laire, c’est-à-dire relativement tempérée et exempte des
variations brusques que l’on rencontre sur beaucoup de
points du continent, l’île de Djerba se prête admirablement
à toutes les cultures arbustives, particulièrement à celles de
l’olivier et de la vigne.
Si l’on compare la surface relativement minime des
terres plantées en oliviers avec celle qui se prêterait à
cette culture, si surtout on compare l’état des oliviers daris
les diverses régions où ils se trouvent, on est naturellement
amené à se demander pourquoi, dans certaines
régions, les oliviers sont négligés.
Parmi les causes qui ont dû entraver le développement
de la culture de l’olivier, il faut noter la lenteur avec
laquelle cet arbre se développe et le nombre relativement
considérable d’années qui s’écoulent entre l’époque de la
plantation et celle de la production. On estime généralement,
en* Tunisie, qu’un olivier ne commence à
rapporter quelques fruits que -cinq ans après la plantation
et que c’est seulement au bout de douze à quinze ans
qu’il entre en plein rapport. Pour un peuple indolent,
ayant peu de besoins, encore moins de prévoyance, et
ne pouvant disposer que de bien faibles capitaux,
attendre douze ans une première récolte rémunératrice,
c’est sans contredit une condition bien peu favorable à
la culture, même la plus riche. Cette première condition
nous paraît avoir joué un grand- rôle dans l’abandon
dont les oliviers sont l’objet depuis longtemps déjà de la
part des Tunisiens.
Il faut aussi noter comme cause de la négligence dont la
culture de l’olivier était l’objet, de la part des indigènes
tunisiens, avant notre occupation, l’absence presque complète
de relations commerciales entre la Régence et l’extérieur
et l’inhabileté des agriculteurs à extraire l’huile dans
des conditions convenables. Toute l’huile produite étant
consommée sur place et sa qualité étant défectueuse, il y
avait, pourrait-on dire, assçz d’arbres pour les besoins de
la population. ,
Cependant des efforts importants avaient été faits dans
le bùt d,e remédier aux inconvénients qui résultent de la
lenteur du développement de l’olivier. Dans les environs
de Sfax, les propriétaires du sol avaient imaginé une manière
de procéder qui leur permettait de faire des plantations
sans avoir à débourser des sommes importantes. Un
grand nombre des indigènes de la région auraient fait
fortune grâce à l’emploi de cette méthode qui est encore
employée dans une large mesure. Lê propriétaire met à
la disposition d’un khammès ou m’gharsi une surface
déterminée de terrain à planter en oliviers, et lui tait une
avance de fonds pour l’achat de chameaux et d’instruments
aratoires et pour sa nourriture pendant deux ans environ.
Le khammès fait la plantation et la soigne jusqu’à, ce
qu’elle rapporte. A partir de la troisième année il sème
sous les oliviers des céréales dont le produit est partagé
entre lui et le propriétaire dans la proportion d’un tiers
pour ce dernier, qui fournit un tiers de la. semence, et de
deux tiers pour le m’gharsi. Lorsque les oliviers ont
atteint l’âge d’une production moyenne, les arbres sont
partagés, par parties-égales entre le propriétaire et le
m’gharsi. Le propriétaire prolonge alors, en général, le
contrat qui le lie au m’gharsi au moyen d’un nouveau
contrat, appelé contrat de Moucekate qui lui permet de
conserver le m’gharsi, dont il a besôin pour cultiver ses
arbres. La question de la main-d’oeuvre est devenue capitale
pour les propriétaires sfaxiens, par suite de l’accroissement
de la culture des oliviers et de la diminution correspondante
des terres de parcours sur lesquelles vivent
les indigènes.
Par le système exposé ci-dessus, grâce à une première
mise de fonds d’environ cinq cents francs, le propriétaire
se trouve au bout de douze ans en jouissance d’un revenu
qui, dès la première année souvent, le rembourse de ses
avaqces et qui désormais est pour lui tout bénéfice jusqu’au
jour où il rentre en entière et absolue jouissance
d’une terre en plein rapport. Dans un pays où le prix de
la terre est très minime, un pareil système ne peut qu’enrichir
celui qui l’emploie. Ajoutons que, sans être aussi