dolence des indigènes et l’insuffisance de la main-
d’oeuvre opposaient au développement de la colonisation
agricole, sur laquelle toutes les espérances étaient
alors fondées.
En dépit d e là perception très,nette des difficultés
avec lesquelles l’oeuvre de la France et des Français
aurait à lutter, une grande confiance en l’avenir
du pays régnait dans les milieux administratifs et
parmi les colons. Ceux-ci mettaient dans leurs entreprises
une ardeur et une ténacité dignes d’admiration.
Le résident général et ses collaborateurs français
apportaient, de leur côté, dans l’accomplissement de
leur tâche très délicate, un zèle dont les administrations
métropolitaines donnent rarement le spectacle.
Comme le gouvernement de la République accordait
au résident général une confiance absolue et ne cachait
pas son désir de voir notre nouvel établissement colonial
faire lui-même sa destinée, avec ses ressources
propres, chacun, dans l’administration du protectorat
français, avait conscience de ses responsabilités et de
son devoir ; chacun s’efforcait de mener à bien une
entreprise d’où tous tireraient honneur et profit si elle
réussissait.
M. Paul Cambon, qui avait eu la charge et l’honneur
d’établir le programme politique et administratif
du protectorat français, avait fort bien compris la
nécessité de limiter le rôle de la France? surtout dans
les débuts, au contrôle de l’administration indigène
dans les provinces et à la direction du gouvernement
beylical au moyen de conseils assidus sans être importuns.
Aussi l’accord le ^ lu s parfait régnait-il entre le
résident général, le bey et ses ministres d une part,
les fonctionnaires tunisiens et les contrôleurs français
d’autre part. Partout, aù cours de ma visite, je recueillis
des témoignages incontestables de l ’harmonie qui
existait entre les éléments européens et les éléments
indigènes de l’administration. Et partout aussi, jè
constatai que de cette harmonie résultait l’acceptation
bénévole, sinon reconnaissante, du protectorat français,
par les populations indigènes.
Ce service est, sans nul doute, le plus grand que
M. Paul Cambon ait rendu à la Tunisie, car les habitudes
de confiance réciproque établies par lui entre
les indigènes et les Français, ont été conservées par
tous ses successeurs et ont rendu possible le règlement
de questions qui, avec d’autres traditions, auraient pu
être d’une solution fort difficile.
Dans la première édition de cet ouvrage, je dus me
borner à exposer la situation dans laquelle se trouvait
la Tunisie au moment de notre occupation, à indiquer
la voie dans laquelle l’avait orientée son premier résident
général et à tracer le programme des réformes
et des travaux indispensables au développement du
pays.
t J ’achevai ce travail au cours de la mission dont le
gouvernement m’avait chargé en Extrême-Orient et
qui me permit de me rendre compte sur place des
procédés coloniaux appliqués par les Anglais dans
l’Inde, par les Hollandais à Java et par la France en
Indo-Chine. Ce que je vis dans cette dernière colonie