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m L'ART ÉGYPTIKN.
Cependant quoique nous n'ayons, en Tait de monument s qui soient eontemporains
des douze ]>i'eniièi'es dynasties, (jne des construct ions funéraires, nous y trouvons, d('jà
développés, tous les élémenls architectoniques qui furent eiujdoyés plus tard, môme
après la j)ériode pharaonique : Ainsi, dans quelques tablettes funéraires de la IV' dynaslie,
il est facile de reconnaître le pylône, forme principale de la façade des temples,
rej)résonté avec ses accessoires décoratifs le tore et le cavet ; tie façon à faire penser
(pie postérieurement on n'a fail antre chose que doubler le i)ylône, et placer au milieu
la jjorle qui se trouve elle-meme souvent indiquée dans ces tablettes des tombeaux.
J1 y a lieu de penser également que les obélisques posés à l'entrée des temi)les sont
une réminiscence, et que les Sphinx même qni ornent, en si grand nombre, les avenues
des temples de la XVIIP dynastie pourraient remonter à cette époque.
La conformat ion des mur s avec lenr pente extérienre est prise du talus des tombeaux;
il en est de même pour les colonnes disposées en portiqne, ou en support dans
les stalles ; on les voit dans les anciens hypogées, où se trouvent déjà tontes les formes
des fùls et des chapiteaux postérieurs, sans en excepter même, et le chapiteau à tète
d'IIathor, et le chai)iteau dactyliforme.
Nous affirmons donc que, dès ces premiers temps, tous les éléments essentiels des
monuments de la dynastie des Lagides, étaient déjà découverts et mis en pratique dès
les premiers temps de la nuMiarchic pharaonique (jui produisit deux des merveilles du
monde antique : les pyramides et le labyrinthe (et cela à une époque où tous les autres
peuples étaient encore dans la barbarie) ; et que les progrès probables, ({n'annoncèrent
sans aucun doute, ceux déjà accomplis, ont été paralysés par l'invasion des Ilyksos,
sous la domiiuUion desquels l'élan des beaux-arts fut comprimé, et réduit à la llaulel']
gy|)te, où ils ne cessèrent heureusement pas d'exister un peu, comme nons le prouvent
les débris, dispersés çà et là, dont l'emploi a été utilisé ]»lus tard, dans les
monuments plus récents.
Un profond désir de vivre dans l'histoire, et de jouir, après la mort, d'une grande
renommée, semble avoir été l'idée universellement répandue dans Fancienne Egypte.
Cela est attesté, du reste, par l'incroyable quantité de monument s de tout genre qui ont
été découverts dans la vallée du Nil. Les princij)ales villes étaient ornées et embellies
par un grand nombre de temples et de palais; les plus jjetites villes et même les
bourgades avaient au moins un temple; et tous ces divers édifices se trouvaient plus ou
moins décorés de statues de dieux et de rois, taillés quelquefoi s d'une grandeur colossale
dans les matériaux tes plus coûteux. Il y a plus, les murailles, au dehors comme au
dedans, étaient couvertes d'inscriptions et de bas-reliefs coloriés, entretenus avec soin.
Ces édifices i)ublics étaient la passion et Torgueil des rois; de leur C(jté, les pcr-
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sonnages les plus opulents, les gens de la classe des artisans eux-mêmes, rivalisaient
e n t r e eux, pour les soins et les égards dus aux morts, en élevant et en décorant des
tombes splendides; où se pratiquait le culte des ancêtres : On ne peut pas craindre
d ' ê t r e taxé d'exagération, en alTirmant qu'eu cela les anciens Egyptiens ont surpasse,
non-seulement les Grecs et les Romains, mais tous les autres peuples <le l'antiquité,
sans exception.
A l 'abondance et à la beauté de ces ouvrages d'art, il faut ajouter le soin extreme
qu'ils y appor taient pour assurer leur durabilité, soin qui était évidemment en rapport
étroit avec leurs croyances religieuses. Les deux grandes ]»yramides de Gizeh, qui ne
sont, en fait, que deux montagnes artificielles, construites a v e c des blocs grossièrement
taillés dans le roc sur lequel elles s'élèvent, et dans les(pielles ont été ménagées de si
l>clles chambres sépulcrales, ne semblent-elles pas avoir été érigées comme pour
figurer deux piliers destinés à soutenir toute l'histoire de l 'humanit é !
Nous ne saurions trop le répéter, Tintention particulière et absolue <iui se dégage
des ruines de toutes les oeuvres architectoniques des anciens Égyptiens, soit qu'ils
aient édifié des nefs immenses pour leurs solennités religieuses ou civiles, soit qu'ils
aient excavé d'innombrables chambres sépulcrales, soit qu'ils aient, enlin, construit
pour les vivants ou pour les morts, est bien celle-ci : Édifier des ouvrages qui puissent
durer à jamais.
Le royaume égyptien Lagide, eu restaurant uue domination nationale dans toute
rÉgypte, donna une nouvelle vie aux beaux-arts anéantis par les barbares. Ce fut encore
à rarchiteclure, le plus ancien des arts du dessin, qu'échut le rôle le plus important,
parce qu'elle est aussi la première qui peut s'emparer des élémenls déjà inventés, pour
former avec leur connexion des oeuvres complètes et qui permettent de f rapper l'imagination
par lenr importance; et, de ce fait, que les éléments du passé avaient laissé
debout des édifices imposants, il résulte que ceux qui furent édifiés sous cette renaissance,
le furent aussi dans de telles proportions qu'ils ue furent jamais surpasses,
depuis, en grandeur.
On pourrait croire que ce caractère inné du colossal fut inspiré aux Egyptiens, par
leur contrée même, par cette longue vallée que sillonne un seul fleuve, (qui commence
ailleurs, que bordent , de chaque côté, d'immenses déserts, et qu'éclaire constamment un
ciel d'azur qui semble encore agrandir l'espace), puis encore par ces pyramides, déjà
existantes et d'une hauteur prodigieuse, qui devaient nécessairement les entraîner à
repousser tous les projets de constructions qui ne pourraient rivaliser avec elles par le
grandiose de caractère; et cela dans u n temps où des conquêtes eu Afrique et en Asie
augmentaient, constamment, les ressources du pays, par les tributs des jieuples subju-
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