de nos jours par les ingënieurs-hydrograplies de la
marine, peut servir de modèle en ce genre, car c’est
le travail le plus complet que l’on connaisse dans
l’hydrographie.
M. Dortet de Tessan, dans son travail sur l’Algérie,
nous apprend comment on peut arriver à des résultats
rigoureusement exacts, lorsqu’il s’agit de faire la
carte d’une côte sans y débarquer. Mais il admet que
d’avance on peut en étudier l’aspect et que l’on peut
y trouver deux points tellement placés, que servant
d’abord d’observatoires, ils puissent encore devenir
la base sur laquelle s’appuiera une triangulation secondaire
exécutée à la mer.
La nature d’une campagne d’exploration comme
celle que vient d’exécuter M. le capitaine de vaisseau
Dumont-D’Urville, ne présente, la plupart du temps, a
l’hydrographe chargé de la levée des cartes, d’autres
ressources que celles de voir le navire défiler devant
une côte qu’il étudie pour la première fois. Souvent
même l’observateur n ’aura point la possibilité de
prendre terre , et de baser ses opérations sur un point
où il aura pu faire des observations. Partout une végétation
active couvre le sol, et si un sommet dénudé,
propre à servir de lieu pour établir une station
géodésique apparaît dans l’in té rie u r, son pied est
presque toujours rendu inaccessible et par la végétation
et par l’attitude menaçante des habitants du
pays. Dès-lors on ne peut espérer obtenir la forme
du terrain qu’à l’aide d’observations faites à la mer.
Cette manière de procéder s’appelle lever sous voiles.
Les anciens navigateurs se contentaient, dans leurs
voyages, de prendre des croquis-plans des lieux dans
lesquels ils arrivaient. Ils estimaient à peu près les
distances, et généralement parmi ces c roquis, ceux
qui nous re s te n t, indiquent des terres souvent dix
fois plus grandes qu’elles ne le sont réellement.
Cook, dans les voyages remarquables qui, à juste
titre, immortalisèrent son n om , songea à se servir
de la route de ses navires pour retra ce r les contours
des terres qu’il avait reconnues. Des observations astronomiques
lui servirent à corriger les estimes de la
route'; avec la boussole il releva les principaux points
de la côte dont il estima ensuite les distances au
navire.
Plus ta r d , les observations de latitude et de longitude
se multiplièrent, mais la base de toute opération
hydrographique faite sous voiles, fut encore la route
du navire, que l’on construisit avec tout le soin possible.
On n ’estima plus à la vue simple la distance qui
séparait l’observateur de la t e r r e , mais on prit de
nombreux relèvements sur les points remarquables
de la côte, et les intersections de ces lignes de directions
déterminées fixèrent les distances.
Notre célèbre hydrographe, M. Beautemps-Beau-
p ré , substitua les relèvements astronomiques aux
relèvements pris à la boussole : les distances angulaires
furent mesurées avec précision au moyen
d’un cercle à réflexion; chaque objet fut relevé de
plusieurs points à la mer, et lorsque tous ces relèvements
ne vinrent pas se croiser en un point u n iq u e ,