maisons basses des Arabes. Dans certains points, notamment
à Béchilli, les indigènes déplacent leurs jardins au
fur et à mesure que le sable gagne ; ils. fuient, en quelque
sorte, devant l’ennemi, emmenant avec eux l’eau de la
source, à l’aide de canaux souterrains. Les jardins nouveaux
de Béchilli se trouvent aujourd’hui à une distance
de plus de cinq cents mètres à l’est des anciens ; l’eau de
la source qui arrosait ces derniers et qui était placée à leur
pentre est drainée dans les jardins nouveaux par des conduits
souterrains.
On peut considérer comme une dépendance du Nefzaoua
méridional un certain nombre de petites oasis assez semblables
aux précédentes et répandues au sud de celles dont
nous venons de parler, à la lisière de l’Areg ou Sahara sans
eau, autour de Douz et d’El-Aouïna, sur le territoire des
Mérazigs, des Adaras et des Gheribs. Les oasis disposées
autour des sources sont encore plus petites que dans le
Nefzaoua méridional; elles sont plus ensablées; beaucoup
même sont en voie de disparition ou ont déjà disparu,
laissant des puits à demi ensablés et isolés dans la plaine.
Cependant, l’eau doit être à une très faible profondeur,
car toute cette région est couverte de bosquets, de grands
arbustes dont quelques-uns atteignent et dépassent trois'
ou quatre mètres. v
Ces détails montrent que les oasis du Nefzaoua méridional
ne peuvent avoir une grande importance. Cependant
les dattes sont de bonne qualité, et il est du devoir de l’administration
de favoriser le développement des petits
centres fixes qui existent dans cette région. Attacher l’indigène
au sol doit être partout notre plus grande préoccupation.
En Tunisie, la tâche est facilitée par le caractère
des populations. Partout où on leur donnera de l’eau en
quantité suffisante, elles formeront des établissements
stables.
Le Nefzaoua septentrional fournit une preuve de la
justesse de cette proposition : aypnt davantage d’eau, il a
une population fixe beaucoup plus nombreuse. Les oasis
du Nefzaoua septentrional forment une chaîne presque
continue, depuis Kebili au sud-est jusqu’à Debabcha au
nord-est, c’est-à-dire sur une longueur d’environ trente-
cinq kilomètres. Elles sont toutes d’une grande dimension
et accompagnées d’agglomérations importantes, formant
des villages très peuplés. Leurs sources sont de deux
sortes : les unes venant de nappes superficielles; les
autres, de nature artésienne, c’est-à-dire ascendante, et
provenant de couches profondes. On a émis .l’idée que
ces dernières ont été amenées à la surface par des forages
artésiens remontant à une époque très reculée.
Les habitants de certaines de ces oasis ont fait preuve
d’une grande ingéniosité en drainant, par des canaux souterrains
creusés dans le calcaire delà montagne, les eaux
qui filtrent entre les couches de cette dernière. Ce sont
particulièrement les villages situés au sud du chaînon
inférieur du Tebbaga et principalement ceux de Menchia
qui se sont livrés à cette pratique ; ils donnent à leurs
galeries de drainage le nom de « leviga ».
Le sol des oasis du Nefzaoua septentrional est extrêmement
productif et l’eau y, abonde. Les oasis devraient
donc être d’une grande fertilité. Il n’en est cependant pas
ainsi. En premier lieu, elles ont été, autrelois souvent
ravagées par des tribus divisées en deux clans ou çofs
se livrant les uns contre les autres aux plus regrettables
excès: En second lieu, les sables tendent à les envahir,
mais dans des conditions moins déplorables que dans le
Nefzaoüa méridional. Les dunes mobiles que nous avons
signalées plus haut n’existent pas dans le Nefzaoua septentrional;
les sablés qui y sont apportés par le vent sont
simplement arrachés à la surface des plaines voisines;
ils sont par conséquent apportés en beaucoup moins
grande quantité que s’ils étaient pris sur des dunes
et il sera plus aisé de remédier aux dégâts qu’ils produisent.
C’est surtout à la lisière des oasis que le sable se
dépose, arrêté qu’il est par les palmiers et les autres arbres
et par les talus des canaux d’irrigation. 11 s’est formé
ainsi autour des oasis, par suite de l’apport du sable, des
bourrelets circulaires qui atteignent jusqu’à quatre et