m N O T I C E S DESCRIPTIVES.
COLONNES A FAISCEAU DE THOUTMÈS III, A KARNAC. — xviii' dynastie.
COLONNES A FAISCEAU D'AHIENOPHIS III, A TIIÈBES. — XVIIR dynastie.
L'origine des colonnes, que j'ai désignées sous le nom de colonnes à faisceau, remonte
au moins à la v« dynastie. On en trouve sur les bas-reliefs du tombeau de Tii à Sakkara ; mais
on ne les voit paraître, dans les monuments qui nous restent encore, qu'à l'époque d'Osortasen.
Ces colonnes se composent de tiges de lotus, réunies en un faisceau garni de liens : le chapiteau,
au lieu de s'évaser, pour prendre une forme campanulée, se gonfle, puis se resserre
comme la fleur dans son bourgeon. A une seule tige, elles affectent, souvent, la forme d un
bouton de lotus; on voit même des colonnettes de ce genre décorées comme une lleur; mais
les colonnes à faisceau présentent des ornements arbitraires où l'on retrouve toujours,
cependant, les écailles ou stipules des bourgeons de la plante. La base, qui se rétrécit pour
prendre une forme demi-globuleuse, comme la tige du lotus, est constamment ornée de stipules.
Enfin ces colonnes portent sur une plinthe arrondie ou conique, et sont couronnées par un
abaque carré.
L'ordre de colonnes, qui vient après celui-ci, le protodorique, prit un grand développement
sous la xvi i r dynastie : c'est à cette époque qu'on en trouve les spécimens les plus beaux et les
plus variés.
Les colonnes à faisceau, représentées dans la première planche, se trouvent à l'est du promenoir
de ThoiUmès III à Karnac. En étudiant avec soin les débris de couleurs dont elles sont
encore ornées, j'ai trouvé deux couches superposées qui ont dû appartenir à deux coloriages
différents. Le plus ancien est d'un effet harmonieux. Le second me paraît être du même temps,
et du vivant même de Thoutmès 111, car celui-ci, de retour d'une campagne en Asie, fit barioler
de cinabre toutes les colonnes de la partie orientale du grand temple d'Anion, c'est-à-dire la
partie qui servait probablement au pharaon d'habitation officielle.
La seconde planche représente deux colonnes à faisceau du règne d'Aménophis 111. Celle en
granit rose est monolithe, et provient de Memphis d'où elle a été transportée au Kaire. La décoration
seule était coloriée et se détachait sur le fond jaspé du syénite, auquel l'artiste avait
voulu laisser son brillant coloris, comme on le voit dans les piliers du sanctuaire de Karnac.
La deuxième colonne, bâtie en grès, est tirée du promenoir transversal qui se trouve derrière
le sanctuaire du temple de Louksor.
COLONNES DU RAMESSEUM. — Thêbes. — xviir dtj7iastie.
Voir au chapitre Colonnes et piliers, pages 203 et suivantes.
CHAPITEAU A CAULICOLES. — Temple de Pàiioe. — xviii^ dynastie.
Ce chapiteau, orné de feuilles à caulicoles avec gouttes pendantes et de palmettes à culot
bombé, a été colorié au moins deux fois. La plus ancienne coloration présentait des feuilles
bleues avec des aigrettes vertes ; la plus récente est coloriée comme sur la planche. Les volutes,
qui sont toujours les extrémités des feuilles enroulées, sont de la môme couleur.
A R C I I I T E C T U R I : . :m
O R N E M E N T A T I O N S DE PLAFONDS; FORMES PRIMITIVES. - De la x i f « la xxii^ dynasties.
Le goût de ces compositions capricieuses n'est point venu de l'Inde par ses toiles imprimées,
comme l'avance Émeric David. Il est né en Egypte, où on le voit paraître bien avant les conquêtes
de ce peuple en Asie. Dès l'époque des pyramides, on remarque déjà des plafonds et
surtout des tentures ou fonds de sparterie, qui décèlent beaucoup de goût, et ont été, visiblement
l'origine d'une ornementation qui s'est développée avec les progrès de l'art. Les carrés
composés de losanges, les zigzags ou chevrons, les spirales, les caprices, enfin, qui marquent
les premiers essais de décoration, sont des ornements qui naissent, pour ainsi dire, d'eux-mêmes
sous la main du faiseur de sparterie. Plus tard, les tissus ont donné l'idée d'enrichu- encore ces
simples motifs, et l'art de rornementation se développa suivant tous les caprices de l'artiste.
Dans randen comme dans le nouveau monde, le goût de l'ornementation a donné naissance
à des ornements rudiuientaires qui se rencontrent partout, sans que les peuples aient eu la
moindre communication. Les ornements en zigzag sont employés comme motifs de décoration
sur les divers meubles représentés dans les sculptures de Ninive. Les zigzags, les spirales ou
postes, composent toute la décoration extérieure du trésor d'Atrée; ils sont aussi fort fréquemment
reproduits sur d'anciens vases de Mycènes et sur les cylindres babyloniens.
O R N E M E N T A T I O N DES PLAFONDS; GUILLOGIIIS ET MÉANDRES. — Nécropole de Thèbes.
— XVII' à XX" dïjnasties.
On a souvent confondu, sous le même nom, des ornements fort divers, en les comprenant
sous la dénomination générale ornements à la grecque, bien qu'ils appartinssent à l'art égyptien
: il convient donc, pour en parier sciemment, de bien s'entendre sur les mots.
Le guillochis, que l'on confond à tort avec le méandre, est un ornement composé de deux
lignes qui marchent parallèlement ensemble, à une distance égale de leur largeur avec cette sujétion
cependant, qu'à leurs brisures ou retours et à leurs intersections, elles doivent toujours
faire l'angle droit. 11 y a des guillochis simples formés d'une seule bande ; il y en a de doubles
et d'autre entrelacés. On enrichit quelquefois de rosaces et de fleurons le milieu de leurs révolutions,
et l'on a donné, à certaine époque, au guillochis le nom de bâtons rompus ; il peint bien les
nombreuses brisures de cet ornement.
Le nom de méandres doit être réservé aux enroulements appelés aussi postes, qui peuvent
seuls représenter par leurs retours les sinuosités d'un fleuve, tel que le cours du Méandre auquel
cet ornement doit son nom.
Les postes, qui se trouvent sur les vases égyptiens, aussi bien que sur les vases grecs, forment,
aucontraire, une sorte d'enroulement courant, c'est-à-dire se répétant et donnant l'idée d'un
objet qui court après un autre semblable.
Les Italiens comprennent les guillochis et les postes sous la dénomination générale d'ornements
à la grecque. En France, on a longtemps appelé le guillochis une bordure toscane et le
m é a n d r e une grecque. En Angleterre, on donne le n o m de viiruvian scroll ou volutes vHruviennes,
aux méandres et aux postes, et le nom de guUlochis, aux entrelacs ou combinaisons de lignes
courbes qui pénètrent régulièrement les unes dans les autres et imitent des tresses de cheveux.
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