essaims qu ils vendent aux indigènes apiculteurs ou qu’ils
élèvent eux-mêmes. Le miel et la cire provenant des
■ abeilles élevées par les indigènes sont d’excellente qualité
et font 1 objet d’une très importante consommation dans
le pays même. On a commencé à exporter le miel dans
la proportion d’environ 10.000 kilogrammes par an, et la
cire dans la proportion d’environ 150.000 kilogrammes,
valant, à Tunis, de 3 francs à 3 fr. 50 le kilogramme. Les
cires tunisiennes passent pour être d’excellente qualité.
§ IX. — L ’a g r ic u l t u r e in d ig è n e
ET LÉS SOCIÉTÉS INDIGÈNES DE PRÉVOYANCE
Dans tous les pays du monde, l’un des obstacles les
plus sérieux au développement de l’agriculture réside dans
l’insuffisance des ressources financières dont jouissent la
plupart des agriculteurs, surtout dans les régions où la
propriété est très divisée, dans celles où les récoltes sont
rendues incertaines par les conditions climatériques -et
aussi dans celles dont la valeur des produits du sol est
faible.
En Tunisie où les agriculteurs indigènes sont soumis à
ces trois causes d’infériorité, le manque d’argent est une
règle sous laquelle tous sont à peu près également courbés.
Dès que la récolte est mauvaise, l’indigène est obligé
d’emprunter pour faire les semailles et de subir le taux
d’intérêt qu’il plaît à son prêteur de lui imposer. Le taux
normal pour ces sortes de prêts est de 35 à 50 pourcent,
mais il n’a pas de limites et varie avec l’intensité des
besoins de l’emprunteur. M. Alapetite a cité à la tribune
de la Chambre le cas d’un magistrat de Tunis qui avait
vu payer devant lui un contrat où était stipulé un intérêt
de 250 pour cent.
Dans le but de faire disparaître ce vice, qui est l’une
des principales causes de la misère-de l’agriculteur indigène,
le protectorat a institué, au cours des dernières
4. Voir ail Journal officiel, Discours du 26 janvier 4912.
années, des « Sociétés indigènes de prévoyance » dont le
« fonctionnement est obligatoire pour les indigènes » et
dont les « ressources sont alimentées par des centimes
additionnels à l’impôt direct ». M. Alapetite, parlant de
ces sociétés à la tribune de la Chambre, ajouta : « Les
Sociétés de prévoyance font l’avance, au prix coûtant, aux
indigènes, des semences dont ils ont besoin si l’année a
été mauvaise, ou même, quand l’année a été bonne, si
l’indigène a eu l’imprévoyance de se démunir de sa récolte
avant le moment de semer ; il a ainsi le grain nécessaire
sans devenir pour cela le prisonnier de l’usurier. (Très
bien! très bien!) Malheureusement, les premières années
qui ont Suivi l’institution des Sociétés de prévoyance indigènes
ont été très mauvaises, en sorte que, chaque fois,
la somme accumulée par les cotisations des indigènes a
été absorbée par les prêts de semences, ce qui nous a
interdit de fonder sur cette institution nouvelle des
oeuvres d’une autre portée que nous avions déjà conçues.
L’année 1911 a été heureusement très favorable. 11 a plu
beaucoup. Nous n’avons* pas -eu à faire de prêts de
semences, et nous avons ainsi pu disposer des sommes
considérables qui étaient déjà dans la caisse des Sociétés
de prévoyance. Nous en avons profité pour instituer tout
de suite le prêt à long terme au profit des agriculteurs
indigènes. (Tçès bien! très bien!) Nous n’avons pas pule
faire tout de suite partout.
« Je n ’ai pas besoin de faire remarquer que. c’est une
oeuvre délicate, qu’il est indispensable d’approprier aux
habitudes spéciales de chaque région. Nous avons commencé
par les régions où la propriété indigène était le
mieux et le plus nettement assise, où, par conséquent, le
gage à offrir était le plus simple. Et nous avons imaginé
là, mettant à profit les. habitudes dé solidarité de la population
indigène, un mode de gage qui remplace très heureusement
les signatures multiples que l’on demande dans
la métropole. Nous avons décidé que tout contribuable
appartenant à la Société indigène de prévoyance du Djerid
serait solidaire de ses compatriotes jusqu’à concurrence