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108 l/ART KGYPTIKN.
PLANS, DESCRIPTION GÉNÉRALE DES ÉDIFICES SACRÉS.
P L A N S .
Nous allons aborilor la solution d'un des problèmes liisloriques les plus obscurs
contenus dans les flancs des anliquiics Égypliennes; en meine temps que celle
des (luestions (pii se posent d'clles-memes à la vue des remarquables plans d'are
i i i t e c t n r e reproduits par nos planches; savoir : quels ont été les édillcateurs de
tant de merveilleux monuments; à quelles exigences leurs oeuvres avaient-elles été
obligées de se soumettre?
Ici une courte digression ethnographique nous paraît nécessaire :
On sait qu'aujourd'hui quelques archéologues prétendent que, Canibyse ayant
porté le fer et le feu sur toute la surface de l'Egypte, lous les monuments d'apparence
pharaonique, dont son sol semble nous révéler rexistence, ne seraient autre
chose que les anciens édifices reconstruits et restitués par Alexandre le Grand et
ses successeurs les Lagides; que ce seraient, en conséquence, des architectes Grecs,
qui, serviles imitateurs du stylo antique,- en auraient été les ordonnateurs,
Tel ne saurait être notre sentiment; nous croyons que les Hyksos, api^ès leurs
conquêtes sur le premier empire pharaonique, non plus que Cambyse, après
ranéantissemenl du second empire, n'auraient pu venir à bout d'opérer une semblable
destruction, sans provoquer une universelle et formidable insurrection qu'il
était loin de leur intérêt de soulever; eussejit-ils voulu l'accomplir. Selon nous,
le sacerdoce Égyptien conserva tout son pouvoir sur tout ce qui ne touchait pas
à la direction politique générale et à la perception des tributs; et ce qui ne relevait
(pie de leur domination religieuse resta, entièrement, soumis à leur direction unique.
C'était déjà beaucoup, d'être parvenu, comme résultat de la conquête, à restreindre
leur domaine aux choses du culte; ce qui n'avait pas dû s'obtenir sans
résistance : Il en fut de même sous les Lagides, et, j)eut-être aussi, sous les Romains
(ce que nous examinerons, plus tard, en étudiant dans un ouvrage spécial ce qui
intéresse la période Romaine) qui, on ne l'ignore pas, se bornaient à percevoir les
tributs qu'il leur semblait utile d'imposer aux nations vaincues, et à entretenir, au
milieu d'elles, de distance eu distance, dans des camps fortihés, des légions entières
à titre de garnisons.
L ' a r c i i i t e c t u r e religieuse resta donc soumise aux menies règles hiératiques
(ju'aux tem]>s des pharaons; mais modiliées, cependajit, on n'en peut douter, par
les collèges des prêtres, en raison de leurs ressonrces rnnoindries: et les jdans de
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c o n s t r u c t i o n que l'on avait coutume de dresser avant l'édification de toute oeuvre
d'importance (afin que chaque nouvel édifice religieux ne pût différer en aucune
partie consacrée au culte des édifices primitifs) continua à etre en usage.
Cette explication sommaire nous permet d'affirmer, comme solution probable
de la question posée plus haut, que c'est dans leur connaissance profonde de la
géométrie que les prêtres Égyptiens, (préposés à la direction de tous les travaux qui
c o n c e r n a i e n t les édihces sacrés, et, très-probablement aussi, à celle des habitations
des pharaons, dont quelques-unes renfermaient, à la fois, un palais et un temple)
puisèrent l'idée de tracer, d'avance, le plan en surface du monument projeté, afin
de n'être jamais entraînés à des tâtonnements, et d'être toujours prêts, lorsqu'il
avait été décidé qu'on érigerait quelque temple gigantesque, à l'édifier dans les
proportions exactes exigées par les règles admises dans le collège des prêtres : c'est
à cet usage immémorial que nous sommes redevables, incontestablement, d'avoir
retrouvé, sculptées dans les bas-reliefs, les reproductions de presque tous les plans
des temples.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES ÉDIFICES SACRÉS.
Nous venons d'affirmer qu'une prescription religieuse, qui n\admetlait aucune
exception, obligeait les membres du sacerdoce, chargés de la construction des édifices
sacrés, (que ces édifices fussent simples ou magnifiques) à en ordonner toutes
les parties dans l'ordre consacré : il ne nous reste plus qu'à faire connaître quel
était cet ordonnancement?
La première question à examiner est celle-ci : Quelle était la partie de l'ensemble
à laquelle se consacraient les premiers travaux? Tout porte à croire qu'on s'occupait
d'abord de l'édification du sancUiaire; (ce qui explique comment l'on rencontre
toujours un sanctuaire entièrement édifié, alors même que le temps et les événements
ont mis obstacle à l'achèvement de l'édifice) et ce n'est qu'après ce premier
ouvrage, mené à bonne fin, que l'on passait à l'exécution des parties adjacentes;
mais, constamment, suivant l'ordre d'importance religieuse de chacune d'elles.
Il y a plus; chaque fois que le fondateur de l'édifice se trouvait être un
pharaon, un grand prêtre ou cpielque puissant et riche personnage, et prétendait
que sa divinité fût honorée par une plus splendide et plus remarciuable construction,
comme il n'était pas permis d'agir d'une autre manière, c'était seulement
par une plus étonnante vastitude, ou par une répétition, double, triple ou quadru-
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