1 industrie de la teinture une vigoureuse impulsion avec
la certitude de réaliser de jolis bénéfices. Mais il faudrait
s appliquer à imiter très exactement les procédés indigènes,
afin de ne pas perdre la clientèle très méfiante des teintureries
actuelles.
Le tissage du coton, de la laine et même delà soie est
très répandu dans les diverses parties de la Régence, mais
on n’y fait que très peu d’étoffes de prix; celles que portent
les indigènes viennent presque toutes d’Europe.
On trouve des tisserands dans toutes les villes, jusque
dans les gourbis des campagnards et sous les tentes des
tribus nomades. Les métiers sont extrêmement rudimentaires,
mais les ouvriers sont assez habiles. Les tapis de
Kairouan et les couvertures deDjerba jouissent avec raison
d’une certaine renommée. Les burnous de laine fabriqués
par les nombreux tisserands de Ksour-Métameur et de
Ksour-Médénine sont grossiers, il est vrai, mais d’une
extrême solidité. Les étoffes légères à bandes de. soie rouge
ou bleue alternant avec des, bandes blanches de coton
grossièrement file, qui sortent des mains des ouvriers de
Tunis et de quelques autres villes, ne manquent pas de
caractère. Les lainages blancs avec lesquels sont faits la
majeure partie des burnous sont solides et souples. En un
mot, si le metier est mauvais, on peut dire sans .exagération
que l’ouvrier est bon.
Mais le travail manque chaque jour davantage au tisserand
indigène. L’extrême simplicité des métiers mis en
oeuvre entraîne une lenteur de fabrication qui élève considérablement
le prix du produit et le met hors d’état de
lutter contre les tissus moins solides, mais beaucoup moins
chers et plus séduisants à l’oeil des industries européennes
qui envahissent le marché tunisien. On importe dans la
Régence non seulement les cotonnades destinées à la confection
des vêtements dçs indigènes, mais même les tapis
et les étoffés plus riches que recherchent les amateurs et
que ceux-ci achètent dans les. magasins de la Tunisie
croyant qu’ils ont été fabriqués dans le pays.
« Il serait cependant possible, à notre avis, disais-je,
dans la première édition, d’utiliser les tisserands tunisiens
pour le plus grand profit de leur pays et des capitaux
français. Il serait facile de les habituer à se servir d'un
métier plus perfectionné, et l’op pourrait alors les appliquer
à la fabrication d’étoffes que la Tunisie achète aujourd’hui
aux Anglais. Avec des avances de fonds permettant
à l’ouvrier d’acheter un outil meilleur, et moyennant la
fourniture de la matière première, un industriel habile
bénéficierait de l’excessif bon marché de la main-d’oeuvre
indigène. Je me borne à soulever ici cette question, laissant
aux intéressés le soin de l’approfondir.1 »
A côté du tissage, nous devons parler de la fabrique
tunisienne des chéchias. La chéchia, que portent tous les
indigènes, sans distinction de catégories sociales, diffère
de celle des autres pays musulmans. Au lieu de la forme
en tronc de cône qu’affecte le bonnet des Turcs, des Egyptiens,
des Algériens, etc., elle est tout à fait cylindrique
et surmontée d’un petit appendice qui sert de support à
un gland toujours très long et très gros, teint en bleu
indigo. Ces chéchias sont fabriquées, ou, du moins, étaient
autrefois exclusivement fabriquées à Tunis et teintes en
rouge par la garance de Zaghouan. C’était pour ces deux
villes uné source importante de richesse. Mais cette
industrie dépérit comme celles dont nous avons déjà parlé
et pour les mêmes motifs. Fabriqpées à l’aide de procédés
très primitifs, les chéchias de Tunis coûtent trop cher
pour faire concurrence à celles qu’on importe du dehors.
Dans cette industrie comme dans la précédente, l’ouvrier
étant d’une réelle habileté, le bas prix relatif de la main-
d’oeuvre permettrait à un industriel français de faire valoir
avec avantage ses capitaux.
Parmi les anciennes industries tunisiennes, il en est une
particulièrement intéressante : c’est celle de la fabrication
des faïences peintes et émaillées qui décorent le so] et les
murs de tous les anciens palais. Les Italiens inondent
depuis longtemps la Tunisie de carreaux à bas prix, devant
lesquels ont définitivement succombé les produits beaucoup
plus beaux, mais aussi beaucoup plus chers de l’in