418 NOTICES DESCRIPTIVES.
sur le mur septentrional de la salle hypostyle du grand temple de Karnac. iMonté sur son char
de bataille et tenant encore en main sa harpé et son arc, le pharaon revient triomphant d'une
expédition contre les Khétas dont on voit quelques têtes saillir du char, où quatre de ces malheureux
sont attachés. Les chevaux ont la tête empanachée, le corps couvert d'un léger harnais et
d'une longue housse, jadis décorée d'ornements peints qui n'ont pu résister aux injures du temps,
ils forment un attelage désigné par un nom particulier dans l'inscription qui les surmonte où ils
sont appelés : « Les premiers chevaux de sa majesté; Een nacht Ameii (1). »
Je trouve ici la preuve que les Égyptiens, qui dessinaient si bien les animaux domestiques ou
sauvages, n'ont jamais réussi à faire un cheval passable. Les têtes manquent d'expression, les
croupes ont trop de roideur, ainsi que les jambes, tandis que les mouvements sont.trop guindés;
on dirait des chevaux de bois ou des jouets d'enfant.
BAS-RELIEFS FUNÉRAIRES. — Nécropole de Thèbes. — xix" dynastie.
Dans le n" 1, la scène, tirée d'une longue procession funèbre, représente une famille éplorée,
les mains placées sur la tête et adressant ses derniers adieux à une momie qu'on va déposer au
tombeau.
Le cercueil, en forme d'hermès couronné du cône funéraire, est adossé à une stèle contre
laquelle on voit le symbole de l'Occident (la terre des morts), l'Amenthès personnifié, armé de
deux longs bras qui se sont déjà emparés du cadavre et ne le rendront plus. Derrière toute cette
famille qui se dolente ou pousse des cris accompagnés de gestes pathétiques, deux prêtres, revêtus
d'une peau de léopard, brûlent de l'encens ou font des libations devant la momie, achevant ainsi
la cérémonie des funérailles.
Au-dessous, on voit divers ustensiles appartenant au défunt mêlés à des offrandes. Plus loin,
un autre prêtre enregistre le dépôt de la momie dans la nécropole de Thèbes, d'où ce bas-relief
est tiré.
Le n" 2 représente une danse funèbre exécutée au son du tambourin et probablement accompagnée
de chants apologétiques et d'hymnes lugubres ou nenioe, ainsi que le dit Diodore de Sicile.
Deux jeunes filles nues, la tête ornée de longues tresses, comme les baladines, semblent régler
la danse au son d'une espèce de crotale. Deux hommes, les mains étendues, imposent silence à
une foule tumultueuse et bruyante qui rappelle les danses funèbres exécutées encore aujourd'hui
dans la Thébaïde.
J'ignore la date de cette stèle dont il ne reste que ce fragment conservé au musée du Kaire ;
cependant, à en juger par le style, elle doit appartenir à la xix-^ dynastie, époque où les artistes
donnaient une tournure maniérée aux figures de femmes et leur prêtaient, avec plus de mollesse
dans les contours, un allongement exagéré, une sveltesse impossible. La sculpture en est grossière,
négligée ; mais il y a du mouvement et de la vérité dans les poses.
Quiconque a parcouru la vallée du Nil peut se rappeler des scènes semblables ; il sera donc
frappé de ce naïf tableau où la douleur est rendue par des poses et des gestes qui sont restés comme
un type de la race égyptienne.
(0 Les coursiers de Ramsès II, dans sa campagne contre les Khétas, s'appelaient « Puissajics en Thébu'ide.
»
PEINTURE
GROUPE ICONIQUE DE TEÏ ET DE SA FEMME. — Nécropole de Memphis. — ^^ dynastie.
Ce qui attire la vue tout d'abord dans cette planche, c'est le fond de sparterie sur lequel
se détache le groupe de Teï et de sa femme. C'est en effet la partie la plus remarquable, parce
qu'elle nous montre quelle fut l'origine des ornements qui décorent les murs et les plafonds
des tombeaux : les carrés, les losanges et les chevrons que présentent ces nattes ont été les premiers
motifs de décoration en dehors de la symbolique usitée généralement dans les temples.
Je n'ai rien à dire sur ce beau groupe que le spectateur ne puisse apercevoir lui-même. La
différence de proportion, qui se remarque entre les deux personnages, a pour cause l'état de
subalternité auquel la femme était encore réduite à cette époque reculée; et cependant celle-ci,
nommée Nofrehotepes, prêtresse fà Neith) d'Hathor, et parente du roi, était assez aimée et considérée
de son mari pour que celui-ci lui fît ériger une chapelle particulière.
Ces deux personnages sont d'un bas-relief méplat qui se distingue à peine du fond sur lequel
est peinte la natte. Les couleurs de l'original ont bien toute la fraîcheur indiquée par la chromo.
J'ai calqué et fait colorier ce tableau peu de mois après qu'il eut été rendu à la lumière, grâce
aux fouilles ordonnées par Saïd Pacha pour former le musée du Kaire. Le tombeau qui le possédait,
enseveli sous les sables au nord du Sérapéum, avait déjà été démoli en partie, pillé,
saccagé anciennement; mais une des principales pièces éuait encore merveilleusement conservée
et présentait dans toute leur intégrité les plus beaux spécimens de l'art de cette époque. Ce
vaste sépulcre, qui n' a pas su préserver les restes de celui qui l'avait fait creuser et bâtir, nous a
donc conservé, à travers /lO siècles, trois ou quatre images intactes et fidèles de son fondateur,
Teï, haut fonctionnaire de sang royal, qui paraît avoir vécu sous le règne de Kaké de la
V" dynastie.
ARRIVÉE D'UNE FAMILLE ASIATIQUE EN EGYPTE. — Beni-IIaçen. — XIR dijnastie.
Les hypogées de l'ancienne Nefrous, situés auprès du village moderne de Beni-Haçen, sont
aussi remarquables par les peintures qui les décorent que par leur simple et élégante architecture.
Le second tombeau, celui d'un nommé Naharse-Noumhotep, chef militaire et nomarque de
la province, est surtout intéressant, tant sous le rapport de l'art que par les précieux documents
qu'il présente pour les annales du pays.
Sur la paroi septentrionale, l'artiste a peint une suite d'étrangers présentés à Noumhotep,
par deux fonctionnaires égyptiens dont le premier est un scribe royal qui tient à la maiu une
tablette couverte d'hiéroglyphes. Le nomarque, nonchalamment appuyé sur un bâton, et entouré
de ses chiens, reçoit, sans cérémonie, des gens que la fertilité de la vallée du Nil semble
attirer en Égypte. Ces étrangers ont une physionomie particulière, le nez aquilin, le teint clair
àTexception des chefs; ils sont vêtus d'étofVes très-riches, coiiïés et chaussés comme les figures
des anciens vases grecs. Ce sont d'abord deux chefs conduisant des antilopes; l'un est nommé
Ahscha, l'autre est remarquable par une perle attachée â l'extrémité de la barbe. Viennent après
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