.10 L'ART ÉGYPTlliN.
siirlace en élail ornée de bandes de couleur blaiichOj jaune ou turquoise, el Ibrmant
des zigzags jjlus ou moins superposés; mais qui ue pénélraienl pas l'intérieur entier
du verre, quoiqu'elles fussent incorporées : n'y aurait-il pas lieu d'attribuer au désir
de rendre les décorations sur verre plus parfaites (aussi bien qu'à celui de donner
à l'ornementation des i)oteries une valeur artistique plus complète), des recherches
de procédés qui auront amené la découverte de l'émail ?
Il nous paraît d'abord indispensable de menlionner l'application d'un vernis vitreux
à dilïérents objets sculptés, provenant d'une pierre d'agalmatolithe ou de stéaschite
qui ressemble à la pierre de savon des Chinois; c'était un des plus usuels procédés
de l'industrie égyptienne : les avantages, qu'on en retirait, étaient les suivants; une
])ius grande dureté des arêtes et une plus grande densité de la substance, qui, avant de
subir l'action du feu, est excessivement tendre et se manie facilement. Chaque pièce ne
devait se mettre au four qu'après avoir élé d'abord complètement façonnée par le modeleur
et après avoir été couverte d'une couche uniforme de vernis d'une seule couleur,
qui était, le plus souvent, ou le vert céladon ou le bleu pâle. Le plus ancien spécimen
en ce genre, se trouve au Bristish-Muséum : il porte la date du règne de Thoutmès
Le même procédé était suivi pour les objets en pâte dure, pour les scarabées, les
amulettes et les figurines funéraires appelées Shabti; quoique, dans ceux-ci, les ornements
soient sculptés en intaglio ou en bas-relief ; en outre la dinicullé d'employer ce
procédé pour de grandes pièces en avait forcément restreint l'usage aux petits objets
de toilettes destinés, soit à contenir le.Wm pour les paupières, soit des collyres ou des
parfums.
Les autres divers produits de l'émaillerie égyptienne ne sont presque tous que des
revêtements monoclirômes, dont le bronze et certains métaux étaient souvent les excipients.
11 existe un très-grand nombre de figurines et de métal dont les yeux, les détails
d'ornementation, comme les légendes hiéroglyphiques, gravés en creux, ont été remplis
d'un émail de diverses couleurs. Ce procédé de l'infusion de l'émail, dans les creux du
métal^ paraît avoir passé directement de TÉgypte chez les Grecs.
On-connaît aussi beaucoup de statuettes en terre cuite et eu faïence, qui sont recouvertes
d'un émail blanc, sur lequel on a, en plus, peint divers ornements avec des
couleurs vitrifiables^ que l'on identifiait à la masse de l'émail par l'action du feu : c'est
grâce à ce genre de peinture qu'une foule d'objets d'art de la i)lus liante antiquité se
sont conservés jusqu'à nous, malgré tous les agents de destruction ; on a môme retrouvé
des vases émaillés de diverses couleurs confondues, en filets roulés ou contournés, et
reproduisant les dessins les plus variés. Pendant la XIX*^ dynastie, la faïence d'un bleu
brillant était la mode : les coupes et les bols de cette faïence étaient ornés de dessins,
ART INDUSTRIEI.. 517
de couleur plus sombre, imitant des pétales de lotus ou de papyrus, entremêlées avec
des poissons; on connaît des coupes de ce genre ayant un pied de diamètre.
Le plus ancien exemple de carreaux émaillés se présente aux jambages de la porte
intérieure de la pyramide de Sakkara : ces carreaux ont deux pouces de longueur, un
pouce en largeur et un huitième de pouce en épaisseur; ils sont pour la plupart de
couleur bleu-clair, avec une surface extérieure légèrement convexe, et une surface
intérieure percée horizontalement, pour y passer un ûl de métal, avant qu'ils soient
fixés dans le plâtre. On voit qu'ils ont été destinés expressément pour orner cette porte;
plusieurs contiennent, en effet, des chiffres en caractères hiératiques qui le prouvent :
le British Muséum en possède des spécimens.
Une autre remarquable application de ces émaux est une coiffure, trouvée à Thèbes,
faisant partie d'une statuette royale d'environ trois pieds de hauteur ; le bandeau
qui entoure la tête est constellé de petits tessères, d'environ un demi-pouce de
longueur, d'une pâte d'un rouge brillant imitant le jaspe et la faïence dorée.
O R F È V R E R I E , BIJOUX
L'art de mettre en oeuvre les métaux précieux, principalement l'or et l'argent,
pour les besoins du luxe, et qui porte de nos jours le nom d'orfèvrerie, comprenait,
chez les anciens Égyptiens aussi bien que de notre temps, deux séries dist-inctes de
produits; dont la première, c'est-à-dire l'orfèvrerie proprement dite, était, évidemment,
confiée à des artistes assujettis à des règles hiératiques sévères qui restreignirent
l'essort de leur génie d'invention, quoiqu'elle nous ait laissé néanmoins un certain
nombre de spécimens d'ornementation d'un grand caractère ; tandis que la
seconde, c'est-à-dire la fabrication des bijoux, qui avait à satisfaire tous les caprices de
la vanité (que, dès le nouvel empire, l'émancipation de ces règles quant à la vie civile
suscita jusqu'à son paroxysme), nous démontre, par ses modèles, surprenants d'invention
artistique, qu'en aucun temps on n'arriva à dépasser, sinon à égaler, la délicatesse
de goût et l'étendue d'imagination d'uu peuple, que ses imitateurs ont essayé en vain
de faire oublier en s'attribuant audacieusement le mérite inventif de ses travaux.
Une connaissance profonde des secrets les plus essentiels de la chimie, à laquelle
la recherche de la transmutation des métaux paraît avoir conduit, dès l'origine de la
civilisation nationale, le sacerdoce égyptien, avait, du reste, préparé les voies et moyens
à ce développement industriel ; aussi les ])remiers Ég^^ptiens, grâce à ces connaissances
scientifiques en métallurgie, exploitèrent-ils avec soin tousles minerais que pouvait
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