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en Syrie, avaient L-encontré les Khétas, et ces peuples oflVirent un tribut à Tljoutmès III ; mais
Séli l'Meur fit une longue guerre, s'empara de leur forleresse et s'appuya sur ce rempart pour
leur imposer un tribut annuel, et de là porter ses armes en Mésopotamie et en Assyrie. Quelques
années après, ces Asiatiques ayant secoué le joug de l'Egypte et recouvré leur indépendance,
à l'époque où Ramsès II (Meïamaoun), lils de Séti parvenait au trône, ce pharaon fut obligé
de recommencer la campagne de son père pour revendiquer et maintenir ses droits. Dès la
cinquième année de son règne, il résolut de châtier les rebelles et marclia contre les tribus
confédérées des Khétas.
Une bataille sanglante eut lieu sous les iiiurs de Qodesb, dans la vallée de l'Oronte, dans
laquelle lîamsès, séparé des siens, combattit seul et fit des prodiges de valeur, consignées, du
reste, dans l'histoire.
C'est un des épisodes qni forme le sujet de la planche ; j'en ai retranché les inscriptions
hiéroglyphiques et quelques Xhétas renversés denière le char du pharaon, afin de ne pas
surcharger le tableau et de laisser au héros et à son attelage toute l'importance qu'ils méritent
au point de vue de l'art. J'ai agi, en cette circonstance, à pou près comme l'artiste égyptien,
qui, pour ne pas allier à la majesté royale un personnage secondaire, a négligé de représenter
et le conducteur du char auquel le pharaon s'adresse à l'heure du danger, et les rares combattants
qui soutinrent Ramsès dans cette charge désespérée, parce qu'au pharaon seul devait revenir
rhonneur de la journée.
Le brillant fait d'armes, retracé ici, et fort exagéré, dit-on, constituait, sans doute, pour
Ramsès, son plus beau titre de gloire, car il semble avoir voulu le transmettre à la postérité en
ordonnant de le représenter sur plusieurs édifices de Thèbes et de Nubie : outre ces bulletins
officiels, im poëme épique fut même composé pour le célébrer par un écrivain royal contemporain,
nommé Panta-our. Ce poëme, dont il existe une copie sur papyrus, conservée au musée Britannique,
fut jugé digne d'être gravé sur une des murailles du grand temple de Karnac qu'il
couvrait tout entière.
C'est à ces diverses relations d'une même campagne, quoique toutes plus ou moins dégradées,
mais n'offrant pas, heureusement, les mêmes lacunes, et que nous avons complétées l'une par
l'autre, que nous devons d'avoir pu tracer un récit authenlique et suivi de cette curieuse page
des annales égyptiennes ; j'ai cru devoir les résumer en quelques lignes, sauf à revenir après à
l'oeuvre du poète.
«Dans la cinquèime année de son règne, Ramsès Meïamoun se trouvait en Asie à la tête de son
armée, marchant dans la vallée de l'Oranta, contre les tribus révoltées que commandait le prince
des Khélas, qui réunissait sous ses ordres tous les peuples de la Mésopotamie, de la Syrie et de la
Phénicie, confédérés pour soutenir la guerre de Tindépcndance. Comme le pharaon approchait
de la forteresse de Qodesb, ignorant la position de l'ennemi, le prince de Khéta qui se tenait en
embuscade au nord derrière la ville, essaya de le tromper par de faux renseignements, afin de
tomber à l'improviste sur l'armée égyptienne. Deux émissaires, envoyés par lui k cet
elfet, vinrent offrir leurs services au pharaon et lui apprirent que le prince de Khéta redoutant
l'armée du roi se retirait au midi vers le pays des Khirabas. Aussitôt, Ramsès donna l'ordre à
ses troupes de se mettre à la poursuite de lennemi ; puis, continuant sa marche et se séparant,
imprudemment, du gros de l'armée, il s'avança jusqu'au nord-ouest de Qodesch, où il campa.
