N O T I C E S DESCRIPTIVES.
GIIAND SPÉOS B'ABOCIIEK. —N u b i e .
J'ai rapporté, lors de ma dernière mission en Égypte, et dans Tunique but de prouver que
l'Ethiopie avait profité (sous les xviif et xix'^ dynasties, pour le moins) des bienfaits de la civilisation
pharaonique, cette épreuve photographique, admirablement venue d'un des spéos
cl'Abochek (autrement dit Ibsamboul ou Abousambil).
C'est celui des deux spéos, ou temples complètement creusés h cet endroit dans le roc, qu'on
a coutume de désigner par le nom de Temple à'Aihov^ spéos que l'on suppose avoir été édifié par
celui des Ramsès, que les Grecs ont surnommé Sésostris le Grand, à la mémoire de son épouse
favorite. II m' a toujours donné à penser que toutes les chapelles de ce genre étaient des monuments
funéraires consacrés au culte des ancêtres.
Je pense, également, que le tableau sculptural, si merveilleux dans son ensemble et dans
ses détails, qu'offre le groupement de tous ces personnages, et qu'on a, jusqu' à ce jour , considéré
comme la façade de l'édilice souterrain (sans doute en raison de la taille gigantesque des
colosses qui n'ont pas moins de 1-2 mè t r e s de hauteur), n'était autre chose que la décoration du
vestibule du sékos, ou sanctuaire, que les dévastations des déprédateurs auront mis <\
découvert.
Quoique ce spéos paraisse avoir été moins important que son rival, qu'on affirme, un peu
légèrement, avoir été consacré à Phrè, il m' a paru mériter, à tous les titres, la dénomination de
grand spéos. Je ne puis oublier, en effet, que c'est ce genre de construction qui a fait naître
tant de doutes, dans l'esprit de certains savants, sur l'antériorité de la civilisation égyptienne ;
et cela parce qu'ils offraient quelques analogies, dans leur destination apparente, avec les spéos
indous de SaJselie et à'Elephanta.
PORTRAITS ROYAUX. — T/ièbes. — xviii% xix« et xxv® chjnast'm.
La plupart des écrivains et des archéologues ont prétendu que les Égyptiens avaient
toujours donné le même type à leurs figures et n'avaient jamais fait de portraits. Maintes
planches de cet ouvrage suffiraient pour répondre à cette étrange assertion ; cependant, j'ai cru
devoir consacrer quelques planches à la reproduction spéciale, soit de types de rois et
de reines, soit de grands personnages, hommes et femmes, afin de donner une idée de
la race, et de faire voir que la plupart de ces figures étaient bien sculptées ou peintes avec
l'intention formelle d'en faire des portraits aussi exacts que possible, selon l'habileté de
l'artiste.
Toutes les figures de rois sculptées sur les monuments sont si bien des portraits, que les
différents pharaons ont des figures fort distinctes, et que leur ressemblance est conservée dans les
différents âges de la vie. Ainsi, dans les divers bas-reliefs d'Osireï ou Séti I " à Karnac, on le voit
avec les traits de la jeunesse, et dans le temple de Gournah on le retrouve avec les mêmes traits
altérés par l'âge. Ce qu'il y a de remarquable dans ce dernier édifice, c'est que tous les dieux,
et même les déesses, portent les traits du roi et paraissent avoir vieilli avec lui.
Dans les petites salles voisines du sanctuaire du grand temple de Karnac, partout où
Thoutmès II a fait sculpter son nom sur celui d'Amenemhé, la ligure du roi a été aussi
changée.
S C U L P T U R E . 413
Enfin une dernière preuve que les figures des personnages principaux étaient bien des port
r a i t s , c'est que cette Amès-Nofreari, dont les pharaons des dernières dynasties thébaines (xviir,
xix^ et xx^) s'enorgueillissent de descendre, prenait, par courtisanerie, lorsqu'elle est avec
Ramsès, la figure de ce pharaon , et les traits de Herthor, lorsqu'elle est représentée avec
celui-ci.
Le n'' 1 est le portrait de Iloremhele, le pharaon qui passe pour clore la xvtir^ dynastie ; il est
sculpté sur le pylône des propylées du sud à Karnac.
Le n" 2 est le portrait de la reine Taouser, de la xix'' dynastie; il est sculpté dans son
tombeau à Thèbes. Cette figure fine et aristocratique semble avoir été tracée sur une autre plus
grossière.
Le 3 représente cette reine Aménéritès, qui a joué un rôle important à la fin de l'occupation
éthiopienne. Elle était fille de Kaschta, soeur de Sabacon et épouse de Piankhi. Elle est
ainsi représentée dans un petit temple (jue j'ai déblayé au sud du dromos, qui joint le gynécée
de Ramsès III au temple de Medineh-Thabou. C'est cette figure caractéristique qui m' a servi à
restaurer le nez brisé de la belle statue de cette reine qui se trouve au musée du Raire.
Le n'' h offre le portrait de Tahraka, conquérant éthiopien, qui pendant un quart de siècle
a régné en Egypte. Ce souverain appartient à la même famille que la reine précédente, avec
laquelle, du i4t e , il a beaucoup de ressemblance. Son portrait est sculpté, plusieurs fois, sur les
colonnes à l'est du grand temple de Karnac.
CAMP DE RAMSÈS-MEÏAMOUN CONTRE LES KIIÉTAS. — Thèbes, Ramesseum.
XIX' ihjnastie.
COMBAT DE KAMSÈS-MEÏAMOUN CONTRE LES KIIÉTAS. — Thèbes, Ramesseum.
XIX® dijnastie.
Les Khetas, ou Khilas, étaient d'anciens peuples de l'Asie occidentale, qui formèrent cette
puissante confédération qui précéda, probablement, les grands Empires de Babylone et de
INinive. Ils furent souvent en rapport ou aux prises avec les Égyptiens : les monument s plastiques
et épigraphiques de ceux-ci nous révèlent l'existence et la haute civilisation de ce peupl e jusqu'ici
inconnu dans l'histoire. Leur identification avec les Héthéens, les Hittites de la Bible est fondée
uniquement sur la conformité du nom et ne peut , par conséquent supporter l'examen.
La terre de Khéta était une contrée de la Syrie septentrionale, limitrophe de la Mésopotamie,
bornée au nord par le Taurus et au sud par la Célésyrie. Ce vaste territoire renfermait
plusieurs États feudataires ou gouvernés par des princes particuliers relevant d'un chef suprême,
« le grand roi du pays de Khéta », qui ne leur laissait plus guère d'autorité qu' à des satrapes.
Établis sur l'Euphrate de temps immémorial, les Khétas avaient étendu leurs conquêtes jusqu'en
Syrie, à une époque un peu antérieure k celle de l'Exode, et choisi, pour siège de leur puissance,
une ville fortifiée appelée Qode&h (la Sainte) sur les bords de l'Oronte, aux environs de l'ancienne
Hems : leur forteresse était la clef de l'Asie centrale; aussi vit-on les Asiatiques la protéger et
la défendre avec autant de vigueur et d'acharnement que les Égyptiens en mirent à s'en
emparer.
Après l'expulsion des pasteurs, les pharaons, dès le début de leurs conquêtes en Palestine et
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