La troisième région comprend les territoires de Kai-
rouan, de Sousse et de Sfax. Les pluies y sont trop rares
pour que l’on y puisse cultiver avec profit les céréales,
Elles n’y réussissent guère qu’une année sur quatre. La
seule culture qui donne des produits certains est celle des
arbres et arbustes fructifères. C’est la région par excellence
de l’olivier, auquel on peut ajouter, l’amandier, le
caroubier, etc.
La région du sud ne permet de cultures qu'e dans les
oasis bien irriguées.
Sur les treize millions d’hectares que comprend la
lunisie, trois millions seulement représentent des terres
considérées comme aisément et utilement cultivables.
§ III. -* * L a p o p u l a t io n
Le nombre des indigènes tunisiens est évalué, en totalité,
à 1.700.000 individus de tout sexe et de tout âge,
L’élément dominant n’est pas l’Arabe pur, mais le Maure,
c’est-à-dire un type créé par le mélange, depuis un grand
nombre de générations, du sang arabe avec celui de toutes
les races et variétés humaines qui habitent les bords de
la Méditerranée. Les Maures forment, avec les Juifs, la
presque totalité des populations des villes.
Quant aux gens des campagnes, soit qu’ils vivent à l’état
plus ou moins nomade dans des gourbis en branches ou
sous la tente, soit qu’ils habitent les villages permanents
qui existent en grand nombre dans toutes les parties fertiles
et régulièrement cultivées de la Tunisie, ils appartiennent
en majeure partie au type berbère. On trouve ce
type non seulement dans le nord, où il est presque
seul, mais même dans l’extrême sud de la Tunisie, parmi
les tribus errantes des frontières de la Tripolitaine. La
plupart des tribus tunisiennes auxquelles on donne le
nom de nomades, ne le sont, en réalité, qu’à moitié.
Les tribus des grandes plaines du Sud, qui, plus que
les autres, mériteraient cette épithète, sont toutes composées
de familles se livrant à la fois à la culture èt à
l’élevage des bestiaux, (boeufs, moutons, chèvres ou chameaux),
Quand l’année est pluvieuse- dans le sud, elles
labourent la terre de cette région, l’ensemencent de blé ou
d’orge et attendent sur place-la récolte. Lorsque celle-ci
est terminée, elles font paître leurs troupeaux dans les
champs moissonnés et remontent graduellement vers le
nord à mesure que le soleil dessèche leurs plaines. Quand
le sud ne reçoit pas de pluies pendant l’hiver, ce qui est
malheureusement très fréquent, les mêmes tribus vont
louer et cultiver dans le nord des terres mieux arrosées,
sur lesquelles elles s’établissent avec leurs troupeaux. La
plupart de ces tribus ont même des greniers permanents,
dans lesquels elles conservent les grains qu’elles ont
récoltés. Entre Gabès et Zarzis, sur la bande de terrain
qui sépare la chaîne montagneuse des Metmatas de la
mer, il existe un assez grand nombre de ces greniers. Ce
sont des villages bâtis en pierres, avec des maisons à deux
ou trois étages superposés. Au rez-de-chaussée habitent
des familles sédentaires, parmi lesquelles se trouvent un
grand nombre de tisserands, de cordonniers et autres
gens de métiers. Ces familles gardent, dans les étages
supérieurs des maisons, les grains déposés par les nomades,
Parmi- ces villages-greniers, nous citerons surtout Ksour-
Métameur et Ksour-Médénine, auprès duquel nous avons
établi ün poste militaire sur la seule route par laquelle
on puisse pénétrer du Sahara en Tunisie, Par ce poste,
nous tenons la route stratégique du Sud et gardons les
vivres d’une partie des tribus de cette région.
Quant aux montagnes des Matmatas, elles sont habitées
par des populations, d’origine berbère probablement,
mais parlant l’arabe, refoulées jadis par les nomades.
Elles ont, non pas bâti, mais creusé d’immenses villages,
dont les habitants, hommes et bestiaux, , sont logés dans
les entrailles du sol. Les plus importants de ces villages,
Hadedje et Metmata, notamment, comptent plusieurs milliers
d’êtres. On estime à près de 10.000 individus cette
population de troglodytes. Comme les pluies sont extrêmement
rares et que les ^montagnes des Matmatas sont