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presque toujours uuie à la musique: les artistes musicieus et les danseurs se tenaient
debout, au milieu de la salle du festin ou sur les côtés.
Dans les chants nupliaux, c'était la flûte dite Monaule, dont l'emploi s'est conservé
jusqu'à nos jours, qui était de rigueur.
Mais ce n'était pas seulement lorsqu'ils avaient des convives à recevoir que lesÉgypliens
voulaient être charmés parle son des inslrunients; c'était aussi durant le temps
de la toilelte; les peintures ne nous laissent aucun doute à cet égard.
Il est à remarquer, qu'à l'encontre, en ceci, de tous les peuples qui leur doivent
lanl de modèles artistiques en tous les genres, les Égyptiens (malgré ce goût, cette
l)assion qu'ils semblent avoir eue de tout temps pour l'art musical) n'ont jamais eu
recours pour l'étendre, ni à des jeux publics, ni aux prix de chant, ni aux concours de
lioésie.
Cherchons maintenant à établir la nomenclature de leurs instruments. En premier
lieu, vient la harpe; c'est l'instrument dont l'emploi se remarque le plus i'réquemment
sur les monuments : Son origine antique est prouvée d'une façon incontestable
par le joueur de harpe, à sept cordes, accompagnant un groupe de chanteurs, qui se
voit dans le tombeau d'Ismaï, à Gizeh, et qui appartient à l'époque de la xv'' dynastie.
Gomme on peut s'en rendre compte, la harpe égyptienne consistait en une pièce
de bois courbe, creusée dans toute sa longueur, mais entièrement évidée à la partie
supérieure (pour rendre l'attache des cordes plus facile) et qui tenait par son extrémité
inférieure à une caisse sonore de petite dimension. Autant qu'il est possible de le supposer
d'après l'état des représentations, le nombre des cordes de cet inslrument devait
être de sept.
Rosellini considère cette forme de riustrnment comme probablement la plus
ancienne.
Le nom égyptien de la harpe, tel que le révèlent les inscriptions hiéroglyphiques
phonéti(iues, relevées dans les tombeaux où elle se trouve représentée, serait te Banni:
cependant il y aurait lieu de penser que ce nom n'a été donné qu'aux harpes curvilignes.
On a fait cette observation, que rien dans ces hari)es n'iudique qu'elles offrissent
un moven de modilicr la tension des cordes, et d'en varier, ainsi, les intonations et l'accord
: cette lacune ne mit pas oi>stacle à ce que les formes des harpes devinssent trèsdiverses
et de constructions différentes; au point môme d'avoir varié dans le nombre
des cordes depiiis quatre jusqu'à vingt-deux.
Après la harpe nous mentionnerons rinslrumenl à cordes i)incées et à manche,
de l'esiièce appelée Tanhourah par les Arabes : il était formé tl'une sorte de grande
INTRODUCTION lUSTOniQUE. 49
cuiller de bois courbe, sur laquelle s'apidiquait une table d'harmonie traversée dans
sa longueur par un sillet auquel s'attachaient les cordes au nombre de trois, quatre ou
cinq.
D'après les spécimens qui existent dans les musées de Paris et de Florence, le bois
qui servait à leur construction serait l'acajou du Sénégal, qui s'était introduit chez les
Égyptiens par le commerce ou parla conquête.
A défaut d'un nom antique à lui appliquer, les archéologues et les voyageurs lui
ont donné différents noms (tous dus à sa forme), tels que ceux de luth, de théorbe ou de
guitare, bien que par son petit volume, sa longueur et son peu de largeur du manche,
il y ait lieu de croire qu'il soit l'origine du Tanbourah.
Troisièmement, la flûte droite ou Monaule, dont l'usage remonte à la plus haute
antiquité; elle était faite d'une tige de l'arbre appelé Lotos, dont le bois était noir, et qui
était réservé et estimé particulièrement pour cet emploi. Cette flûte était ordinairement
percée de trois, quatre, cinq ou six trous; son nom égyptien était warn ou men;
on l'appelait aussi Lotos, du nom de la matière dont elle était formée; mais il existait
aussi une autre Monaule qui n'avait qu'un seul trou et ne pouvait, en conséquence, produire
que deux sons : nous croyons qu'elle a été introduite en Egypte par l'étranger et
qu'elle était d'origine phénicienne.
Quatrièmement, la Oûte traversière; cet instrument dont on trouve des figures sur
plusieurs monuments avec la position de ceux qui en jouent, était appelé Sébé ou Sébi,
ainsi (pie le prouve l'inscription hiéroglyphique citée par Rosellini : La gravité des sons
de la Sébé était déterminée par la longueur de son tube à l'extrémité duquel les trous
étaient percés, ce qui obligeait ceux qui jouaient de cet instrument à étendre les bras
pour y atteindre.
Cinquièmement, la flûte double, qui était habituellement jouée par les femmes : on
ignore complètement quelle était sa construction, son étendue, et son système de tonalité.
On ne découvre pas non plus, dans les représentations où figure cet instrument,
quel était le nombre de ses trous, ni la disposition de son embouchure: tout fait cependant
supposer que les deux tubes avaient des embouchures séparées. Le nom de cet
instrument n'est pas mentionné dans les inscriptions hiéroglyphiques : il y a lien de
penser qu'elle était faite aussi en bois de lotos.
Sixièmement, la trompette droite : on retrouve des représentations de cet instrument
sur plusieurs monuments antiques; ce qui autorise à penser qu'elle fut en usage
chez les Égyptiens: on croit qu'ils s'en servaient à la guerre. Son nom égyptien n'est
malheureusement pas connu ; dans les représentations qui nous la font connaître, elle
est longue, étroite dans presque toute la longueur du tube, depuis l'embouchure, où elle
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