paître leurs troupeaux, et à la destruction des jeunes
pousses par les chameaux et les chèvres; les premiers
mangent les rameaux entiers malgré les épines qui garnissent
les feuilles; les secondes broutent toutes les
feuilles qui sont à leur portée. En outre, les larves d'un
coléoptère, le Bruchus Aurevillii, dévorent beaucoup de
graines qui formeraient des semis naturels.
La forêt de Talah est la seule de la Tunisie qui puisse
fournir des bois à l’ébénisterie. Quoique les acacias qui la
forment n’atteignent pas une forte grosseur, leur coeur
peut donner des planches larges dé 20 à 30 centimètres,
d’un bois dur, à grain fin, coloré en jaune foncé et susceptible
d’un très beau poli. Il y aurait donc grand intérêt
à reconstituer cette forêt qui est une exception en Tunisie.
Une partie des montagnes qui entourent Tunis et
Zaghouan sont actuellement couvertes de thuyas rabougris,
ne dépassant guère 60 à 80 centimètres de hauteur.
A en juger par l’uniformité de la taille, un observateur
superficiel pourrait croire que les thuyas de ces montagnes
sont incapables d’acquérir des dimensions supérieures
à celles que nous venons d’indiquer. Il n’en est
rien. Cette uniformité si remarquable de taille et cette
disposition buissonneuse sont déterminées par les chèvres.
Dans les quelques propriétés où l’on a interdit à ces animaux
le pâturage dans les broussailles de thuyas, ces
derniers n’ont pas tardé à s’élancer, et de véritables arbres,
très droits se sont développés. Dans le domaine de
l’Enfida, de très nombreux et magnifiques thuyas, et des
oliviers sauvages de belle taille se dressent aujourd hui
dans des lieux où naguère n’existaient que jle maigres et
courts buissons. Il a suffi, pour obtenir ce résultat, de
défendre aux indigènes de mener paître leurs troupeaux
sur les terrains que couvraient les buissons. Dès qu il faut
semer ou planter, le reboisement devient une opération
difficile, à cause de son prix et des risques que la sécheresse,
toujours à craindre, fait courir aux semis.
Sans négliger entièrement les semis ou les plantations,
il est donc préférable, dans l’intérêt des finances du pays,
de se préoccuper d’abord des montagnes dont les broussailles
sont susceptibles de devenir, arborescentes. Il suffirait
de prendre quelques soins de. ces broussailles, de les
ébrancher et de les mettre à l’abri des animaux pour les
transformer en forêts.