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L'AUT ÉGYPTIEN.
.encontre dans les pays en.rc la Chine et l'Égyplo. En Europe, l'écriture est d or.guie
sénuli.ine; les Grecs ont pris leur écriture aux colonies phéniciennes, quonpie leur
langue soil dérivée du sanscrit; et tous les alphabets de Fltalie dérivent de ceUu des
r,,ecs Les Gernuiins, les Gaulois n'écrivaient pas : les Phocéens, originaires de 1 As.e
Mineure, s'étant établis à Marseille, l'alphabet grec passa dans la Gaule.
.Quant au langage purement figuratif, s'il est resté chez quelques peuples purement
idéographique, il est devenu alphabétique chez les autres. Aussi, devant une
inscription hiéroglyphique, s'aperço.t-ou que la langue parlée n'a pas ete sans
influence, et que les hiéroglyphes ne furent bientôt plus que le patrimoine de quelques
uns, du petU nombre : La marche même du système hiéroglyphique prouve
qu'à une certaine époque U n'était plus intelligible pour tous; comnre .1 en est chez
nous du latin, aujourd'hui compris seulement d'une faible minorité.
Ce qu'il faut, surtout, remarquer, quant aux signes employés dans l'écriture hieroolvphique,
c'est qu'ils ont été empruntés (ceux au moinS qui représentent des objets
phvsiques) à la vallée du Nil : La zoologie égyplienne a fourni au système hieroglyphïque
la plupart des signes dont il se compose. Ici se montre, de nouveau, le caractère
d'originalité et d'indépendance que nous avons déjà constaté à propos du calendrier,
on'^des autres détails de la civilisation égyptienne.
Toutes les recherches qu'on avait faites, en ce qui concerne les hiéroglyphes,
jusqu'à Champollion, n'avaient conduit à rien, parce que les méthodes employées
pour en pénétrer le sens et la signilication étaient arbitraires, et partant vicieuses.
Chacun V vovait ce qu'il voulait y voir : les uns des symboles astronomiques, les
autres des analogies nombreuses avec les caractères de l'écriture chinoise; il y en
avait même qui y reconnaissaient des préoccupations bibliques.
La vraie méthode, la méthode scientifique ne devait naître que le jour où l'on
aurait découvert un monument bilingue, offrant la tradiictiou d'un texte égyptien
en langue connue. La découverte de l'inscription de Rosette, en 1799, causa une
véritable surprise; on s'était imaginé, alors, avec Jablonski et Zoëga, que le langage
hiéroglvphiqne avait disparu des monuments, vers l'an 525, à l'époque de l'invasion
de Cambvse en Égvpte. Le texte même de l'inscription est venu donner un démenti
formel à^cette opinion accréditée; puisqu'il en résultait que le texte du décret des
prêtres en l'honneur de Ptolémée Épiphaiie se trouvait être transcrit en deux langages,
l'Égyptien et le Grec, et en trois caractères différents; savoir, l'hiéroglyphiiiue
hiératique ou sacré, l'hiéroglyphique déniotique ou populaire, enhu la lettre grecque
ou officielle; en même temps (lue par ces trois inscriptions, traduites l'une de l'autre,
il se trouvait ne représenter, au fond, qu'une seule et même inscription.
I N T R O D U C T I O N lltSTOUlQIiE
Ce fait capital promettait aux savants d'utiles découvertes; malheureusement
ri„scriptiou hiéroglyphique était mutilée; il n'en restait guère que les deux tiers.
.Vussi les points de comparaison ne suflirent pas. Les premiers efloiUs lurent donc
inlructueux, ce qui permit aux systématiques partisans de l'opinmn de Zoega et de
J,blonski sur la disparition des hiéroglyphes dès le temps de Cambyse de soutenir
'nue l'inscription hiéroglyphique n'était qu'une supercherie de la part des prêtres,
quoique Akerblad eût fait remarquer que la partie inférieure de l'inscription h.eroolvphique
était en rapport avec l'inscription grecque.
" ' s y l v e s t r e de Sacy s'était chargé d'étudier l'inscription démotique; mais il supposa
par erreur, de même qu'Akerblad, que cette inscription était puremeul
alphabétique, ce qui lit qu'il ne put faire que des rapprochements plus ou moins
ingénieux. Thomas Young vint ensuite, et fit faire un pas à la question : il avait compris
qu'il devait y avoir analogie entre la manière des Égyptiens et des Chinois pour
représenter les noms propres étrangers. Les Chinois en effet, lorsqu'ils ne peuvent
exprimer idéographiqiiement des noms propres étrangers, imaginent des signes auxquels
ils ne donnent qu'une valeur phonétique, sans s'occuper de la signification
idéographique de ces signes; ils forment ainsi des rébus, dans lesquels chaque signe
corrLpond à une syllabe, parce que leur langue est monosyllabique. Partant de ce
fait, Young remarqua le cartouche de Ptolémée, et y appliqua le principe de l'écriture
cliinoise; il fit la même chose pour le nom de Bérénice. Mais il ne put aller
au delà de ces deux noms; ce qui fit qu'en 4821 on désespérait encore de trouver
jamais la clef des hiéroglyphes. Néanmoins, lorsque Champollion fit sa découverte,'
les Anglais réclamèrent la priorité pour leur Young, quoi([ue Sylvestre de Sacy et
Arago eussent prouvé que Young, en suivant la voie où il s'était engagé, n'avait pu
aboutir à rien : La seule idée ([ui lui appartienne réellement, est d'avoir cherché
dans les cartouches des éléments alphabéticiues.
Ce ne fut qu'après de nombreuses tentatives que Champollion parvint à sa belle
découverte, qui a commencé une ère nouvelle pour les études égyptiennes. Dans un
travail curieux, qui indiquait la nature de l'inscription de Rosette, il démontra (182!)
qu'il y avait trois caractères chez les Égyptiens : les caractères hiéroglyphiques, qui
ne se trouvent que sur les monuments; les caractères hiératiques, qui ne se trouvent
pas sur les monuments, mais qui abondent dans les écritures : cc sont des signes
hiéroglyphiques abrégés, car l'écriture dite hiératique n'est réellement qu'une tachygraphie
de l'écriture hiéroglyphique (c'est ce que Champollion a fait ressortir clail'cinent
du rap]irochcnient ([u'il a fait des deux écritures); enfin, les caractères
déinotiques, qui sont une dégradation de l'hiératique.