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pulvérisés et trois parties de limaille de cuivre (composition de même principe que
celles deVitruve); malheureusement le résultat en a été un vert-hîeu fondant à une basse
température, tandis que le bleu égyptien ne fond pas à la température la plus élevée.
5" (En ce qui concerne la couleur jaune), qu'il n'y avait réellement que deux espèces
de jaune; Tun, le plus fréquemmeut employé, qui était évidemment ce que nous appelons
l'ocre jaune claire, si abondante dans toutes les contrées où se trouvent des mines
de fer; l'autre, plus brillant et qui parait être de la nature de l'orpin, un sulfure d'arsenic
: la chimie est parvenu à composer cette couleur, mais, comme on la trouve toute
formée dans le sein de la terre, il est plus que probable qu'elle aura été employée dès
l'origine des arts; cependant on n'en peut juger que par l'apparence extérieure. Il y a
plus, cette couleur aurait bien pu être une espèce de fritte de la nature du jaune de
Naples; car il est facile de se rendre compte en examinant les émaux jaunes qui se
voient sur les amulettes égyptiennes, combien il était loisible à ceux qui composaient
ces émaux de préparer le jaune clair et brillant qui est appliqué en quelques endroits
des tombeaux, sur les manuscrits et sur les enveloppes des momies.
(En ce qui concerne la couleur verte), qu'on n'aperçoit dans les peintures égyptiennes
aucun vert brillant (car tous les verts employés sont plutôt d'une couleur olivâtre
que réellement verte), et qu'on pourrait supposer, au premier aspect, qu'ils ont été
produits par une espèce de chlorite, mais inférieure en éclat à cette terre de Vérone,
employée dans les anciennes peintures d'Italie, dont nos peintres font encore usage:
cependant, quand on les soumet au chalumeau ou lorsqu'on les dissout dans l'acide
nitrique, on reconnaît que le cuivre en était le principe colorant; ce qui prouve, également,
qu'ils ne peuvent être, non plus, des mélanges d'ocre jaune et du bleu, dit
d'Alexandrie; ce bleu n'étant en aucune manière, comme nous l'avons dit plus haut,
attaquable par les acides. On croit, néanmoins, que parmi les verts du nouvel empire
on faisait usage d'une couleur qui portait le nom d'armenium, parce qu'elle provenait
d'une pâte faite avec des terres d'Arménie.
5° (En ce qui concerne le brun), que les artistes égyptiens en employaient de trois
sortes ; n n brun d'ocre ferrugineuse (encore en usage), u n brun produit par le mélange
d u noir et de l'ocre rouge, et un brun naturel, sorte de terre bitumineuse.
6° (En ce qui concerne la couleur blanche), qu'ils en connaissaient de trois qualités
: le blanc de plâtre, le blanc de craie et le blanc annulaire. Le blanc annulaire
é t a i t ainsi nommé (au dire de Pline), parce qu'on l'obtenait en broyant des anneaux
de verre blanc ou des bracelets d'émail blanc pour l'obtenir. C'est une couleur inaltérable,
d'un si beau blanc de neige qu'il fait paraître nos plus beaux papiers d'un
blanc complètement terne. Leur plus parfait modèle en ce genre, qui existe encore, est
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P E I N T U R E .
le portrait de Méri-en-ptah, sculpté et peint à l'entrée de son tombeau, depuis plus de
trois mille ans. Ils employaient aussi de la chaux pulvérisée sans alliage.
(En ce qui concerne la couleur noire), qu'ils faisaient usage du noir d'os, du
noir de fumée; car la teinte bleuâtre de la plus grande partie de leurs noirs, indique
assez que c'étaient des noirs de charbon; et qu'ils possédaient, en outre, un noir provenant
d'un composé de sulfure de plomb. Cette couleur était aussi inaltérable.
Il ne nous reste plus qu'à dire quelques mots de l'argenture et de la dorure.
L'argenture dont il s'agit n'était évidemment qu'une espèce d'émail ou de vernis
qui avait pour unique but de servir de fond aux inscriptions hiéroglyphiques comme
aux représentations hiératiques.
Il en était de même de la dorure : on est bien forcé d'admet tr e que la dorure, fixée
par le moyen du fer, fut d'un usage très-répandu, puisque la figure tVA^iubis, qu'il était
habituel de représenter sur les plats d'argent, devait toujours être couleur d'or ou de
vermeil : il ne faut pas oublier, en effet, que le système diététique des Égyptiens les
obligeait à purifier très-souvent et très-scrupuleusement les vases qui leur servaient
pour le boire et pour le manger; d'où il résulte qu'il ne leur était pas permis de les
ciseler intérieurement, et que la dorure répondait tout particulièrement à ces exigences,
|)arce qu'elle ne conservait aucune souillure. C'est, du reste, ce qui résulte du texte de
Pline (livre XXXIII, chapitre ix), qui est conçu en ces termes: tingit et Égyptus argentmn,
ut in vasis Amihim smm spectct, plngit que non celai argentum,
La dorure des anciens Égyptiens était si vive, si brillante et si solide, que lorsqu'on
découvre encore, de nos jours, des objets dorés dès la plus haute antiquité, elle y a
conservé toute sa valeur. Pouvons-nous déduire des quelques aperçus qui précèdent,
cette conséquence qu'aux yeux des artistes de l'Égypte ancienne, la dorure n'était, en
réalité, qu'un empâtement inaltérable, destiné à obtenir des surfaces égalisées, et sur
lesquelles on pouvait faire valoir plus avantageusement certaines couleurs et certains
sujets?
RESUME.
Si peu abondantes qu'aient été les sources où nous avons puisé nos renseignements
sur la peinture égyptienne, nous n'eu aurons pas moins fait toucher du doigl
le rule considérable ([u'elle fut appelée à jouer, surtout sous Tancieu empire, chez un
peuple à qui la nature avait départi, avec une prodigalité inouïe, et cela sans exiger
de labeurs sérieux, tontes les ressources de l'existcncc ; peuple qui ne s'imposa, à
lui-même de sa propre volonté, le travail artistique que comme le seul dérivatif posi>
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