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Les pyramides qu'on voit aujourd'hui en face du Kaire, sur le plateau qui domine la plaine de
Gizeh, sont les plus anciennes constructions qu'il y ait en Égypte, où elles excitent Tétonnement
et l'admiration des hommes. Les trois principales portent les noms de Ghéops, Chéphren et
Mycérinus.
La plus grande et la plus célèbre, celle du roi Ghéops, le Schoiifou des légendes hiéroglyphiques,
fut dépouillée tout à fait de son revêtement en 1395, sous le soultan Barqouq. Elle présente
aujourd'hui une véritable pyramide à degrés, dont les énormes assises sont formées de
pierres calcaires inégales, maçonnées avec un mortier composé de chaux, de terre et d'argile.
La première assise est encastrée dans le rocher même, qui a été aplani et taillé régulièrement
en forme de socle. La plate-forme qu'on voit maintenant au sommet a environ 3 0 mètres de côté,
et s'accroît constamment par les dévastations de l'homme, bien plus que par l'elfet du temps.
Quoique les savants ne soient point d'accord sur la manière dont cette pyramide et celles
qui l'avoisinent se terminaient au sommet, nous n'hésitons pas, d'après la pyramide de Daschour
et les représentations figurées, à affirmer qu'elles étaient toutes couronnées par un pyramidion
monolithe.
On a publié des mesures fort différentes de cette pyramide. Pour obteuir la largeur exacte
de la base, il a fallu la déblayer des amas de sable et de décombres qui avaient élevé autour
d'elle le terrain de plusieurs mètres. La mesure prise alors, d'angle en angle, par le général
Grobert, a donné 728 pieds ou de largeur à sa base. Pour avoir la hauteur perpendiculaire,
il a eu recours au procédé le plus pénible, mais le plus simple et le plus infaillible : il a
mesuré la hauteur partielle de chaque assise ou de chacun des degrés par lesquels on peut
arriver aujourd'hui au sommet; il en a formé une table qui indique la dliférence de hauteur des
205 assises qui composent ce monument; assises dont la hauteur varie depuis un pied jusqu'à
quatre, sans ordre établi dans l'emploi de ces différentes dimensions, que le hasard a contribué
seul à entremêler. L'addition de toutes ces cotes partielles donne pour hauteur verticale, dans
l'état où il se trouve actuellement, hh" pieds ou l/i5'",20. Les mesures que nous donnons ci-après
sont traduites des mesures anglaises publiées par les ingénieurs Andrews et Perrlng. L'ensemble
des degrés, ou la hauteur verticale de la pyramide de Ghéops, atteint aujourd'hui 137"",30, et
sa largeur à la base, 227"\37. Lorsque la pyramide était intacte et revêtue de calcaire blanc
compacte, dont on retrou\'e encore quelques pierres en place, sa basse n'avait pas moins de
232 mètres, et sa hauteur verticale devait atteindre lIiQ mètres.
Sur la face nord-est, à la hauteur de la quinzième assise, c'est-à-dire à 15 mètres environ
au-dessus de la base, on remarque une espèce de portail auquel on parvient par un monticule
de sable et de débris. Au-dessous de ce portail, formé de grandes pierres posées en chevron pour
servir de décharge à la masse supérieure, se trouve une ouverture carrée par laquelle on
descend dans l'intérieur de la pyramide. Ce couloir de 1",82 de large sur autant de hauteur,
et long de 36 mètres, conduit, suivant une pente d'environ 26% à un petit repos, où l'on
rencontre deux blocs de granit qui fermaient ce conduit mystérieux. Les fouilleurs, arrêtés par
cet obstacle, ont tourné autour des blocs, et forcé un passage dans le massif de la construction.
