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Les figures hybrides ou à double nature, si fréqueutes sur les monuments
Égyptiens, offraient des combinaisons variées à l'infini : cependant les plus usitées
étaient : les sphinx, l'hydre, les oiseaux stymplialides, le phoenix et les sirènes.
Ces enrantements monstrueux de l'imagination humaine peuvent se diviser
eu quatre classes :
Dans la première, nous plaçons les figures composées, possédant, à la fois, les
caractères de l'homme et de la femme,
ou androgyues;
Dans la seconde, se trouvent comprises
les conceptions où les caractères
prédominants de l'homme sont combinés
avec ceux des quadrupèdes, des oiseaux
ou des reptiles ;
Dans la troisième, celles où c'est
l'animal qui prédomine des combinaisons
où figurent quelques parties humaines;
Dans la quatrième, enfin, doivent se
ranger toutes les autres; c'est-à-dire les
associations d'animaux pour en former
un seul; tels sont les criosphinx, le
griffon, etc...;
Les androgynes sont rares : on ne
les rencontre que sur quelques vignettes
du rituel funéraire, dessinées à une
petite échelle.
Il y a, dans les diverses compositions,
où l'espèce humaine se trouve associée
à l'espèce animale, une différence bien remarquable; ainsi, dans les conceptions
d'un ordre supérieur, c^est toujours la Icte humaine (qu'on a adaptée sur un
corps d'animal) qui se trouve caractériser l'image symbolique; tandis qu'au contraire,
dans les autres, (c'est-à-dire celles où c'est la tète d'animal qu'on a adaptée
sur des corps humains) et ce sont les plus répandues, la symbolique correspond
à des idées d'ordre inférieur.
Ainsi, dans la première classe, l'homme, (c'est-à-dire ce qu'il y a de plus
noble dans la création) représenté par sa tète (c'est-à-dire ce qu'il y a de plus
noble aussi dans l'homme), domine dans ces fantastiques combinaisons, et donne
D E S S I N ,
tous ces êtres les organes de l'intelligence et jusqu'à l'expression des sentiments
de l'espèce humaine : aussi moins il y a d'altérations dans les formes humaines,
plus la représenlalion nous charme.
Isis ou Hallior et les autres déesses, les bras empennés de longues ailes, ((u,
soul les'sujets les plus anciens et les plus lamiUers de l'art égyptien, ou bien les
oénies ailés qu'on voit à l'entrée du gynécée de Rarasès III, n'éveHlent pas eu nous
l'idée d'une impossibilité physique ni l'ombre d'une sensation pénible, parce .in.'
ces appendices se soudent, pour aiusi dire, sans dénaturer les formes humaines.
La tête d'un pharaon, sur le corps d'un lion, sert à caractériser l'union de 1 iiilclliocnce
à la force; et ce monstre n'a rien de choquant, parce que l'homme s'y conlon.l
l.ien avec la bête; surfout quand les formes animales sont un peu idéalisées, ou quand
l'ampleur et la grandeur des ligues ajoute à la grandeur humaine, comme dans certains
sphinx sculptés de main de mailre.
Une tète humaine sur un corps d'oiseau symbolise l'àme; ici, le mélange des
deux natures étant moins heureux, les Égyptiens, comme les Grecs, n'ont pas réussi
dans cette entreprise.
Une tète humaine, entée sur un corps de serpent, sert à designer la deesse
Melsokar; elle présente toujours une difformité hideuse; cela provient, peut-etre, «le
ce fait que les artistes ont tracé cette tête sans jamais la bestialiser. Ils auraient du
altérer les principaux traits, de façon à les faire participer des deux natures.
Dans la deuxième classe, la difformité est plus choquante: le corps hunuuu
n'y rachète, presque jamais, la bestialité des tètes ; c'est à dessein, évidemment, qu .1
s'v trouve toujours quelque chose qui ravale notre espèce et blesse notre susceptibilité :
Observons, ici, que lorsque les divinités ne sont pas représentées sous la forme
lui,naine pure, elles le sont toujours avec une tète d'animal. Les tètes de quadrupedes
s'implantent mieux que les autres sur les épaules humaines; les tètes d'oiseaux, de
reptiles et d'insectes ne s'agencent jamais bien, et quelques-unes de ces représentations
sont d'une extravagance incroyable: On est à même d'en juger, en examinant les
représentations de figures hylirides que nous avons réunies en deux planches,
pages cl 25.
Quant aux autres classes, nous nous bornerons à dire ceci : qu'à l'exception du
criosphinx, du hiéracosphiux et du griffon (qui symbolisent trois divinités -
.Vmou, Phré et Set), foutes les autres figures, composées de diverses parties d'animaux
comme ou le voit dans quelques chasses à Beni-IIaçen el ailleurs, semblent n avoir
été tracées par les artistes que pour donner des formes réelles aux fantômes de leur
imagination, ou pour représenter certains animaux du désert, (d'espèces luconnues