avantageux au khammès qu’au propriétaire, il est loin de
lui être défavorable : le khammès, en effet, peut vivre en
attendant les premières récoltes à l’aide du travail qu’il a
le loisir de faire en dehors de la plantation et à l’aide des
animaux qu’il élève pour son propre compte. A partir du
jour où les oliviers commencent à rapporter, sa situation
devient réellement bonne.
Le gouvernemènt tunisien se préoccupa, de son côté,
de favoriser la plantation des oliviers. Un décret de
Mohamed Es-Sadock-Bey du 1er chaaban 1286 (5 novembre.
1869) dispensa de l’impôt les oliviers et les dattiers plantés
dans les terrains où il n’en existait pas précédemment,
e t‘cela pendant quinze années.
En vertu de ce décret, les terres incultes et peu fertiles
des environs de Sfax, connues sous le nom de « terres
sialines » furent concédées, dit M. Àlapetite1 « à une
famille noble du pays, à laquelle le bey avait délégué le
droit de percevoir la redevance pour la plantation des
oliviers. Cette terre des environs de Sfax est, en effet,
assez aride, et comme elle était parcourue par une tribu,
Celle des Métellits, qui était une tribu guerrière et pastorale,
on y labourait peu, en sorte qu’un bey, bien avisé,
à mon sens, a cru qu’il fallait encourager la reconstitution
de l’ancienne forêt romaine, sur les terres sialines, et a
décidé que, dorénavant, il délivrerait lui-même les autorisations
de planter moyennant une redevance qui était
une source de lucre pour le trésor de l’Etat ». En 1892,
le bénéfice de cette mesure a été étendu aux Européens.
C’est grâce à cette législation bienveillante que s’est
produit le mouvement assez actif de plantation d’oliviers
dont nous avons parlé plus haut à propos des régions de
Sfax et de Zarzis. Mais il importe de noter que les indigènes
n’ont demandé que de petites surfaces, celles que
chacun pouvait planter par ses propres moyens, tandis
que les Européens en ont demandé de très grandes.
1. Discours à la Chambre, 29 janvier 19.12.
Aujourd’hui, d’après M. Alapetite, les indigènes sont
6.000 pour 44.000 hectares, tandis que les Européens ne.
sont que 150 sur 100.000 hectares. M. Alapetite ajoutait:
« ce qui est planté par les indigènes, c’est la partie la
plus rapprochée de la ville, celle ou l’on peut aller chaque
soir avec la monture primitive dont disposent les habitants
de Sfax. Les colons européens, eux, ont reculé la culture
de l’olivier beaucoup plus loin et, ce faisant, ils ont entrepris
une oeuvre infiniment plus difficile et plus onéreuse que
celle des indigènes, car ils ont été obligés de risquer'cette
culture dans des régions où il était très difficile de trouver
des cultivateurs indigènes sachant cultiver l’olivier
».
| III. — C u l t u r e d e s d a t t i e r s
La culture des dattiers caractérise les oasis, dont les
trois principales sont celles de Gabès, du Nefzaoua et du
Djèrid. D’après la statistique officielle, il existerait :
96.000'dattiers deglas et 2.042.000 dattiers communs.
L’oasis principale de Gabès est arrosée par l ’Oued-Gabès
dont les eaux, habilement distribuées par de petits canaux,
entourent et traversent chaque propriété. Sous l’ombrage
des dattiers, dont les troncs atteignent 15 et 20 mètres de
haut, les indigènes ont planté des grenadiers, des amandiers,
des abricotiers, des pruniers, des vignes, dont les
sarments s’enlacent aux arbres et forment entre eux
d’énormes et élégantes guirlandes. Le sol est couvert
d’orge, de maïs, de légumes, de piments, de,tomates, de
toutes les plantes que mangent les hommes et les animaux,
souvent entremêlées de henné, de rosiers et de
géraniums. Au milieu du desert aride qui 1 entoure^ sur le
bord de la vaste mer bleue qui baigne l’un de ses flancs et
dont les dunes l’envahissent peu à peu, cette oasis toujours
fraîche et riante produit sur le voyageur l’un des effets les
plus séduisants que nous ayons éprouvés pendant le cours
de notre voyage à travers la Tunisie.
Malheureusement l’eau de l’Oued-Gabès n est pas