54 L ' A R T ÉGYPTIEN.
(ie Séiièque, ou retrouvera loi ou lard, dans les uionumeuts égypticus ou daus les
jiapyrus, des docuuuMils aslroiiouiiques plus iuiporlanls el plus faciles à recueillir que
ceux que Ton a trouvés jus(|u'ici; iious voulons dire des dales d'éclipsé de soleil cl
do lune au moyeu desquelles il serait alors peruiis de recoiislruirc cxacteuieul toute
la chronologie de l'ancien euij)ire.
Nous ue saurions croire, eu eriel, (pie des collèges de })rètfes (adonués jiar profession
à l'élude des pliéiiouiènes célesles, et qui out })roTivé leur incoiiteslahle
scieuee eu conslruisaul le caleiulrier astrouou]i(|ue cl archéologique Irouvé à Thèhes
dans les tombeaux de Rhamses Vï et de lihamsès IX par l'illuslre Champollion ;
calendrier connu le jdus généralement sous le nom de tableau de Rhamsès Yll) aient
négligé d'enregistrer des [théuonièncs aussi frappants, aussi considérables, qu'il leur
suflisait d'avoir conslatés pour eu sigiuiJer rexislence.
Nous croyons qu'on nous saura gré de rappeler, à l'apimi de ce qui iirécède, ce
passage de Lucain, où il est dit : « Les Égy|)lieus ont imaginé les premiers de diviser
le ciel en astérismes et de désigner chaque conslellaliou par le nom d'un animal;
or celle mullitnde d'éloiles n'a pu être ainsi partagée en astérismes sans que les
prêtres égyptiens eussent tout d'abord fait faire un progrès inconteslable à la science
astronomique. »
Et ce qui le i)rouverait pérenq)toirement, c'est qu'ils ne tardèrent pas à meilre
à profil la division des jilauèles reconnues par eux dériuitivement au nombre de
sept, el ([ui portaient les noms des sept divinités de second ordre; ces sept planètes
étaient : Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure et la Lune. Saturne avait
son exaltation dans la Balance; Jupiter, dans le Cancer; Mars, sous le Capricoi'ue;
le Soleil, au Bélier; Vénus, sous les Poissons; Mercure, daus la Vierge, et la Lune,
dans le Taureau : Ce serait à ces ajiplicalions astronomiques qu'on devrait l'iuslitulion
de la semaine que Dion Cassius affirme être d'origine égyptienne.
C'esl encore à ces planètes qu'ils devaient les noms donnés aux heures; voici
commenl ils les appliquaient : on donnait un de ces noms à chaque heure du jour;
et le nom de cluuinc jour était celui du dieu à (pii l'on avait consacré la première
heure de ce juènie jour; ce ({ui constituait, de ]>lus, la variété dans l'unité; et si
l'on veut bien le renuirquer, en accordant aux vingt-(piatre heures d'un jour les noms
des sept ])lauètes suivant l'ordre (jiie nous venons de ra[)porler, on verra que la
liremière heure élail dédiée à Salui Jie, la sec(mde à Ju|)iter, la troisième à Mars, e(
ainsi de suite jusqu' à la septième (pii portait le nom de ia Lune; et (|ue la iinilième
était, à son tour, alors dédiée à Saturne, puis la neuvième à Jupiter; après ([uoi l'on
c o n t i n u a i t à répéter ces dénominations dans le même ordre, en passant à toutes les
I N T R O D U C T I O N HISTORIQUE. .yo
heures d'un nouveau jour ei à toutes celles des jours suivants. Ainsi lorsque la dernière
heure du premier jour élail tiédiéc à Mars, la première heure du second jouiportait
le nom du Soleil, et cela, toujours, snivanl la règle conslanle.
Nous allons a!)order nuiintenant les ])articularités inhérentes au calendrier
('.gyjitien, el, prouver qu'il n'a aucun ra|tport avec ceux des peuples sémili([ues. Le
calendrier étant un li'ait caractéristique dans riiisloire d'un peuple, et les modificalions
qu'on y apporle n'allant januiis jusqu'à le bouleverser (loi'Sfpic le ])eu]ilc est
[larvenu à un certain degré de civilisation), l'argument que nous tirerons du calendrier
égyptien à l'aïquii de l'opinion que nous cherchons à établir, à savoir que la
populatioji égyptienne n'est pas d'origine sémitique, sera très-concluant et viendra
forlilier tous ceux que nous avons déjà exposés.
La première division, que l'on a faite du temps cliez les Égyptiens, a été la division
en jours; mais l'inégalité des jours aux diverses époques de l'année lit bientol
succé<lcrà celte première division une autre division i)lus conslanle. On pi'it alors l'intervalle
de temps qui sépare deux passages consécutifs du soleil au même uuh'idieu;
ce que les Grecs ont appelé vvxe-niJ.epov. Enfin, une troisième division fut i)ientôl
coniiue; c'est celle qui est fondée sur les circonslances du mouvement de la lune; ou
plutôt sur la durée du mouvement synodique de la lune, c'est-à-dire du temps que la
lune met à rejoindre le soleil après l'avoir quitté, ou mieux du temps qui s'écoule
depuis une pleine lune jusqu' à la pleine lune suivante : mai s il se trouva qu'on eut des
mois différents, les uns de 29 jours, les autres de 50 jours; car il eut fallu, pour
être exacl, établir des mois de 29 jours 1/2 qui sont la durée vraie du mouvemenl
synodique (29 jours 12 heures 44' 2" 8/10).
Alors le désir d'obtenir une division du temps, jilns complète, fixe el qui put
donner satisfaction à loutes les exigences de la civilisation acquise, fit inuiginer
d'avoir recours à une division par années.
I c i , nous rencontrons, dès l'abord, certains auteurs qui nous parlent d'une
espèce d'année composée de deux mois (fur/n/.s himnlr-iH); mais il est évident qu'on
lie dut jias s'y arrêter longtemps, et (jue c'est parce qu'une telle ])ério(lc n'élail pas
assez longue qu'on adopta bientôt une autre division, celle eu années lunaires composées
de 12 lunaisons.
Il y a deux manières de se servir de l'année lunaire : dans la première, on la
iîiisse courir sans s'iu(|uiétei- de la mettre en accord avec l'année solaire; c'esl alors
mie aniuMî lunaire vague, et le comnieiicemenl de chaque année répond, d'année en
"'»née, à des posilions différentes du soleil dans le zodiaque; de sorte qu'au bout de
Irente-trois ans une nouvelle i)ério(le reconnuence. Uuoi<|ue bien peu connnode, elle a