162 1/ART ÉGYPTIKN.
l'art aiitocliUione; rien n'aurait pu sauver de l'onlili ou conserver les procédés, les ressources
et les Iradilions de l'art dis])aru.
Ce n'esl pas qu'un seul édillce de cot le période, puisse servir de point d'appui à notre
assertion (puisque la haine, et la dévastation qui en Au la conséquence fatale, ne laissa
rien subsister de ce qui provenait de la race des pasteurs après son expulsion) ; mais
les moninnents que les Égyptiens ont élevés, aussitôt qu'ils ftirenî, une seconde fois, en
possession do leur autonomie, prouvent clairement, qu'ils avaient dù perfectionner leur
architecture suivant leur génie naturel, pendant le séjour des premiers envahisseurs.
Il est facile de comprendre, après cela, que si tout ce qui tient à la vie journalière,
le cullo, la langue, les moeurs enfin, put se maintenir un aussi long temps sous une
domination étrangère, l'architecluro qui exige de ceux qui s'y adonnent une étude et
nue pratique conslanie des monuments à élever, serait nécessairement tombée dans
l'oubli le plus complet du jour où elle n'aurait plus été tolérée par les vainqueurs
pour servir à édifier et à orner les demeures et pour contribuer à l'entretien des temples
des anciens dieux : D'où nous osons conclure que les pasteurs subirent l'inOuence
inévitable de la civilisation égyptienne, et que leur domination ne fnt pas, à beaucoup
|)rès, aussi dévastatrice que celle des Perses. Que n'a-t-il pas fallu d'efforts pour que la
civilisation romaine tombât sous les coups des barbares? il a fallu qu'elle fût balayée,
vingt fois, par des hordes envahissantes passant, repassant et se chassant, pendant près
de trois cents ans, sur un sol dévasté!
En résumant tout ce que nous venons de dire sur les monuments des Égyptiens,
leurs temples, leurs palais, les pyramides et les tombeaux hypogéens, on peut reconnaître
que leur arcliitecture se divise en deux parties bien distinctes, selon qu'elle s'est
tri)uvée en rapport étroit avec le principe de la destinée sociale ou avec le principe
de la destinée i'uture de l'homme; en effet chacune de ces architectures avait son
style particulier : Tune, assise sous la voûte azurée et animée dn firmament, s'associait
aux formes de la nature organique et en recherchait l'imitation dans l'ensemble
et dans les détails; elle bâtissait de vastes édifices, contenant les grandes
salles hautes et aérées, qu'entouraient des colonnades précédées de cours et d'avenues,
en un mot, offrant une carrière illimitée aux conceptions du génie le plus
vaste; l'autre, attirée vers les profondeurs, où l'homme devait retourner avec le
senlimenl de l'étendue de sa destinée immortelle, se renfermait dans ces excavations
on le corps devait attendre en paix les successives transformations de son être;
Restreinte dans ses moyens d'action, elle se trouva forcée d'imiter, même dans les
constructions funéraires qu'elle avait à édifier à la surface du sol, le silence et l'obscurité
des hy])ogécs : Aussi élova-t-elle avec des pierres énoi-mes de longues et sombres
a u c i u t k c t u k i î : . 163
enfilades de couloirs et de salles qu'elle couvrait de plafonds moiiolilhes, et eniployut
elle, de préférence, les ornements linéaires : Ainsi les pyramides, ces hypogées démesurés,
n'auraient été, en réalité, dans leur masse gigantesque, qu'une imitation des
uiontagnes naturelles, dans lesquelles, à l'instar des excavations rocheuses, se trouvaient
pratiqués de longues galeries, des puits et des grandes salles, dépourvus, comme
celles-ci, de toute espèce d'ornements.
Par exception, les hypogées des rois n'admettaient qu'une seule de ces nuuiifcstations
artistiques : En effet, toute décoration architecturale en était sévèrement et rigoureusement
bannie, parce que ces hypogées, à la différence des autres, étaient uniquement
affectés au culte.
Ces deux architectures, progressant simultanément avec la civilisation, atteignirent
leur développement le plus complet, leur épanouissement le plus merveilleux,
sous les pharaons des xvni^-ct xix^ dynasties; mais elles conservèrent, fidèlement, jusque
dans la décadence, la ligne de démarcation qui les avait séparées dès le principe : c'est
ce qui explique pourquoi, dans les monuments qui présentent une double destination,
ou qui offrent le rapprochement de ces deux parties constitutives de l'art égyptien,
elles y étaient toujours motivées par une double distribution, qui ue permettait pas de
les confondre et d'ignorer celte double destination : Nous en trouvons un exemple
dans les hypogées de Bcni-llaçen. Là, toute la partie occupée, tant par l'architecture
décorative que par la peinture des scènes de la vie privée ou publique du défunt, formait
une chapelle comméniorative dédiée à la mémoire du mort, et ouverte, sinon à
tout venant, au moins à toute sa famille; tandis que la seconde partie, mystérieuse
comme le trépas lui-même, était interdite à tout accès profane et fermée à tous les
regards : Elle ne s'ouvrait plus que pour recevoir un nouveau cercueil.
INFLUENCE EXERCÉE PAU L ' A R C H I T E C T U R E PRIMITIVE EN BOIS.
Nous avons dit qu'eu Égypte, dès les temps les plus reculés, on construisit, d'abord
en bois et en briques cuites au soleil, et que les constructions en pierre s'inspirèrenl.
sans aucun doute de ces deux éléments.
Nous ne pouvons nous dispenser, eu conséquence, d'expliquer les différentes
phases du phénomène d'où ce développement aurait tiré sou origine, et à rinllucncc
dncpiel serait due la création de presque tous les principes d'art architectural dont les
autres i>euplcs se seraient servis dc|)uis : On pourra, ainsi, se rendre compte [.lus
facilement, de l'ordre successif dans lequel les différents matériaux furent employés,
et reconnaître quels furent les éléments transposés d'un genre de construction à l'autre.
f "
, l r - - -
'.Il - —
llllËi