n’augmentent que fort peu la sécurité et la facilité des
communications et pas du tout leur rapidité. Il en serait
tout autrement des chemins de fer. Avec eux, sécurité,
facilité, rapidité des communications seraient simultanément
accrues dans des proportions dépassant l’imagination
des indigènes et prodùisant sur eux une influence transformatrice
absolument irrésistible, en même temps qu elles
placeraient les colons dans des conditions auxquelles ils
sont accoutumés dans la mère-patrie. »
I H - -— L ’é t a t d e s p o r t s a l ’é p o q u e d e l ’é t a b l i s s e m e n t
DU PROTECTORAT
Après avoir insisté sur l’urgence de la construction des
routes et des chemins de fer je disais : « La Tunisie a non
moins besoin de ports que de voies de communication. Ce
ne sont pas les lieux convenables qui manquent pour cela,
mais rien ou presque rien n’a été fait depuis des siècles
pour améliorer les ports naturels du pays et les doter de
l’outillage indispensable au commerce moderne. »
Sur la côte septentrionale de la Tunisie je montrais
deux ports à créer : Bizerte et Tabarka.
La ville indigène de Bizerte était située sur les bords du
golfe de ce nom, entre la mer et le lac de Bizerte, sur les
bords des deux bras d’un petit canal qui reliait la mer au
lac. Les deux bras de ce canal traversaient la partie basse
delà ville en entourant un petit quartier européen. Celui-ci
était relié à la ville par deux ponts : celui de Beb7Toums
sur le bras est, et celui de la Skala, sur le bras ouest à côté
du marché. Le bras est du canal formait la darse du port de
Bizerte, laquelle était abritée de tous les vents par les maisons
et les remparts qui l’entouraient. L’entrée de la darse
était protégée par deux petites jetées d’inégale longueur,
la plus grande n’ayant qu’une cinquantaine de mètres. Aù
niveau de son extrémité se trouve une barre sur laquelle
il n’y a pas plus de lm,80 à 2 mètres d’eau. Mais à 150 mètres
de l’entrée de la darse, le golfe de Bizerte offre des fonds
de 10 à 15 mètres. Le canal qui reliait le golfe au lac avait
une longueur d’un kilomètre environ et une largeur de
200 mètres ; sa profondeur était minime ; dans certains
points, il n’y avait pas plus de 50 à 60 centimètres d’eau.
Le lac est un des plus beaux lacs marins qui existent. Il
est à peu près circulaire, avec un diamètre de 4 kilomètres
environ dans tous les sens. Sa profondeur est très
Variable, elle atteint en certains points jusqu’à 12 et
15 mètres. Son fond est formé de sablé facile à creuser
par simple dragage. Les eaux sont sans cesse renouvelées
par les marées et, dans l’hiver, par les pluies. Il est entièrement
à l’abri "des vents.
J’ajoutais, dans la première édition de cet ouvrage (1887) :
« Actuellement les barques seules peuvent pénétrer dans
le port de Bizerte, aussi est-il absolument désert, et la ville,
qui est cependant placée dans les conditions les plus avantageuses
qu’il soit possible d’imaginer, témoigne d’une
décadence qui va chaque jour se prononçant davantage.
Aujourd’hui, la petite ville de Bizerte n’a pas plus de six
mille habitants, elle est entourée de fortifications construites
par les Arabes, et protégée par deux forts, situés
l’un à l’entrée du port, l’autre sur un point culminant qui
domine toute la rade. Son alimentation en eau douce est
assurée par des sources, dont une partie sont déjà canalisées,
et qui toutes ensemble pourraient donner 864.000 litres
d’eàu par jour, moyennant une dépense évaluée à environ
350.000 francs. Les environs immédiats de la ville sont
couverts de beaux jardins, dans lesquels on cultive, avec
les oliviers, presque tous les arbres fruitiers de notre pays
et la vigne. A l’ouest, la plaine étroite de Bizerte est bordée
par une rangée de collines plantées d’oliviers et cultivées
en céréales par les indigènes. Çes collines s’étendent tout
le long du lac, à l’abri des vents du nord-ouest, jusqu’à
Djehel-Ischeul qui est le point le plus élevé de la région ;
elles conviendraient admirablement à la vigne. Les sources
y abondent et permettraient d’y faire toutes les cultures
vivrières qui exigent des arrosages fréquents.
« Mais, pour que les colons français s’établissent dans
cette région, il faut qu’elle soit reliée au reste de la Tunisie