l'olivier est cultivé en moindre quantité dans un grand
nombre d’autres localités, ou pour mieux dire, au voisinage
de la plupart des centres de population.
Partout où les oliviers forment des bouquets ou des bois
plus ou moins étendus, ils sont plantés de douze à vingt-
quatre mètres les uns des autres, souvent en rangées quin-
conciales ; ils ne sont pas entremêlés d’autres arbres, et,
lorsqu’ils sont en plein développement, on ne fait sous
eux aucune culture.
D’après les statistiques officielles, il existerait en Tunisie,
actuellement, 11.756.000 oliviers dont 3.278.000, ayant,
moins de vingt ans et par conséquent, plantés depuis l’occupation
française. Au moment où notre protectorat fut
établi dans la Régence, on admettait l’existence d’une
dizaine de millions de ces arbres, mais cette estimation
paraissait fort contestable parce que les percepteurs- de
l’impôt comptaient souvent deux arbres pour un lorsqu’ils
étaient en mauvais état.
Quant à la valeur des arbres, elle est très différente dans
les diverses localités. Les oliviers des environs de Tunis
sont pour la plupart très vieux, en mauvais état et mal cultivés.
Cela est vrai surtout pour ceux qui couvrent les collines
entourant immédiatement la ville de Tunis. On fait
remonter la plantation de la majeure partie de ces arbres à
l’époque romaine, c’est-à-dire à plus de deux mille ans. Un
grand nombre sont creux, réduits à la portion corticale du
tronc et couronnés par un maigre bouquet de branches ;
d’autres sont des repousses déjà centenaires de souches
énormes. Tous ces vieux débris sont presque entièrement
abandonnés à eux-mêmes ; on ne les taille presque jamais;
on ne les fume pas ; la récolte se fait sans aucun soin, souvent
en brisant les branches les plus jeunes et les plus productives
; le sol n’est labouré que superficiellement et deux
fois seulement chaque année; il se montre presque partout
couvert d’herbes qui vivent aux dépens des oliviers.
Tous ces arbres ont été plantés à une distance trop
faible les uns des autres (7 ou 8 mètres). La culture en
est rendue difficile et les arbres se gênent réciproquement,
car leurs racines s’allongent souvent tout autour de
l’arbre jusqu’à 6 et 7 mètres.
Ces oliviers d’un âge trop avancé .donnent à peine une
bonne récolte tous les huit ou dix ans. Ils occupent inutilement
un sol fertile ; mais la négligence des propriétaires
est telle qu’on les laisse mourir sur place plutôt que de
faire les dépenses nécessaires à leur remplacement par
des cultures rapportant davantage.
Près de Bizerte, on trouve encore un assez grand
nombre de ces vieux troncs ; cependant, la plupart des
oliviers de cette région sont en meilleur état que ceux dont
nous avons parlé plus haut.
Ils sont plus beaux dans les forêts assez étendues qui
entourent les petites villes de Soliman, deMenzel-Bou-Zalfa,
de Nebeul,. de Memel-Ternime^ et de Kelibia, dans la presqu’île
du cap Bon.
On estime, aujourd’hui, en Tunisie que les oliviers
seraient remplacés, dans.le Nord, avec avantagé, par les
céréales. M. Minangoin, inspecteur de l’agriculture, dit au
sujet des olivettes de toutes les régions septentrionales :
« Les terrains sont en général moins favorables à cet
arbre et la quantité d’eau qu’ils reçoivent annuellement
étant plus grande, on a tout avantage à les consacrer à la
culture des céréales ou à la production des fourrages.
Néanmoins, on trouve dans le nord' des régions où l’olivier
doit être maintenu, ce sont celles où la nature sablonneuse
du terrain se prête à cette culture et celles où les
olivettes, bien qu’anciennes, donnent encore un produit
suffisant pour payer les frais culturaux. 1 »
Les oliviers les plus jeunes, les plus beaux et les mieux
cultivés de la Tunisie sont ceux du Sahel, c’est-à-dire de
la région comprise autour des villes de Sousse, Monastir,
Mahdia et Sfax. Les statistiques officielles dressées après
notre arrivée en Tunisie indiquaient dans le Sahel plus de
trois millions deux cent mille pieds d’oliviers (exactement
trois millions deux cent mille quatre-vingt-trois), mais ce
1. Bulletin de la Direction de Vagriculture, du commerce et de la colonisation,
2» série, 1909.
J.-L. De L a n e s îa n . — La Tunisie. 4