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i-edoutaieiU, tout eu radoront, il leur cUiil enjoint, dans les représentations qu'ils faisaient
d'eux-mêmes ou de leurs dieux propices, de s'abstenir de lignrer le mouvement.
C'est seulemenl quand les monnmenl s étaient construits que l'art appelait la sculpture
et la peinture à son aide, i)0ur les peupler de rois et de dieux, et les parer des
conleurs les plus éclatantes. Mors des Cariatides gigantesques ornaient l'intérieur des
chambrées, alors qne des Colosses, quelquefois plus élevés encore que les pylônes, étaient
places aux extérieurs ; et par un luxe et un amour du culte dont nos mesquins travaux
sont bien loin de pouvoir donner une idée, cbaquc pierre de ces immenses Babels, depuis
les pylônes jusqu' à la façade postérieure, en dedans ci en dehors, de la base au faite,
cha-iue pierre, disons-nous, des murailles, des plalonds, des pavés, des piliers, des colonnes,
était consacrée au moyen d'hiéroglypbes, de bas-reliefs et de peintures, et représentait
des sujets historiques ou religieux. Mais ces sujets n'étaient pas monstrueux
et obscurs, comme ou l'a dit et répété d'après des données incomplètes, ils cUaient, au
contraire, riants, nobles, poétiques et inspirés par un sentiment profond de la richesse
et de la beaut é de runivers.
Il est nécessaire de ne pas oublier de dire ici qu'alors que l'homme avait à se défendre
contre la dent des bètes féroces, les inondations des fleuves, les émanations des
marais, le venin des végétaux et même les commotions du sol tremblant sous ses pas,
dans ces temps où sa vie n'était qu'un long combat contre tout ce qui l'entourait, le
repos dut être, à ses yeux, le caractère distinctif de Dieu.
C'est là le s ent iment qui se révèle dans l'expression de calme que la statuaire égyptienne,
lldèle aux traditions primitives, donna à la face de toutes les divinités, et qui
présentait le contraste le plus frappant avec l'état habituel de la société naissante.
Aussi, par analogie, les effigies des rois respirèrent-elles cette quiétude divine, et
celle-ci devint-elle une des formes de TApothéose.
Tous les traits des. statues furent modelés d'après ce caraclèrc de la (igure égyptienne,
qui se fait surtout reconnaitre par la saillie des pommettes, la grosseur des lè-'
vres et une forme spéciale du nez qu'on a depuis appelée « à la romaine » ; caractère
qu'on ne trouve plus aujourd'hui que chez les Éthiopiens et les Coptes.
Mais leur physionomie dut à la grâce du sourire, à la suavité de toutes ses parties,
cette impassibilité vraimenl divine dont, le type n'a pu être choisi que parmi les créations
métaphysiques d'une foi profondément religieuse; car le monde matériel, qui se
rellélait si vivement dans l'àmc des Égyptiens, ne l'absorbait pas jiourtant tout entière,
et V laissait i)lace au germe d'un monde idéal dont ils ne se rendaient peut-être pas
bien compte, mais qui s'y trouve développé incontestablement.
L'attitude et les formes du corps furent à ce point conventionnelles et si invariablc-
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ment arrêtées, qu'une statue était faite quelquefois par deux sculpteurs, auxquels on
confiait séparément une moitié du travail, et que les deux parties jointes ensemble formaient
une oeuvre aussi régulière que si elle fût sortie des mains d'un seul artiste.
De tout ce qui précède ne devons-nous pas logiquement conclure que, si la
statuaire égyptienne produisit des représentations exactes de l'homme, ce ne fut que
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de l'homme immobile, puisque ses personnages sont toujours assis les mains sur les
genoux et que, lorsqu'ils sont debout, ils paraissent oser à peine mettre un pied devant
l'autre.
Il n'en fut pas complètement de même dans les bas-reliefs dont la sculpture couvrit
les murailles des monuments; et, sous ce rapport, elle semble avoir voulu accomplir
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