Il :
160 l/ART ÉGYPTIEN.
Mcii claironieiU les connaître; sanf un très-petit nombre : Comme preuve de l'interêl
qui s'y atlaclie, nous prendrons eu exemple la coutume d'après laquelle Tétendue
des hypogées royaux dépendait de la longueur d'existence du personnage qui devait
y être déimsé après sa mort.
Les tombeaux des simples particuliers avaient, quelquetbis, un avant-corps construit
à ciel ouvert, dans le but d'y pratiquer certaines cércnionies religieuses prescrites
rigoureusement : On peut s'en rendre compte par divers tombeaux de la nécropole
lie Tlièbes, édilics pendant rintcrvalle de temps qui sépare la dix-septième de la vingt
et unième dynastie, et par d'autres plus récents. Si les hypogées royaux étaient privés
de cesaréa, c'est que les cérémonies applicables aux inhumations royales avaient lieu
(huis les temples commémoratits que les Rois Taisaient élever dans les Meninonia.
Rappelons, à ce propos, que le tombeau du grand [jrétre, qui ])arail remonter
à Tépoque des Saïtes, est remarquable, aussi, par une ornementation rectiligne des
murs extérieurs, telle qu'on la voit sur quelques très-anciens sarcophages, notamment
sur celui de Mycerinus : Son avant-corps, orné d'un i)ylône construit en briques
crues, est percé d'un véritable arc voûté; ce qui ne permet plus de douter que les
Égyptiens l'aient inventé bien avant cette époque.
Toute rarchiiecture égyfitieunc était peinte; cet usage parait remonter aux
époques les plus reculées, avoir été mis en pratique dans les plus anciens monuments,
et avoir continué à être suivi, jusqu'à la lin : les colonnes, les corniches, les
l)lalonds et tous les reliefs des parois étaient peints; car les peuples primitiis
ne se contentaient pas de la Ibrine; ils exigeaient que tout fût précis, détaillé;
ils demandaient à la couleur la vérité de détails; aussi leur fallait-il une couleur
criarde et frappant fortement la vue.
Ce sont aussi les tombeaux qui nous ont conservé les quelques spécimens que
nous possédons de rarciiitecture civile des Égyptiens. Les modèles de maisons, qu'on
y trouve représentés, ressemblent beaucoup aux habitations des paysans actuels de la
vallée du Nil : Elles consistaient en quatre murs de briques crues ou en pisé, à peine
percés de fenêtres et de portes, et étaient construites à deux étages dont le dernier
se terminait en terrasse : On montait (pielquefois à l'étage supérieur ])ar un escalier
extérieur extrêmement simple : En outre, en avant du corps princi|)al il y avail
une cour formée par trois murs moins élevés (|ue ceux de la maison.
11 paraî t rai t que l'élément dont on lirait les formes les ])lus élégantes, dans les
demeures des particuliers, était le bois. Nous sommes d'autant i)lus autorisés à le
croire, que les peintures des tombeaux représentent des édicules ou des pavillons en
bois, pour lesquels il aurait été d'usage de se servir, comme formes de construction, de
A!u:ditTi<:r;ruin<:. m
procédés tout à fait contraires aux formes <le la construction en pierre; piusqu'a la
place des colonnes courtes cl robustes, on employait des colonnettes sveltes et
élancées avec des chapileaux évasés, qii'ornaicnl de nombreux appendices ; et ([ue, tandis
que l'entablement usité pour l'architcclure en pierre était très-aign, l'on y
appliquait, au-dessus de l'architrave, la disposition de l'ordre dorique avec des
t,iolyphes et des espaces probablement vides, qui furent plus tard ornés de metoi-es;
c'est là ce qui donnerait lieu de croire cpie dans la construction égyptienne en bois,
(telle qu'on la trouve rei.résentée par les peintures des tombeaux) les formes arcluteclnrales
adoptées étaient diamétralement les opposées de celles admises ,.our la
construction en pierre; d'où il nous faut déduire de nouveau cette conséquence,
que les Égyptiens savaient apprécier, à leur juste valeur, les caractères dilférents
des divers'matériaux; qualité qui est, éminemment, l'un des principaux mérUes
de l'art architectural.
Ce peu de mots (que nous venons de consacrer à quelques spécimens de 1 a rchi tecture
privée, par suite de ce fait que nous- n'avons pu les rencontrer que dans les constructions
sépulcrales), prouve combien, chez ce peuple, le sentiment religieux avait
laissé son empreinte ineffaçable sur toutes les créations de l'art architectural ; sentiment
indéniable, en raison duquel il ne nous est pas permis de ne pas reconnaî tre que
les seuls vrais monuments égyptiens sont les temples, uniquement les temples, qui
• é t a i ent consacrés, non-seulement au culte, mais à tout ce qui constitue la vie publique;
puisqu'alors même qu'il y avait lieu, de construire un palais, il n'était jamais poss.b e
de sortir de la forme et des règles hiératiques; à tel point que le petit pavillon de
Ramsès III, peut à peine nous révéler quelque particularité des exigences de la v.e
i)rivée de ces anciens maîtres du monde.
Aussi l'invasion des llyksos, quoiqu'elle eût amené un assez long séjour d une
horde de barbares, au milieu d'une nation déjà civilisée de longue date, ne dut-elle
pas cependant avoir la désastreuse inHuence qu'on lui a attribuée généralement, puisque
trois siècles d'oppression s'écoulèrent sans anéantir les arts de l'Egypte, et qu aussitôt
que ces étrangers eurent quitté le pays, les racines des arts indigènes se trouvèrent
encore si vivaces qu'elles donnèrent des rejetons conformes aux règles et aux institutions
qui leur avaient donné naissance. , , , ,
Les Éoyptiens durent certainement continuer à bâtir, pendant toute la dnree de la
longue i.n'ision des pasteurs, dans le goût qui leur était propre, quoique légèrement
modifié, peut-être, par les moeurs et le culte des envahisseurs; car si les arts n'avaient
pas, pendant ces trois siècles, suivi la même voie qu'antérienremcnt et obéi aux règles
qui les .lirigeaient aui-aravant. à coup sûr, il ne serait pas resté un seul spécimen de
f4l
X B
: ' •»