sillonnée de chemins de fer, dont chaque station devient un
centre de rayonnement français. . .
« Les écoles s'élèvent, trop petites, si spacieuses soient-
elles, pour la population scolaire qui les envahit.
« Nous allons aujourd’hui, Monsieur le Ministre, inaugurer
Fhôpital-dispensaire, attestant que partout où se trouvent
réunis des Français, s'imposent cës sentiments de pitié
pour les humbles et les souffrants, et l’union dans la bienfaisance,
qui sont l'apanage de l’âme française. Cette création
est un peu l'oeuvre de tous :• budget municipal, subvention
des llabous, crédits votés par la Conférence, dons
volontaires, tout a été mis à contribution.
«Enfin et surtout, les colons ont travaillé : ils ont défriché,
cultivé, assaini la région : ils ont élevé d’innombrables
fermes, affichant, sous le clair soleil, le toit rouge, que j ’ai
si souvent dépeint comme le signe palpable de la prise de
possession du sol par les ils de France : ils ont créé,, à
côté de leurs entreprises personnelles,, tout un ensemble
d’oeuvres de mutualité ; Caisse locale de Crédit mutuel,
Coopératives d’achat, de vente, d’élevage, Caisse locale
d’Assurancés mutuelles, où s’affirment victorieusement
leurs sentiments de solidarité et de fraternité, et qui
constituent, en quelque sorte, leur armure contre les
coups du sort.
« Quand j ’aurai ajouté qu’ils entretiennent les meilleurs
rapports avee les indigènes, dont ils sont les éducateurs,
les bienfaiteurs, les enrichisseurs, je crois que j’en aurai
assez dit pour vous convaincre que vous avez autour de
vous des hommes en qui le souci de leurs affaires personnelles
n’a pas éteint la préoccupation du bien publie, et
qui s’appliquent, avec sérieux et modestie, à l’exécution de
tous les devoirs. »
Après avoir rappelé que le travail des colons est favorisé
à Mateur par « un régime pluvial à peu près normal et des
terres de premier ordre: » et parlé des « magnifiques
domaines, magistralement gérés, où sont appliqués tous
les préceptes d’une science agricole avisée, ingénieuse,
experte »,!’orateur faisait allusion aux difficultés avec lesquelles
les petits colons sont aux prises et il ajoutait :
« La petite colonisation, celle par laquelle le peuplement
français se fera réellement, se développera de façon
systématique et continue, fait ici défaut presque complètement.
La Direction de l’Agriculture a alloti tout près
d’ici un seul enchir, l’enchir Bou-N’Kila ’• et les heureux
bénéficiaires de cet allotissement sont un exemple vivant
du succès que rencontreraient des (expériences ¡plus nombreuses
du même genre. C’est depuis dS ans ce que je
prêche infructueusement : on m’a objecté souvent la brèche
que pratiqueraient dans les fonds .de colonisation ¡des achats
assez importants pour faire ici de la colonisation intensive.
Je sais bien, je le disais tout ¡à l’heure, que la terre ¡est
chère à Mateur : tant mieux ! serais-je tenté de répondre :
-le-haut prix où on la paie est la preuve qu’on la sait moins
ingrate ici qu’ailleurs ; et, l’intérêt de ¡tous est indiscutablement
qu’aucun colon ne soit voué à 1 insuccès. 11 vaut
mieux, pour l’oeuvre de la colonisation, installer 10 colons,
même à grands frais avancés, dans nos régions pluvieuses,
que 30 dans d’autres points où ils seront livrés aux aléas
des années mauvaises... Nous demandons à M. le Directeur
de l’Agriculture de faire rechercher, avec plus
de soin que ses prédécesseurs, les terres à vendre dans
les environs, et d’aidernussi, dans une certaine mesure,
à l’allotissement, naturel et logique, des grands domaines.
»
J’ai cru devoir reproduire ces paroles parce qu elles traduisent
très exactement la pensée de tous les colons français
de la Tunisie. Tous, à l’exemple de M. de Carnières,
président de- la Chambre d’agriculture, réclament depuis
longtemps la multiplication des .centres de colonisation,
en insistant sur l'avantage qui en résultera pour la domination
française et sur les bénéfices qu’en tirera le trésor
du Protectorat. J’ai dit pourquoi l'administration avait
résisté pendant longtemps aux sollicitations des colons,
j’ai dit aussi qu’elle devait.être félicitée d’y. avoir cédé ; je
veux maintenant-attirer d’attention .des .colons français sur
les inconvénients qui -résulteraient d une extension -trop