Les parements du canal que nous venons de descendre, ainsi que ceux dont nous allons parler,
sont formés par des pierres calcaires soigneusement appareillées. Au point où nuus sommes
parvenus, le couloir se bifurque dans la hauteur : le premier continue à se diriger, suivant sa
pente primitive, au centre du monument, vers une salle inachevée et taillée dans le roc; le
second prend une direction ascendante, dont la pente, en sens contraire, est aussi raide que
celle du premier ; il a les mêmes dimensions, sur une longueur d'environ mètres. En
descendant, on parvient à un palier d'environ 3 mètres, où se trouvent deux autres conduits :
un horizontal qui mène à la chambre dite de la Reine, un autre, beaucoup plus grand, faisant
suite à celui qu'on vient de quitter; et un peu à droite, un conduit vertical, irrégulier, taillé
comme un puits. Son ouverture, de forme ovale, a dans sa plus grande largeur un peu plus d'un
mètre : on y descend au moyen d'entailles pratiquées aux côtes opposés pour placer alternativement
les pieds et les mains. On parvient ainsi, tantôt perpendiculairement, tantôt en suivant
plusieurs coudes, à l'entrée de la chambre souterraine, dont les travaux ont été abandonnés,
probablement pour construire une salle sépulcrale plus digne du monument, qui prenait avec
les années des dimensions colossales.
En revenant au palier, si l'on suit le couloir horizontal de 38 mètres de longueur, on arrive à
la première salle, dite de la Rdne. Les murs sont en granit t le plafond, en forme de toit à double
pente, est bâti avec de grandes travées de granit, qui se réunissent, s'arc-boutent au milieu de
l'angle. Gette disposition, qui tient lieu de voûte, lui a été donnée pour mieux soutenir le
massif. Du reste, cette chambre, qui a environ 6 mètres de longueur sur 5™,30 de large,
n'est décorée d'aucune architecture, et l'on n'y remarque aucun vestige de sarcophage. Si
cette pièce était destinée à contenir une autre momie que celle du roi, il y a eu probablement
intervalle entre les deux décès, et des blocs de granit ont dû clore immédiatement toute
communication.
Revenons sur nos pas à l'entrée du couloir horizontal où commence le grand corridor par
lequel on monte à la chambre principale, appelée salle du Roi. Le bas de ce passage, auquel on
parvient en se hissant de quelques pieds, est divisée en trois parties : deux forment banquettes
le long des murs; la troisième, celle du milieu, présente un couloir dont la largeur est de
l'",0/i7 sur 0'",758 de haut. La largeur des trois parties au-dessus des banquet tes est de 2-,003,
et la longueur totale de la galerie est de 58™,50. Ge couloir, de 20 mètres de hauteur, est formé
de neuf assises qui suivent la pente, et dont les sept rangs supérieurs posés en encorbellement
ont une légère saillie, de façon que l'espace diminue insensiblement, et se trouve réduit au
sommet à la largeur des couloirs. Arrivé à la fin de cette majestueuse galerie tout eu granit,
on trouve un palier qui précède l'entrée d'un conduit horizontal, bas et étroit comme le premier
couloir. Au delà s'élève une espèce de vestibule, dont la hauteur est divisée par des rainures
verticales, espèces de coulisses où devaient s'engager des dalles de granit, afin de masquer et
de clore à jamais le passage de la chambre sépulcrale.
Gette salle, la principale du monument, est bâtie tout en granit : elle a 10"',295 de long sur
5 - , l ù 7 de large, et 6 'M17 de hauteur. Les murs sont formés de six assises égales qui régnent
tout autour, et le plafond est composé de neuf grandes pièces de granit qui portent sur les deux
murs opposés dans le sens de la largeur. Tous ces blocs sont d'un appareil si soigné, qu'on
distingue à peine les jointures. Vers l'extrémité occidentale del à chambre, à droite en entrant,
se trouve un sarcophage de granit dénué de sculptures, espèce de cuve de 2-,273 de long sur
près d'un mètre de large (0,97/i), dont le couvercle a été brisé et dispersé. On remarque dans
cette pièce, sur les parois nord et sud, deux petits canaux ascendants qui ont été ménagés pour
servir probablement de ventilateurs, et procurer un peu d'air aux ouvriers employés dans ces
vastes constructions.
Au-dessus de la salle royale, on a trouvé, en 1763, une autre pièce très-basse qui servait
seulement de décharge au plafond de la chambre sépulcrale ; et les récentes recherches des
explorateurs anglais ont fait découvrir quatre autres pièces, superposés dans le môme but, et
dont la dernière est couverte par des blocs arc-boutés l'un contre l'autre en chevron, de manière
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