et dont l’exposition est l’objet principal de cette
deuxième édition, projettent sur cette vérité une
lumière éclatante. De tous nos établissements coloniaux,
la Tunisie est, sans nul doute, celui qui s’est
développé avec le plus de rapidité, qui a exigé le moins
de sacrifices de la p art de la métropole et où l ’accord a
été le plus complet entre les indigènes et les Français,
C’est aussi celui qui a le plus fait d’oeuvres utiles avec
le moins de personnel.
Il en a été ainsi parce que(le gouvernement métropolitain
lui a concédé une indépendance, une self-
direction, dont aucune autre de nos colonies n ’a joui.
Si les résidents généraux qui s’y sont succédé depuis
M. Paul Combon, c’est-à-dire MM. Massicaut, Millet,
Stephen Pichon et Alapetite qui gouverne la colonie
depuis dix ans, ont tous suivi la politique arrêtée par
le premier d’entre eux, c’est que tous ont eu, Comme
lui, la pleine conscience des responsabilités qui pesaient
sur leur tête en raison de l’autorité dont ils jouissaient.
Tous ont fait de la bonne besogne parce que
cette besogne était la leur. Tous ont maintenu le protectorat,
parce que tous ont compris qu’étant le plus
économique des régimes, celui qui exige le moins de
personnel européen, et celui qui est le plus facilemen
accepté par les indigènes, il permet, beaucoup m.eux
que, le régime de l'administration directe, de prelever
sur les recettes budgétaires les sommes nécessaires a
l'exécution des travaux publics. Et tous étaient désireux
de construire des routes, des chemins de fer, des
ports, etc., qui, en créant la richesse, leur vaudraient
la reconnaissance des colons et des indigènes Aucun
n 'aurait admis, comme règle de conduite cette formule
trop facilement adoptée dans la métropole : « es e
blissements d'outre-mer sont faits pour assurer des
places bien rétribuées à ceux qui n ’ern trouvent pas en
France ». .
La Tunisie a échappé à l’application de ce faux principe
parce qu’elle est placée sous la haute direction d un
ministère métropolitain dépourvu decaractère administratif
et n ’employant qu’un personnel très spécialise,
ce qui le soustrait aux sollicitations des. gens en quete
dé places pour leur clientèle électorale.
C’est probablement aussi à cette condition particulière
que là Tunisie doit d’avoir vu ses résidents gene-
r a h x y fa irl tous de longs séjours. De 1881 à 1916. elle
en a eu séulement cinq, tandis que de 1884 a 1916
l ’Indo-Chine en a vu passer treize ou quatorze dont
plusieurs n ’ y restèrent qu'un petit nombre de mo.s.
De tous ces faits le lecteur conclura sans nul doute
avec moi que le gouvernement de la République ren drait
à nos établissements coloniaux un bien grand service
en les dotant d’assez d’indépendance pour que