m l/AUT ÉGYPTIEN.
le souvenir de leurs actious, des nioiuituoiits el des constructions dus à leur ninuiiiceuce.
Ou sait que les souverains grecs et roniains, qui furent maîtres de TEgyple des
pharaons après les Perses, eniployerent les obélisques à la décoration de lenrs palais, et,
que ces synilioies de la stabilité après avoir pendant plus de onze siècles décoré Thèbes,
Memphis et Ilélio])olis, par une dérisoire décision de la fortune allèrcnï orner Alexandrie
; jmis, [rois siècles plus fard franchirent la Médi ierranéeponr servir comme embellissements
à la ca])itale des Césars; mais seulement parce qne ceux-ci en aimaient
l'aspect sévère : car ces maîtres dn monde en enlevant à rÉgypte })onr décorer leur
ville éternelle, le signe de l'éternité, étaient loin d'en soupçonner le sens, ils les
employèrent rarement comme les Égyptieus, en les plaçant, au nombre de deux,
devant un monument.
Aussi leurs obélisques, isolés, et projetant sur le ciel leur sommet quadrangulaire,
parurenl-ils aux observateurs tout autre chose que lorsqu'on les voyait érigés devant les
l)ortes des temples; dn reste les Romains, qui marquaient tous leurs monuments du
sceau de l'utilité, voulurent rendre utile rornement qu'ils empruntaient à l'architecture
égyptienne sans en avoir compris l'emploi : des deux })remiers obélisques
transportés à Rome sous Auguste, l'un ])lacé dans le champ de Mars servit de gnomon,
l'autre, recevant une destination pour laquelle les obélisques semblaient faits, lint
lieu de borne (meta) dans le circns maximiis ; borne gigantesque bien digne de ce cirque
immense.
Cet exemple fut imité dans le cirque de Néron au Vatican, dans le cirque même
d'Alexandrie, dans l'hippodrome de Constantinople, et une seconde fois, sous l'empereur
Constance, dans le grand cirque de Rome; cependant on plaça quekiuel'ois, par imitation
deux obélisques devant un monument, par exemple devant le mausolée d'Auguste
et devant le temple d'Isis-Séraftis (([u'a remplacé l'église de la Minerva) ; ces deux derniers
obélisques, quoiqu'un peu inégaux et assez différents d'époque; car l'un est du
temps de Sésostris, et l'autre du tenqjs d'Apriès. C'est le seul cas où les prêtres égyptiens,
qui desservaient ce temple, furent juis à même de reproduire, probablement, la
disposition égyptienne, \m\v conserver un symbole dont ils avaient le secret; et il est
permis de croire que si les Romains la négligèrent, c'est qu'elle ne leur disait rien.
Toutes les inscriptions gravées sur les obélis(iues se resseiiddcnt assez. Leur sens
général n'en est pas difficile à saisir. Nous ne parlons bien entemlu que des obélisques
du temps des pharaons; car le style de ceux qui ont été élevés par les Romains est
beaucouji plus obscur parce qu'il est beaucou]) plus recherché.
11 ne nous est pas jjcrmis, quel qu'ait été le résultai de la découverte de Cliam-
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pollion, de ne pas mentionner les opinions qui, dès raaliquitê, affirment que les
inscriptions qu'ils contiennent offrenL l'explication de grands mystères.
Si nous en croyons Pline, les deux obélisques qu'Auguste avait fait transporter à
Rome auraient contenu l'interprétation des phénomènes naturels selon la philosophie
égyptienne : ces obélisques existant encore, l'un sur la place du Peuple, l'autre sur la
place Monte Citorio, il est facile de s'assurer, aujourd'hui, qu'ils ne présentent aucun
enseignement soit philosophique soit scientifique; du reste les obélisques n'ont offert
jusqu'ici rien de ])areil ; tous sont couverts de formules assez vagues, exprimant dans le
goût oriental la majesté, la puissance du pharaon qui les a élevés, et mentiounant les
édifices qu'il a fait construire, les ennemis ([u'il a vaincus.
La traduction des hiéroglyphes qu'on lit encore aujourd'hui sur l'obélisque de la
place du Peuple et que Ammien Marcellin a donnée d'après Ilermapion offre une idée
assez juste de ce genre de dédicace; (c'eslla seule interprétation raisonnable d'un texte
hiéroglyphique que les anciens nous aient transmise) on y retrouve, comme dans la
version d'IIermapion, cette accumulation d'épithètes et de formules louangeuses que
présentent en effet les inscriptions des obélisques.
Ainsi, quand Mélampus, dans la dédicace d'un traité de médecine, prétendait avoir
trouvé les propriétés merveilleuses du pouls consignées sur les obélisques il aurait
parlé en charlatan. Ainsi, eu lisant les traductions de Kircher, il faudrait n'y voir que
des extravagances, et repousser, malgré saint Clément d'Alexandrie la croyance aux
secrets merveilleux sculptés sur les obélisques conservés jusqu' à nos jours : quoi qu'il en
soit, Saint-Génis et Dupuis ne doutent pas que les obélisques n'aient eu un but astronomique
et religieux; enfin le géographe arabe Edrisi donne gravement une traduction
de rinscription hiéroglyphique des aiguilles de Cléopatre : d'après lui, cette inscription
tracée en caractères syriens, parlerait d'un roi Tamor qui a élevé les principaux édifices
d'Alexandrie et fait apporter de loin les obélisques.
Nous prétendons, pour notre part, que la signification, qu'offrait le terme obélisque,
(dans son emploi symbolique) sur les inscriptions hiéroglyphiques, suffirait, a
elle seule, i>our réfuter toutes les assertions sans fondement, toutes les idées étranges
des écrivains anciens et modernes sur l'objet emblématique des obélisques.
Dans l'écriture hiéroglyphique l'obélisque est un signe qui a un sens déterminé,
exprimaul l'idée de stabilité : cette valeur écrite s'explique d'autant plus .facilement
que, dans tontes les langues, une métaphore naturelle attribue l'idée de la stabilité
à la colonne, an pilier : C'est ainsi que la borne de nos champs, qui fut le dieu
Terme, exprime l'idée d'immutabilité. De plus il faut remaniuer que le sommet des
obélisiines se terminait toujours en ibrme de pyramide, parce qu'en réalité un obe-
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