reliable aux parties les plus fécondes de la Tunisie. Les
navires seraient donc assurés d’y trouver non seulement
les marchandises de transit, mais encore les produits de la
Tunisie et des portions voisines de l’Algérie.
« Pour ces motifs, je considère la création d’un port
mixte, à la fois militaire et commercial, à Bizerte, comme
l’une des oeuvres dont le gouvernement beylical et surtout
les autorités françaises de Tunis doivent le plus se préoccuper.
Mais j ’insiste sur le caractère de franchise qu’il
faudrait donner au port de Bizerte. C’est seulement en y
accordant aux marchandises de transit, et particulièrement
au charbon, la plus entière liberté d'entrée et de
sortie que l’on donnerait à ce port toute sa valeur. »
La côte septentrionale de la Tunisie présente un deuxième
port dont j ’estimais, en 1887, que le Protectorat devrait
s’occuper. Je disais à son sujet : « Protégé par l’île de ce
nom, le petit port de Tabarka est le lieu naturel d’embarquement
des produits d’exportation de la Kroumirie, c’est-
à-dire des bois et des minerais qui font la richesse de cette
portion de la Tunisie. Actuellement, cette petite ville où
vivent 250 Européens seulement, en majeure partie français,
est entièrement isolée de tout le reste de la Régence.
Aucune route ne la relie à aucun centre de population;
pendant l’été, on suit des sentiers peu praticables ; pendant
l’hiver, les torrents qui coupent ces sentiers en
cent endroits rendent toute communication impossible.
Les habitants demandent, avec raison, que les autorités
beylicales et françaises mettent fin à cet état de choses ;
je ne puis que m’associer au voeu très légitime qu’ils m’ont
transmis à ce sujet ». J’ajoutais qu’il était nécessaire
d’améliorer le port en raison des services qu’il serait
appelé à rendre le jour où l’exploitation des mines et des
forêts de la Kroumirie prendrait de l’importance.
En 1907, M. Gaston Loth parlant de Tabarka disait1:
« Depuis deux ans, les conditions de viabilité de la région
kroumirienne se sont sensiblement améliorées et l’on peut
aujourd’hui, dé Tunis, gagner en chemin de fer Béja, se
rendre de cette ville à Tabarka par une bonne route, puis,
de là, empruntant l’ancienne voie militaire, aboutir à Souk-
el-Arba, où l’on retrouve la voie ferrée ». Après avoir
décrit la pittoresque région où s’élèvent les forêts d,e chênes-
lièges et de chênes-zen de la Kroumirie et où se dressent
les bâtiments de l’exploitation minière de Khanguet-Kef-
Tout, il ajoutait : « Le point du littoral où sont embarqués
les lièges et les bois provenant des forêts kroumiriennes
est la petite ville de Tabarka, la « Thabraca » romaine, où
l’on découvrit il y a quelques années les curieuses mosaïques
qui figurent dans les collections du Bardo. Simple
village de pêcheurs, situé à l’abri de la montagne, sur une
étroite lisière bordant la mer, Tabarka compte un millier
d’habitants, à peu près tous Européens. Le quart seulement
de cette population est français, le reste se composant
presque exclusivement de pêcheurs italiens dont le nombre
^ ’accroît pendant l’été, car plusieurs centaines de bateaux
siciliens viennent pêcher la sardine et l’anchois dans le
voisinage des côtes. A cette industrie de la pêche, Tabarka
n’ajoute, pour l’instant, aucune autre ressource. C’est à
peine si l’on commence à coloniser la vaste plaine qui
l’avoisine et, malgré les désirs de ses habitants, il est peu
probable que le produit des mines vienne jamais s’embarquer
à Tabarka ».
Les prévisions de M. Loth ont été réalisées. Les mines-,
sauf celles de Khanguet, n ’ont pu user du port de
Tabarka et rien n’a été fait pour permettre à ce port de se
développer. Il n’est point douteux, cependant, qu’il est le
mieux situé de toute la côte pour desservir toute la région
de la Kroumirie. Il subit les conséquences de la manière
dont les travaux des ports ont été exécutés dans la Régence.
Les sociétés qui ont obtenu le monopole de ces travaux
dans les ports de Bizerte et de Tunis, pour ne parler que
des plus voisins de la Kroumirie ont intérêt à ce que le
plus grand nombre des navires fréquentant la Régence
soient obligés de se rendre à Tunis ou à Bizerte. Le Protectorat,
d’autre part, ayant avantage à ce que les ports