Sur ces entrefaites, on lui amena de nouveaux espions des Khétas : contraints par la bastonnade
de révéler leurs desseins, ils avouent au pharaon qu'il a été trompé et que les confédérés sont
massés derrière Qodesh, épiant l'occasion de l'attaquer et de le surprendre. A cette nouvelle,
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Ramsès réunit ses généraux, les gourmande de leur négligence, etleur apprend que les Asiatiques,
poursuivis vers le sud par ses troupes, sont là, sons les murs de la place, prêts à fondre
sur eux.
<t Ou expédie des officiers pour rappeler au plus vite le gros de l'armée qui s'acheminait vers
le midi; mais il était déjà trop tard. Le prince de Khéta, informé de l'isolement de Ramsès, avait
passé, rapidement, le fossé au sud de Qodesh avec un corps d'élite, et s'était précipité sur la
petite escorte qui entourait le pharaon en la mettant eu déroute. Ramsès ne dut la vie qu'à sa
valeur: presque seul, enveloppé d'ennemis, il en fit un effroyable carnage en implorant le secours
d'Ammon, et les culbuta dans les eaux de l'Oronte. Il soutint vigoureusement l'attaque jusqu'au
retour de son armée, qui rétablit bientôt les chances du combat. C'est après cette lutte
acharnée que le pharaon resta maître du champ de bataille et de la ville de Qodesh. »
Mais Ramsès ne profita pas d'une victoire qui lui avait coûté, probablement, aussi cher
qu'aux vaincus : il se contenta d'accorder la paix en rétablissant les anciens rapports, et rentra
paisiblement en Egypte. Cette campagne ue devait pas mettre fin à la guerre eutre les Égyptiens
et les Khétas, puisqu'elle n'eut point de trêve durable avant la 21" année du règne de Rauisès,
époque à laquelle fut signé un traité de paix et d'alliance entre les deux souverains. Ce fut pour
cimenter cette amitié, que le prince de Khéta accorda sa fille aînée en mariage au pharaon.
La première planche représente le camp au moment de la surprise de l'ennemi, et le désarroi
qu'elle causa parmi les troupes du pharaon. Dans la seconde, on voit Ramsès-Meïamoun,
combattant seul ses ennemis, et leur faisant mordre la poussière.
P R I S E D'UNE T-ORTERESSE PAR R.UISÈS IL — Thèbes, Ramesseum. — XVIN'' dynastie.
J'ai donné dans les deux planches précédentes une idée déjà intéressante de l'état militaire à
cette époque. Mais il m'a paru nécessaire de compléter cette narration en images par une
représentation qui fît bien comprendre les ressources que possédaient les pharaons égyptiens,
pour repousser, combattre et même conquérir les nations voisines.
L'artiste égyptien, comme d'ordinaire, a donné au pharaon une situation hors de proportion
avec les autres parties de son dessin, pour signifier que la puissance réelle et la protection des
soldats ne résidaient bien que dans leur chef.
COMBAT DE SÉTI I " CONTRE LES CHEFS DES TÉIIENNOU. - T/^È^^S, Karnac. — xix'dynastie.
Ce magnifique tableau fait partie des bas-reliefs historiques sculptés sur les murs d'enceinte
de la salle hypostyle du grand temple de Karnac. Il se trouve sur la paroi N.-E., au milieu d'autres
tableaux qui représentent les plus remarquables circonstances de diverses expéditions militaires
accomplies à une époque dont nos annales classiques n'ont conservé aucun souvenir.
Descendu de son char, le héros égyptien combat corps à corps avec les chefs ennemis. Un
d'eux, déjà tombé sous les javelots du pharaon, est foulé aux pieds pour saisir par le bras l'autre
chef qui, blessé et terrassé, n'oifre plus de résistance au coup qui le menace. Ces deux princes,
que les inscriptions, malheureusement très-frustes, désignent comme chefs des Téhennou ou
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