L ' A R T ÉGYPTIEN.
temple de Khons à Karnak, des elTorls leulés, par les souverains de celle dynaslie sacerdotale,
pour l'aire revivre les splendeurs de l'art égyplien.
Le nouvel élan pris ])ar les arts sous les qualre premières dynasties du nouvel
empire subit un arrêt manifeste jusqu'à la xxvi'= dynaslie sous laquelle, grâce aux eftbrls
des Saïles et de Psammétik, Fanii des Grecs, la statuaire finit ])ar se relever. Mais ici,
ce ne sont plus des colosses, ce sont des oeuvres d'nne dimension humaine, ou
même moindre que grandeur naturelle, qui excitent notre admiration. Outre plusieurs
s t a t u e s conservées dans les musées d'Europe (car il n'y a plus guère que là qu'on en
trouve) il faut citer qualre statues, entre autres celle du Scribe, deux bustes du musée
du Louvre, el enfin deux fragments de têle dans la collection d'Âmbras à Vienne en
\ u l r i c l i e . Dans tous ces spécimens de l'art saïtiqne, il y a line élude bien marquée
des formes individuelles qui nous frai)pe à première vue : on y observe égalemeut nu
lini et une délicatesse de travail qui surprennent autant que Tabsence i)lus ou moins
complèle des défauts produits par l'imitation servile des types plus anciens, qui clio-
(luaienl dans les sculptures au commencement du nouvel empire. Les caractères, [que
possèdent en commun les oeuvres citées, leur assignent seuls la même époque d'origine;
car la plupart n'ont aucune inscription hiéroglyphique qui accuse uettemenl
leur date. Quant aux deux fragments de Vienne, en leur qualité de portraits, ils ne le
cèdent à aucun portrait des meilleures époques de rantiquité.
Le dernier soupir de la statuaire égyptienne s'exhale dans le torse en basalte vert
conservé à la Bibliothèque nationale, et ce dernier jet de l'art pharaonique est un cheld'oeuvre
qui n'a été surpassé par aucune sculi)lurc des temps les i)lus fiorissanls de la
monarchie pharaonique. Celte oeuvre unique contraste d'une façon incroyable avec les
oeuvres pitoyables de cette époque où le type égyptien s'altèi'c, s'alourdit et donne naissance
au style jitolémaïque.
La statuaire du temps des Lagides n'a laissé aucun vestige en Egypte; les meilleures
statues qu'on en connaît sont celles de Ptolémée et d'.Vrsinoc Pliiladelplies, conservées
au musée du Vatican.
l.es statues égvptiennes étaient toujours polychromes. Non-sculemenl les statues de
calcaire cl de grès étaient coloriées, mais môme celles de basalte et de granit. Cet usage
remonte aux plus anciennes é])oques de l'art et s'est i)erpétué sous la restauration et la
renaissance égyptiennes : on sait qu'il en était de même en Grèce, où le prestige de la
couleur fut employé par les statuaires de la grande é])oque pour relever l'elTct du modelé
el augmenter la portée spiritualiste de leurs oeuvres.
C'est à cette passion pour la couleur qu'on doit les iucrustations <lc diiïérenles
pierres dans les statues monochromiques, où l'on remarque ([uelquefois des yeux cl des
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ornements faits d'autres matières. Cet emploi des couleurs artificielles, remis en honneur
au moyen âge par la sculpture chrétienne, quoique déchu mainlenant ou plutôt
improprement regardé comme un signe de décadence, se justihait cliez les Egyptiens,
encore plus que chez les Grecs, par la transparence du climat et l'éclat d'un soleil dont
rien ne peut surpasser la magie.
Dans les temps les plus reculés, les slatuaires s'étaient aussi ajtpliqués à reproduire,
dans de justes proportions, les images des Dieux placées trop au fond des sanctuaires
pour donner satisfaction à la piété de tous les fidèles. Ces figurines, en toutes sortes de
matière, et exécutées avec soin, permirent à tous les dévols de posséder, chez eux, leur
divinité favorite à l'instar des Dieux lares. Enfin il y avait encore celles que la reconnaissance
et la flatterie faisaient exécuter à l'image du Pharaon : c'est à ces motifs (jue
sont dues tontes les figurines qui décorent de nos jours les musées en si grand nombre.
M T I T U D E DES STATUES.
Longtemps encore après que les artistes eurent essayé de réunir, dans un seul
ensemble, toutes les parties d'une figure, d'un individu quelconque, la statuaire
continua à être grossièrement exécutée; les bras étaient représentés placés le long
du corps, tandis que les cuisses et les pieds se voyaient soudés ensemble : quoi-
(pi'il n'y ait pas en que chez les Égyptiens que ce phénomène se soit produit;
puisqu'il est, chez tous les peuples, comme le signe de l'enfance de l'art, les
Égyptiens, seuls (à l'encontre des Grecs, par exemple, qui, on le sait, s'affranchirenl
[u'omplement de ce type grossier), continuèrent, sauf de rares exceptions, à suivre
les modèles imparfaits de leur art statuaire primitif jusqu'aux dernières époques
de leur civilisation, el se trouvèrent constamment, en raison de ce fait, empêchés
de parvenir à l'excellence en sculpture : on comprend, dès lors, pourquoi ils avortèrent
toujours dans la beauté idéale comme dans le mode de représenter les positions
naturelles du corps.
11 nous sera facile, par suite, d'énumérer les diverses poses de la statuaire
égyptienne; car elles se trouvaient fort limitées; ainsi, la statue d'un guerrier n'était
jamais sculptée dans l'une quelconque des altitudes variées de l'attaque ou de la
défense, elle était toujours représentée droite et roide : il en était de même iiour
celle d'un prêtre, et, dans l'une comme dans l'autre, les muscles n'étaient guère
plus accentués que dans la statue d'une femme.
Une statue assise (homme ou femme) était exécutée avec les mains placées
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