Instituées par lé décret du 20 mai 1907, dans chacun des
. caidats de la Régence, ces sociétés fonctionnent sous le
contrôle de l’État. Leurs caisses sont alimentées par des
centimes additionnels aux divers impôts directs indigènes
par des subventions prélevées sur les redevances de la
Banque de l’Algérie.
Leur objet principal consistait, à l’origine, en prêts de
semences qui, pendant les huit premières années, se sont
élevés à 14 millions. 1
Elles procèdent aussi dans les mauvaises années, à des
prêts de subsistance qui ont atteint à ce jour un total de
S millions.
Un décret du 26 janvier 1911 a organisé les prêts hypothécaires
à long terme qui ont rendu de grands services
notamment dans Djérid, le Sahel, le Gap Bon, etc., où
l’usure à 20, 30 et 40 p. 100 faisait de très gros ravages.
Ces prêts sont généralement amortissables en quinze ans.
Ils ont atteint un chiffre total de 1.800.000 francs.
Enfin, les sociétés indigènes de prévoyance ont créé,
sous la forme d’associations coopératives industrielles ou
commerciales, des filiales auxquelles elles ouvrent le crédit
nécessaire.
L’actif nét des sociétés indigènes de prévoyance au 31 décembre
191S a près de 5 millions de francs.
§ VI- — Le d é v e l o p p e m e n t d u c o m m e r c e .
I m p o r t a t io n e t e x p o r t a t io n
Grâce aux importantes améliorations introduites dans
le régime économique de la Tunisie par les réformes
douanières et fiscales rappelées ci-dessus, ainsi que par
la création de conditions avantageuses de crédit, grâce
aussi à la création des routes et voies ferrées dont il' sera
question dans un autre chapitre, grâce aux progrès considérables
réalisés par l’oeuvre colonisatrice proprement
dite, la situation commerciale de notre établissement africain
est allée sans cesse en progressant. En 1879-80,
c’est-à-dire avant l’occupation française, le chiffre des
exportations de la Tunisie était de 10.840.000 francs,
Celui des importations de 11.400.000, soit pour la totalité
du mouvement commercial : 22.200.000 francs. En 1884-35,
quatre années après l’occupation, les exportations s’élevaient
à 18.600.000 francs elles importations à 26.400.000
francs, soit au total 45.000.000 de francs. Dix ans plus
tard, en 1895, le chiffre des exportations était 41.246.000
francs, celui des importations 44.085.000 francs, soit au
total 85.331.000 franes. En 1904, les exportations représentent
76-831.060 francs et les importations, 83.384.437
francs, soit, au total, 160.215.000 francs. En 1912, les
exportations représentent 154.655.000 francs et les importations,
156.293.000 francs, soit, pour la valeur totale-du
commerce, le chiffre énorme de 31 Ch948.000 francs. On
remarquera que si le chiffre des importations a toujours
été supérieur à celui des exportations, la différence est
allée sans cesse'en s’atténuant.
En 1886, on s’inquiétait beaucoup, non seulement en
France mais encore en Tunisie, du fait que les importations
l’emportaient beaucoup sur les exportations. La Chambre
de commerce de Tunis exposait, dans le document rappelé
plus haut, les réflexions suivantes : « Ces chiffres n’ont
rien de satisfaisant, car il en résulte que la Tunisie a
beaucoup plus à payer qu’à recevoir. Les récoltes des
trois dernières années ont pourtant été bonnes ; et si l’accroissement
considérable des importations ne venait pas
d’un fait particulier, l’entretien d’un corps d’occupation
important, la Tunisie ne pourrait se maintenir longtemps
dans une situation aussi anormale au point de vue économique
».
Je répondais à ces observations dans la première édition
de ce livre : « Les craintes exprimées dans les observations
précédentes ne me paraissent pas justifiées. Il
n’est d’abord pas démontré qu’on doive considérer comme
nécessairement mauvaise la situation économique d’un
pays parce que ses exportations sont inférieures à ses importations
; mais, même en supposant que cela fût vrai pour
les nations civilisées, il ne faudrait pas en conclure qu’on