de Taspeclque doit présenter une montagne, d’après
la connaissance de sa projection horizontale telle que
les cartes la donnent. En général, pour qu’une figure
puisse faire reconnaître un objet, il faut qu’elle le re présente
sous lin point de vue peu différent de celui
sous lequel on l’aperçoit. Il est donc nécessaire, pour
faire reconnaître une m o n tag n e , de donner sur les
cartes son profil en même temps que sa projection
horizontale.
« Les panoramas, ou vues que l’on place ordinairement
sur les cartes, ne remplissent qu’imparfaite-
tement cet objet ; car, pour le point d’où la vue a été
p ris e , il y a eu exubérance de données, tandis que
plus loin celles-ci manquent tout-à-fait, à moins qu’on
ne multiplie outre mesure le nombre de vues. Les
vues orthogonales ou projections verticales n ’ont pas
cet inconvénient ; car, en quelque point que l’on soit
placé, 011 trouve toujours une portion de la vue qui
représente fidèlement l’aspect de la partie de côte qu’on
relève dans une certaine aire de vent connue. On peut,
en effet, considérer une projection de ce gence comme
l’assemblage d’une infinité de petites portions de vues
prises de tous les points où l’on peut se trouver placé.
« Les vues orthogonales ou projections verticales
données sur les cartes générales des côtes d’Alger sont
disposées de manière à présenter le profil de chaque
montagne tel qu’il paraît lorsqu’on la relève au Sud
du monde. Les points homologues de la vue et de la
carte sont placés exactement sur le même méridien ;
chaque sommet est placé au-dessus de la ligne d’horizon
à une bailleur proportionnelle à son élévation
absolue au-dessus du niveau de la m er; mais Vé-
chelle de hauteur est double de réchelle des distances
horizontales.
« Deux raisons principales ont engagé à prendre ce
rapport double : la première est que l’on se rapproche
ainsi de l’effet que la vue des terres produit sur l’observateur
placé à la m e r; car, à l’aspect d’une montagne
, on est plus frappé de sa hauteur que de ses
autres dimensions : celles-ci doivent donc paraître
proportionnellement plus petites. Cet effet est si constant
que, sur deux cents et quelques vues que nous
avons p rise s, il n ’y en a pas où l’échelle de hauteur
soit moindre que le double de l’échelle des distances
horizontales, tandis qu’il y en a beaucoup où elle est
plus que le triple. Or, quand on a pour but de faire
reconnaître un objet, on doit le représenter tel qu’il
paraît plutôt que tel qu’il est : il faut examiner les
formes caractéristiques qui frappent le plus la vue ;
on peut même aller très-loin dans cette exagération
sans nuire à la ressemblance. Il était donc nécessaire
que, dans les vues orthogonales, l’échelle de hauteur
fût au moins le double de l’échelle des distances horizontales.
« La seconde raison qui exigeait ce rapport double,
est que la hauteur des montagnes est si peu de chose
auprès de l’étendue qu’embrasse une carte générale,
que la vue eût été presque linéaire, et pour ainsi dire
microscopique ; ce qui en eût rendu l’usage très-incommode
et en eût restreint beaucoup l’utilité.