1 a’Voir achetée, ainsi que cela se faisait en- TUUisie. « Je
crois même, ajoutais-je, que, daus d?e telle:s conditions, la
Spéculation est chose utile. Si célüi qui s’y livre réussit,
tout va poür le miéux ; il fait sa fortune particulière, il
enrichit le pays en cultivant le sol, et, 's'il vénd ses terres,
il crée, autour de son propre établissement, un centre de
' colonisation qui seul peut rendre possibÎé la constitütroh
de la petite propriété. Celle-ci, en effet, ne saurait exister
dans un pays encore inculte, inhabité et dépourvu de Vôié's
de communication.
« Cé qui caractérise1'essentiellement fe petit propriétaire,
c’est qu'ayant engagé dans l'agriculture la totalité ou, du
moins, la plus grande partie de sa fortune, il faut que, dès
le premier jour, la terre produise suffisamment pour fe
faire vivre lui et sa famille. Or, poür réaliser cette- condition,
il faut, en premier lieu, pouvoir faire des cultures
très diverses et particulièrement des plantes vivrières, il
faut, en second lieu, que tous les produits du sol puissent
être aisément vendus .et même vendus à un prix élèV'é.
« Ces conditions sont-elles actuellement réalisables éü
Tunisie? Je ne le crois pas. D’üfto part, la rareté de l’eau
rend très difficile et très onéreuse la culture des plantes
vivrières ; en second lieu, l’absence presque absolue de
voies de communication et la rareté des grandes agglomérations
rendent difficile la vente des produits du sol. Il
faut donc que le propriétaire soit en mesure, à la fois, de
faire des avances de fonds pour la mise en oeuvre de son
domaine, et d’acheter les objets nécessaires h son alimentation,
objets qü’il est incapable de produire îüi-même.
Dans dé telles conditions, céüx-là sëüls qui disposent de
grosses sommes d’argent peuvent entrer én scëüe. À CeuX-
là revient le soin de Créer lès centres dé colonisation, les
agglomérations humaines qui manquent, de défricher le
sôl, de lé féconder par leurs capitaux jusqu’au jour oif,
l’ayant mis en pleine production, ils peuvent le tendre à
des propriétaires moins riches qui n’auraient pu faire les
travaux préparatoires et longtemps improductifs de la colonisation.
Il est Vrai que ceux-ci achèteront la terré aux
premiers possesseurs à un prix relativement élevé, mais
ils rachèteront eh pleine production,* et aU moment où le
placement rapide des produits aura été assuré par le peuplement
des domaines.
« Notre protectorat n’en e’St encore ofu’à la première' phase'
dé la colonisation, à celle où la terre, ett partie inculte' et
non peuplée', exige d’énormes capitaux, se prêté admirablement
à la grandé propriété et provoque les Convoitises
dé* la spéculation1. Pendant cette période, il n’y a pas lieu
de discuter si la petite propriété serait plüs ou moins avantageuse
à la colonie que la grande, il faut se borner à
constater l’impossibilité dé se constituer dans laquelle elle
se trouvé' et à souhaiter que lés propriétaires» actuels et les
spéculateurs agissént avec assez d’intelligence pour ne pas
compromettre à la fois leurs capitaux et l’avenir du
pays. »
J’ajoutais, comme conclusion : « En résumé, quels que
soient lés motifs qui ont poussé les Français a acheter des
terres én Tunisie, je crois pouvoir affirmer, sans Crainte
de me tromper, que jamais, dans aucune colonie, lé mouvement
de la colonisation n’a été aussi rapide et'aussi
intense qu’il l’est dans ce pays depuis notre établissement.
Nous devons nous borner à souhaiter que les pouvoirs
publies prennent lés mesurés indispensables pour qu’il ne
sé produise aUeüU arrêt dans la marche de ce progrès« civilisateur
».
L’évolution que je prévoyais ert 48'87 s’est produite :
au fur et à mesure que lés grandes propriétés ont été mises
en valeur et que' les voies dé communication sé sont mul-
tipliééS, la moyenné ét la petite colonisation/ deVénüés
possiblés, sé sont constituées. Les illusions que lés directeurs
des grands domaines avaient conçues sé sont, d’ailleurs,
dissipées et ont facilité là transformation du système
colonial. Au début de l’occupation, on croyait que la
Tunisie était la terre d’élection de la vigne et tous les
propriétaires se livrèrent à rétablissement de vignobles
dont ils espéraient retirer des profits suffisante pour n’avoir'
pas à se livrer k d’autres cultures. Mais bientôt on s’aperçut