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quatre guerriers armés de lances, d'arcs et de casse-tête. Puis quati-e femmes couvertes de tuniques
bariolées, précédées d'un jeune homme poussant devant lui un âne qui porte deux
enfants placés dans des espèces de sacoches; enfin, un âne chargé d'ustensiles chemine sous la
conduite d'un homme jouant de la lyre et suivi d'un guerrier armé d'un arc et d'un cassetête.
Ce curieux tableau ethnographique, peint soigneusement plus de 2.000 ans avant notre ère,
a été bien diversement interprété par les voyageurs et les écrivains. Les uns y ont vu des hébreux
et même l'arrivée de Joseph; les autres ont cru y reconnaître des Ioniens. 11 semble au premier
aspect représenter des hellènes, et cependant tout n'y paraît pas grec comme l'avait cru Champolhon,
qui avait même espéré trouver, dan? l'inscription, le mot /ouni, lonienst aujourd'hui,
grâce à la science dont il a jeté les fondements, ses élèves lisent au-dessus de ce tableau : « Arrivée
de 37 Aamou apportant le mestem. « Ce mestem était, probablement, du stibium, espèce
de collyre fort précieux dans un pays comme TÉgypte, où les ophthalmies ont été, de tout temps,
aussi communes que dangereuses.
HETOUR DU CHASSEUR EN BARQUE. — Beni-Haçen. — xiV dijnastie.
Le titre hiéroglyphique se traduit : « Le chasseur en barque, » C'était, probablement, un de
ces paysans employés dans les domaines ruraux des riches personnages, qui avait pour charge
de fournir la table du maître de toutes sortes de volatiles. Quand ces oiseleurs ne tendaient pas
leurs filets dans les marécages, ils chassaient les canards et les oies sauvages, montés sur de
légers batelets en papyrus et à l'aide d'un petit bâton courbé appelé ^chhoL
Le chasseur tient une oie à la main, et porte le i-este de son gibier au moyen d'un joug posé
sur l'épaule : dun côté est attachée une cage grossière renfermant trois canards; de l'autre,
pendent, au bout de la corde, deux grues cendrées, étroitement garrottées dans une courroie
comme des momies d'ibis. Quoique le plumage des canards et de loie ne soit pas copié exactement
sur la nature, et paraisse plutôt interprété, il y a cependant dans ces oiseaux autant de
vérité que de naïveté.
INDIGÈNE DU PAYS DE POUNT. — Thèhes, El-Àssacif. — xvii" dynastie.
Un Asiatique, aux traits mâles, indigène de ce pays de Pount, qu'on assimile à l'Arabie Heureuse,
vêtu d'un simple pagne et armé d'un bâton, pousse devant lui un âne chargé de coufTes
l'emplies : derrière l'animal s'élève un arbre feuillu qu'aucun souQe n'agite et duquel s'échappe
un oiseau effrayé : toute la scène se détache sur un fond jaunâtre assez semblable au ciel d'Orient
par un temps de simoon.
Ce joli tableau de genre, un des plus complets que présentent les monuments égyptiens, a été
sculpté et peint, sur Ja muraille extérieure du temple d'El-Assacif, sous le règne du
dernier roi de la xvir dynastie. Il fait partie d une grande scène qui représente l'apport du tribut
imposé par le pharaon au chef du pays de Pount.
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RETOUR DE CHASSE. — Mcropok de Thèbes. — xvn-^ dynastie.
Ce groupe, peint ou sculpté, se rencontrait fréquemment dans les tombeaux, quelquefois avec
des variantes; mais il a été presque partout endommagé ou détruit à cause de sa beauté d'ensemble,
et sa composition, qui en fait en quelque sorte un petit tableau de genre fort précieux
pour les amateurs. Cela tient surtout à ceci : que les touristes et môme quelquefois les Arabes,
en essayant de détacher ces peintures, n'ont réussi le plus souvent qu'à briser l'enduit qui les
portait, et, par suite, à détruire ces charmants spécimens de l'art égyptien. Aussi, à mon second
voyage sur les rives du Nil, n'ai-je plus retrouvé le sujet de cette planche que j'avais copiée dans
un des hypogées de Thèbes, près de trente ans auparavant. Je regretterai toujours de n'avoir pas
dessiné, sur les parois de cet hypogée, taillé dans la butte appelée Cheykb Abd el-Gournah, une
superbe chasse au lion ainsi qu'une chasse à l'hippopotame, qui n'oflVent plus aujourd'hui que
des vestiges de leur premier état, et qu'aucun voyageur n'avait songé à publier alors qu elles
étaient encore intactes.
D'autres dévastations qu'on ne peut taire puisque tous les voyageurs en ont parlé, sont dues
à des motifs plus blâmables encore que la manie des touristes : elles auraient été faites, avec
une fatale intelligence, afm de rendre plus précieux un livre où ces tableaux, dont on déplore
la perte, sont représentés dans leur intégrité. Ainsi s'en vont, pièce à pièce, les documents dont
se composait encore de nos jours l'histoire de l'art égyptien; aussi la génération qui nous
succédera ne trouvera-t-elle plus que dans les livres la plupart des oeuvres qui nous ont émerveillés.
PORTRAIT DE LA REINE TAÏA, ÉPOUSE D'AMÉNOPHIS III. — xviii"^ dynastie.
Ce charmant portrait est tiré du dernier couloir du tombeau de la reine, paroi de gauche, 11
estsculpté, d'un relief très-bas, qui dessine et modèle à peine le contour et est colorié avec soin,
La carnation, plus claire encore et plus rosée que mon dessin, semble indiquer une étrangère,
probablement une femme asiatique. C'est le seul portrait que je connaisse d'une carnation aussi
délicate et aussi vraie. La chair, qui transparaît à travers la mousseline rayée dont la robe est
f ite, lui donne un cachet de vérité incontestable.
La reine est coiiTée d'une calotte représentant un vautour, tenant dans ses serres une espèce
d ' a n n e a u , emblème d'une longue période de siècles, et qui est surmontée d'un modius portant
aussi un vautour mitré, symbole de la maternité, et que précèdent deux ureus, pour exprimer,
probablement, qu'elle était fille et mère de roi.
M. de Rougé prétend qu'Aménophis 111 épousa une fille d'un simple particulier : Taïa était
pourtant de sang royal, et porte constamment, dans sou ombeau, le titre de royale fille allié à
celui de royale épouse.
L'ensemble de ma planche représente assez fidèlement la figure qu'on admire dans le
tombeau de cette princesse; cependant le bleu de la perruque doit être un peu plus clair et la
couleur du fond d'un blanc légèrement sali.
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