montagnes sont plus distincts : ils sont séparés par deux
grandes vallées qui s’étendent de l’ouest à l’est jusqu’aux
environs de Tunis et dans lesquelles coulent deux
rivières ayant de l’eau en tout temps : la Medjerdah et la
Milianah.
Dans le sud-ouest, les montagnes sont moins hautes que
dans le nord, et encore moins régulièrement disposées ;
elles envoient vers le sud des prolongements qui contournent,
à Test, le grand chott El Djerid et vont se terminer
dans les montagnes des Matmatas, entre Gabès et
Zarzis.
La partie la plus élevée de la région montagneuse de la
Tunisie est celle qui confine, dans le nord-ouest, à la province
de Gonstantine et qui a reçu le nom de Kroumirie.
C'est là aussi que se trouvent les plus belles forêts de
chênes-zen et de chênes-liège. Le massif de la Kroumirie
fait suite à celui-de Beni-Salah de la province de Gonstantine.
Il est formé de deux ehaînes principales entre lesquelles
coule la Mèdjerdah, qui prend sà source sur le
territoire algérien, aux environs de Souk-Abras. Il se
complète par un grand nombre de chaînes, secondaires plus
ou moins parallèles entre elles. Les grès qui forment ce
massif surgissent, en cent endroits, des flancs des montagnes,
en pitons dressés à pic sur les bords de ravins
profonds ou de vallées étroites, que sillonnent pendant
l’hiver d’impétueux torrents.
Les forêts s’étendent sur tous les sommets montagneux de
la région des Kroumirs, des Nefzas et des Mogods, jusqu’au
bord de la Méditerranée. La base des montagnes qui les
portent est couverte d’arbustes qui se trouvent aussi dans
les vallées intermédiaires. Ces dernières sont d’une grande
fertilité, mais elles sont encore peu cultivées. Du reste,
dans toute la région montagneuse de la Tunisie, les habitants
sont rares et présentent un degré de civilisation
inférieur à celui des indigènes des grandes et fertiles
plaines de la Medjerdah, de Toued Miliane, des environs
de Tunis, de la presqu’île du cap Bon et de l’Est.
A mesure qu’on avance de l’ouest à Test ou qu’on descend
LE SOL, LE CLIMAT ET LA POPULATION 3
vers le sud-ouest, la hauteur des montagnes diminue
et les forêts disparaissent. On ne retrouve ces dernières
que dans quelques points peu nombreux : au sud de
Gbardimaou, entre Sidi-Yousef et le Kef, se trouvent
des forêts de chênes verts et de pins d’Alep ; il en existe
d’autres des mêmes essences dans les montagnes de
Zaghbuan, d’où elles se prolongent vers le sud-ouest,
aux environs de Hessera, de Djidjil, d’El Mekhita, entre
le Djebel-Chamhir et Haïdra, et dans1 le voisinage de Kas-
serine.
En dehors de ces points, les montagnes du centre et
du sud ne portent que des arbustes plus ou moins rabougris
et des herbes.
Entre les chaînes montagneuses principales et leurs
ramifications s’étendent des plaines plus ou moins vastes
et d’une valeur très inégale au point de vue de la colonisation.
Entre les rameaux de la grande chaîne septentrionale
qui descendent vers la Méditerranée se trouvent des petits
bassins côtiers dont les plus importants sont : eelui de
Toued El-Kebir qui descend à Tabarka, et ceux des petits
cours d’eau dont les vallées aboutissent à la plaine basse
de Mateur pour alimenter le lac d’eau douce Garaâ-El-
Iskeul qui, lui-même, se déverse, par Toued Tindja, dans la
mer. Ce bassin est le plus fertile de la Tunisie parce qu’il
est le mieux arrosé.
Le bassin de la Medjerdah est le plus important, comme
étendue, de la Tunisie. Née aux environs de Souk-Ahras
en Algérie, la Medjerdah pénètre en Tunisie à Ghardi-
maou, et, après un parcours de 265 kilomètres, va se
jeter dans la Méditerranée sur la côte orientale de' la
Régence, près de Porto-Farina. Ses principaux affluents
forment les bassins secondaires de Toued Mélègue, de
l’oued Tessa et de l’oued Siliana qui descendent de la
branche septentrionale de la chaîne.
Parallèlement presque au bassin de la Medjerdah s’étend
celui de Toued Miliane. Née dans la branche méridionale de
la grande chaîne montagneuse tunisienne, Toued Miliane va
déboucher dans le golfe de Tunis près de Radès. Son bas