90 L ' A R T ÉGYPTIEN.
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chilecture, la slaluaire e( la peiiiliire, mais leur réunion seule pourra former un
monument vraiment complet.
« Ces trois divisions de l'arl plastique renferment, cependant, entre elles des
arts intermédunres qui sont comme autant de nuances pour arriver aux tons tranches,
comme autant d'échelons nécessaires pour passer aux trois grandes masses :
ainsi entre l'architecture et la statuaire se place la sculpture, degré intermédiaire
qm touclie a la première par la base et l'élévation, à la seconde par le contour et
Je modelé : Entre la statuaire et la peinture, sont le bas-relief et la gravure. Enlin
la peinture elle-même, modifiée, devient l'écriture : Mais pour bien comprendre cette
marche de l'art plastique, il faut remonter à l'origine des sociétés.
« I^'l'omnie sauvage dut construire d'abord sa demeure, l'orner ensuite (la
peindre), enlin la couvrir de dessins, (souvenirs ou <les faits de sa vie, ou des visages
de ses aïeux); puis, quelquefois, à défaut des uns et des autres, de ligures fanfasques,
hlles du caprice et de l'imagination : Si de l'individu nous passons à la famille,
on comprend que les peuples, par un besoin instinctif de réunion, durent batir des
edifices, des monuments gigantesques, soit en l'honneur de quelque grande bataille
gagnce, de quelque traité conclu ou de tout autre événement extraordinaire : V cerlaines
époques on dut s'assembler autour de ces oeuvres colossales, soit pour y renouveler
alliance, soit pour des réjouissances communes et solennelles, mais surtout
pour y béni r PEternel des bienlaits versés sur la lerre. Voilà lorigine de Parcliitecture.
« Certaines actions particulières à une contrée, certains centres de peuplades
necessKèrenI des constructions analogues; seulement, comme leur influence devait
être beaucoup plus restreinte, ces constructions ne s'adressant qu'à une tribu ou à
une lamilie furent plus petites et se réduisirent insensiblement à l'état de colonnes,
de statues. De là vint la sculjtture.
« Enfin, le besoin de répandre au loin, de retracer aux yeux quelque fait éclatant ou
les traits de quelques héros renommés, donna naissance à la peinture, qui ne servil pas
seulement à orner l'intérieur des temples, mais encore à jeter à l 'extérieur des connaissances
utiles; et c'est lorsqu'une communication plus intime, une nécessité absolue de
relations étroites et resserrées, exigea des représentations multipliées d'objets importants
et essentiels; que l'intérêt et le besoin modifièrent la peinture au point de la
i a i r e devenir écriture : Mais alors, après avoir servi à la renommée des (^uts, elle servil
aussi, a la })ropagation des j)ensées.
« Sous ces différentes transformations, il ne faut pas oublier de remarquer <,ue
ia matiere se spiritualise, pour ainsi dire, jusqu'à venir elle-n.ên.e à l'état d'idéeet
que de naturel l'ai-t devient humain, et enfin divin.
APEHÇU GÉNÉRAL SUR L ' É T A T DES BEAUX-ARTS. 01
« Ces trois grands pas de fart i>lastique sont mai'iinés par Irois créations ou
représentations : le mythe plastique, le symbole et rhiéroglyphe, qui plus tard (ievienl
lettre. La matière elle-même semble s'ennoblir et se purifier à mesure que fart,
s'élève et se divinise. D'abord c'est une simple pierre qui représente la Divinité et à
laquelle on sacrifie; telle est l'origine des autels : peu à peu on donne à ces pierres
la forme d'animaux, d'hommes; et c'est alors qu'on érige dans les temples les statues;
enfin on multiplie ces dernières et l'on couvre les murs et les jilafonds
d'images : ou voit les dieux d'abord assis, les mains, les bras et les jambes collés,
])uis debout à l'état de termes ou de cariatides; enfin l'ai't se débarrasse des liens terrestres
et la statue marclie, vole pour ainsi dire, et les couleurs de la vie viennent
ranimer et la rendre plus belle.
« .\u commencement la matière des figures est de peu de ])rix : c'est d'abord
le granit, l'argile, le bois, la pierre qui sont utilisés; puis vieiincnl le marbre, le
porphyre et l'aibâire; enfin l'ivoire, l'argent, l'or, ne se trouvent pas être assez jirécicux;
et ce sont les végétaux, le lin, le papyrus, etc., qui fournissent les moyens
de rendre toutes les rei)résentations plus délicates et plus tlnies.
« Il n'est pas jusqu'au prêtre lui-même qui ne semble suivre l'art dans ses
diverses phases de spiritualisation. D'abord le mariage ne lui est pas interdit; puis
il ne s'oblige au célibat que jusqu'au moment où il prend une femme: enfin se
dégageant peu à peu de la terre, anéantissant })ar la force de l'àme l'impérieuse
sensualité, il s'oblige à une chasteté éternelle.
« Les trois faces de l'art s'étant donc développées dans un ordre parallèle :
matière, homme, esprit; la vaste unité trinitaire s'est modifiée simultanéinent ; et
l'écriture ou la parole à l'état de fait, puissani moyen de communication entre les
hommes, lien universel de fraternité entre les esprits de la terre; la parole ne
faisant plus qu'un, et se confondant avec la leltre, ferme alors le cercle de l'intelligence
humaine.
« Ainsi l'homme présente dans toutes ses manifestations vraies l'empreinte de
son principe, de Dieu; et il en est l'expression dans l'univers physique et dans l'univers
intellectuel. La science est l'enveloppe invisible de l'art, comme la forme ou
matière en est l'enveloppe sensible; l'amour est le feu sacré qui le vivifie : l'accord
de la science el, de l'amour donne à l'artiste la foi qui donne à l'oeuvre l'éternilé.
« La nature étant l'ouvrage de Dieu, l'art, ouvrage de riiomme, n'est d'abord
qn'imilation : aussi rhoiume passe-t-il du réel à l'idéal, et de ce dernier état au vrai.
La science, raniour, la foi, président à ces trois développements : la science agit
principalement sur le réel ou jiositif; l'amour ou l'inspiration, aine de l'art, crée