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m l/AUT ÉGYPTIEN. AÎ\GIHTEGTU!\R. i85
Lci^ Chinois, (ce peiijile singulier, qui revendique, paraîl-il, riiivcnlion de la plupart
des arts) jiréicndraiciil avoir connu le secret des voûtes de])uis un tern])s iniméinorial
: il parait certain, en elTel, qu'ils enii)loyaient les voûtes bien lonj-lemps avanl qu'un
y songeât dans nus climats; puisqu'eu Euroi)e, le iteuple, qui anrait l'ail le i)reniier
cette décuuverte, serail le i)eu|)le Élrus([ue, dunt le plus ancien spécimen, dans ce genre
de cunstrucliun, se trouve dans les ruines d'une ville d'Étrurie, la ville de A'oiaterra;
quoique, selon nous, les voûtes en pierres de (aille, les pins anciennes de cette })artie du
monde, et don[ il soil fail mention dans les auteurs latins, soient celles des cloaques de
Rome, qui furent édiliées sous le règne de Tarqnin l'Ancien, 5S0 ans avant l'ère vulgaire,
c'esl-à-dire :2457 ans avant l'époque actuelle : cependant s'il y avait lieu d'accorder
la lu'iorité à un peuple, c'est à l'Égypte, (ce jiays où nuns truiivons imprimés en
caractères inelïaçaljles les premiers rudimenls de la civilisation, comme des institulioiis
civiles et des arts) que nous attribuerions, avec quelque droit, l'invention des
voûtes; mais nous préféruns admettre que cet art ingénieux soit né, simultanément,
par suite des besuins de l'espèce humaine, sur plusieurs i)uints à la fois.
On a cru longtemps que les Égyptiens n'avaient pas connu l'art de cintrer
les voûtes ; des observalions suivies nous ayant mis à même d'infirmer cette opinioji
générale, puur le prouver, nous allons établir chronologiquement, d'ajtrès les monuments,
les divers procédés dont ils firent usage, avant d'arriver à la voûte propremenl.
dite.
Les ]iyramides, qu'un doil étudier, d'abord, (juand on étudie les premiers essais de
conslruclion, fournissent des détails assez inléressants sur la manière dont les Égyj)-
liens suppléérenl aux voûtes, dès qu'ils sentirent l'avantage comme solidité de procédés
qui liennent de rarc-boutant : leurs conduits sont couverts par le procédé ([u'on
appelle en dos d'âne, au moyen de deux dalles de jiierre inclinées et forinant à leur
rencontre un angle aigu. Ce genre se retrouve encore à Mycènes, dans i>lusieurs constructions
cyclopéennes, el, même à Tlièbes, dans des édilices d'une époque encore plus
récente que celle des i)yramides. Les autres passages sont couverts en pierres i>lacées en
encorbellemenl les unes sur les autres, procédé, qui, s'il n'est remarqué, en Egypte,
<|ue dans les pyramides, se relrouye dans les constructions primitives des différents
peuples.
Dans les iieinlures des hypogées de Beni-llagen on remarque la re|)résentation de
plusieurs édifices voûtés qui semblent attester que l'invention de la voûte était déjà
connue du lenii)s d'Osortasen qui fut contemporain du i)alriarche Joseph. Toutefois
ce n'est que quelques siècles plus tard qu'on construisit les monuments mêmes qui
viennent témoigner (pie cette invention était déjà el généralement usiléc.
Ou voit encore aujourd'hui, à Tlièhes, dans la vallée des Reines, une pelite tombe
voûtée en berceau, loutc remplie de débris de momies et d'ossements. I.crnurde briques
qui s'appuie sur les parois de l'excavalion est revêtu d'un enduit de plaire rccovivert
de i)eintures : une bande d'hiéroglyphes qui court sur le milieu de la voûle
contient le nom d'Aménophis P , preuve absolue de l'existence de l'arcade à celte
époque l'eeulée.
- Dans une autre partie de Thèbes, sur la l'Oule du Ramesseum, à la vallée d'El-
Assacif, on apercevait encore, sur une partie élevée du rocher, une petite tombe
voûtée et peinte : un des jambages de la niche du fond porte les titres et le prénom fie
Thoutmès III, cinquième roi de la XYIIP dynastie.
On prétend que ces deux monuments auraient disparu depuis notre dernier voyage
euÉgyple; mais cela fût-il, il doit subsister encore un grand nombre d'autres preuves
incontestables de l'emploi des voûtes à cette époque ; car il existe dans les laiines de
Tell-el-Amarna et dans la vallée d'El-Assacif d'innombrables constructions en briques
crues qui portaient des arceaux formés de trois, six et jusqu'à dix rangées ou cintres de
briques, superposés pour mieux assurer la solidité de l'arcade. C'est le peu d'arceaux
et de voûtes qu'ils avaient eu occasion de rencontrer, qui avait l'ait croire à des voyageurs
prévenus, que ces constructions étaient l'oeuvre de générations postérieures aux époques
pharaoniques, ou bien encore de l'époque des conquérants; (luoiqu'il soit impossible
de ne pas reconnaître, aujourd'hui, par les inscriptions déchiffrées, qu'elles doivent
bien leur être atlribuées, et par suite que dès le temps des pharaons on possédait l'art
de construire des voûtes à clef aussi bien que dans le nôtre.
Ce n'est pas tout; il reste encore, provenant des anciens Égyptiens, plusieurs
constructions en terre préparée c'est-à-dire en briques crues, qui portent estampés
sur leur méplat des légendes cl des cartouches de la xvm'^ dynastie; et plusieurs de
ces murs d'enceinte se lient si bien au plan des édifices sacrés qu'ils enferment,
qu'il est incontestable que l'ensemble a été construit en même temps, alors même
que les témoignages écrits feraient défaut el ne pourraient venir à l'appui de notre
démonstration. Il est donc impossible, à tout voyageur sérieux qui vient visiter les
ruines de Thèbes pour s'instruire, d'attribuer à d'autres peuples, ou à d'autres générations
adorant les mêmes divinités, le mur d'enceinte des catacombes de Gournah,
parce ([u'elles portent une trace trop évidente de la main-d'oeuvre des anciens. On sait,
en effet, que ces hypogées fort étendus, creusés non-seulement dans le roc, mais se
prolongeant encore dans la plaine, au pied des rochers, à (piatre ou cinq mètres audessous
du sol, s'étendaient fort avant sous la terre; el ([u'on entrait, généralcmenl,
dans ces tombeaux, communs à toute une famille, par un escalier qui conduisait à
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