chiffre était probablement très inférieur à la réalité. L’impôt
étant payé à raison de tant par arbre, les indigènes avaient
tout intérêt à en dissimuler le nombre exact.
Dans tout le Sahel, le sol des bois d’oliviers est labouré
au moins trois ou quatre fois chaque année, la récolte se
fait avec un assez grand soin et les arbres sont taillés
régulièrement. Les meilleures dispositions sont prises
pour qu’ils'bénéficient de la plus grande quantité possible
d’eau des pluies. Des levées en terre limitent des espaces
à peu près quadrangulaires, comprenant quatre à six
arbrçs, espaces dans lesquels toute l’eau tombée s accumule
et reste enfermée jusqu’à ce qu’elle ait été-absorbée
par le sol. Dans tous les points où le bois est voisin d’une
colline inculte, ces levées de terre sont aménagées de façon
à conduire aux pieds des arbres l’eau qui tombe sur la
colline. Aux environs de Sousse, ces levées coupent les
pistes tous les vingt ou trente mètres et les rendent
presque impraticables aux voitures.
Bien qu’ils soient relativement jeunes, la plupart des
anciens oliviers du Sahel paraissent avoir une centaine
d’années, mais ils sont en pleine production, très vigoureux
et de grande taille. Les plus grands des environs de
Nice pourraient à peine lutter avec eux pour les dimensions.
Quant à ceux des environs d’Aix, ils paraîtraient des pygmées
à côté de ces géants aux belles et robustes formes.
Depuis notre occupation de la Tunisie, les olivettes des
environs de Sousse se sont beaucoup accrues, soit au
nord en allant vers l’Enfia, soit au sud, en descendant
vers El-Djem, soit à l’est, dans la direction de Mahdia.
Les environs de Sfax étaient occupés, à l’époque de
notre arrivée, sur une région variable entre 6 à 8 et 10 à
12 kilomètres autour de la ville, par des jardins formés en
majeure partie d’oliviers auxquels sont parfois mélangés
des figuiers, des amandiers, des grenadiers et quelques
autres arbres fruitiers. Il a dû y avoir, autrefois, de nombreuses
plantations dans la vallée qui s’étend entre El-
Djem et Sfax, car on trouve, tout le long de la route qui
relie ces deux villes, de vieux oliviers épars dans la
plaine; ils restent, avec les ruines romaines, abondantes
dans cette région, comme les témoins d’une ancienne
prospérité.
Les plantations d’oliviers faites depuis notre occupation
s’étendent en demi-cercle autour de Sfax jusqu’à une quarantaine
de kilomètres de la villç.
Autour de Zarzis, il existe une ancienne oasis de dattiers
de 2 à 3 kilomètres de diamètre, aujourd’hui très
négligée en ce qui concerne les dattiers, mais où les
indigènes tendent à remplacer les dattiers par des oliviers.
Les plus âgés d’entre ces derniers paraissent n’avoir
pas plus d’une trentaine d’années, sauf un petit nombre
de pieds qui ont survécu à la ruine d’anciennes cultures.
En dehors des bouquets d’arbres en production, se voient
un grand nombre de plantations plus récentes. Legouver^
neur de l’Arad prit sur lui, en 1881, afin d’activer ce
mouvement, d’ordonner la plantation de 60 à 80.000 jeunes
oliviers. Ses ordres furent exécutés et son exemple
imité par les indigènes, mais les plantations d’oliviers
de Zarzis ne peuvent pas être comparées à celles de
Sfax.
Dans l’île de Djerba, ces arbres sont très nombreux; la
plupart sont d’un âge avancé et les plantations nouvelles
sont rares. Tout, dans cette île, dont le climat est relativement
agréable et où l’eau est abondante à une légère profondeur,
tout, dis-je, semble indiquer une prospérité en
décadence. Les dattiers ont dû autrefois couvrir l’île; ils
sont aujourd’hui négligés, non sans raison, il est vrai, car
leurs fruits sont, comme ceux de Zarzis et Gabès, peu
estimables ; mais les oliviers, qui donneraient d’excellents
produits, sont beaucoup moins bien soignés que dans le
Sahel et dans les environs de Sfax. Ils sont mal taillés et
le sol est encombré d’herbes nuisibles. Je ne sais à quoi
tient cette décadence de l’île de Djerba, mais elle me'
frappa beaucoup lors de ma prèmière exploration de la
Tunisie, en 1886 et je crus utile de la signaler afin que
les personnes autorisées s’en préoccupassent. Avec ses
eaux abondantes et superficielles, sa température insu