4 6 L' A R T ÉGYPTIEN.
Moïse e( les ciifauls d'Israël chanlcrent. le cantique de l'Éleniel, et dirent : je chante
à rÉlornel, car il a giorieiisenieni triomphé ; le coursier el le cavalier, il lésa précipités
dans la nier ! »
« Or Moïse, ditPhilon d'Alexandrie, avait été instruit dans toutes les sciences par
les savants Égyptiens; il apprit d'eux les nombres, la géométrie, la science des pieds,
des modes, des vers ; enfin toute la musique. »
On sait, d'autre part, que c'est Moïse qui composa la musiqne dn chant (d'actions de
grâce) dont nous venons de parler, par lequel il a célébré le passage de la mer Rouge;
]i'est-il pas dit à ce sujet : Moïse le chanta et les Israélites le chantèrent avec lui?
Pourquoi (aut-il, qu'en présence de l'immense intérêt qui se serait attaché aux
résultats acquis, les notions qui ont été la conséquence des remarquables travaux des
Yilloteau, des de la Fage et des Fétis, soient encore trop incertaines et trop hypothétiques;
et qu'il soit permis seulement d'enumérer, en quelques mots, ce qui a trait à l'art
musical chez les anciens Égyptiens, d'une façon sinon complète, du moins incontestalde
?
Cependant, quoique d'une mince importance, eu égard à l'intérêt que comporte le
sujet, le résultat des recherches nous met à même de démontrer qu'on ne pourra plus,
dorénavant, feindre d'ignorer que la musique ait été une partie essentielle et intégrante
du culte égyptien (et cela dès la plus haute antiquité), et qu'elle faisait partie de la plupart,
sinon de toutes les manifestations de ce culte.
C'est pourquoi nous commencerons par rappeler que les historiens s'accordent à
reconnaître, généralement, le fait suivant relatif à la présence du peuple aux sacrifices
et aux cérémonies religieuses : on l'y convoquait soit avec l'instrument appelé knoué,
l'un des plus anciens, s'il n'est pas le premier, soit par le son des flûtes de Lotos qui
étaient appelées llùtes sacrées; soit, enfin, au moyen d'un instrument en forme de
corne qu'on n'a pas encore pu préciser : 11 y a plus; les prêtres, portant les emblèmes
sacrés, y marchaient au son de la fiûte.
Les monuments nous font aussi connaître que les battements de mains servaient à
marquer le rhythme, dans la musique sacrée, aussi bien que dans la musique de tout
autre genre : en outre, les prêtres auraient adopté l'usage d'une sorte de formule musicale,
consacrée ou psalmodiée. Ils l'employaient surtout lorsqu'ils avaient à entonner
]mbliquement les louanges de leurs dieux.
11 est encore raisonnable de penser que, pour l'exécution de la musique religieuse,
les prêtres attachaient à leur personne des artistes destinés à remplir uni(iuenicnt ces
fonctions intégrantes du culte; et que chaque temple avait son corps de musique particulière.
I N T R O D U C T I O N IIISTOUIQUE. •i?
Ce qui nous permet de le supposer, ce sont les inscriptions hiéroglyphi(jucs reti-ouvces
dans les tombeaux, où certains personnages sont désignés, expressément, sous le
litre de: chantres de telle ou telle divinité. Mais ne pourrait-on pas plutôt simplenienl en
conclure, que c'était une profession unie au sacerdoce, et que tons les prêtres étaienl
tenus, pour y être aptes, de cultiver la musique et d'en remplir, ordinairement, les
fonctions, peut-être alternativement?
Enfin, d'après Jean-Jacques, le chant le plus ancien devrait son origine à la nation
éoyptienne : Il affirme que le chant, si connu sous le nom de Linos, était destiné aux
occasions funèbres et tristes, et qu'on l'appelait chez les Égyptiens, Manetos. du noiu
d'un de leurs princes.
Résumons ce qui précède : on peut donc en inférer, aujourd'hui, sans crainte de
démenti : que les Égyptiens, à l'époque pharaonique, employaient déjà dans les céiVinonies
de leur culte la musiijue vocale et instrumentale; ^^ qu'on exécutait dans les
temples une vocalisation et des battements de mains, comme accompagnement de la
musique ou des mélopées chantées par le prêtre, ou des alternations de la musique ei
des mélopées ; et que les artistes employés dans les cérémonies du culte étaient des
musiciens particuliers de l'ordre des prêtres, ou alTiliés à cet ordre.
Mais ce n'était pas seulement dans les cérémonies du culte qu'on était accoutumé,
chez les anciens Égyptiens, à un usage, plus ou moins exigé, de la musique. Nous la trouvons
mentionnée aux pompes de rinhumation des rois; il est dit qu'à leur mort, les
habitants des villes, hommes et femmes, se groupant au nombre de deux ou trois
cents, parcouraient les chemins deux fois le jour, pour vanter les vertus du souverain
décédé et chanter des hymnes en son iionneur, au son de tous les instruments. Cet
usage, qui s'observait presque dans les mêmes formes à la mort d'un personnage un peu
considérable, se serait môme étendu jusqu'aux classes inférieures du peuple.
Les prêtres étaient les seuls que l'on ne pleurât pas; aussi toutes pratiques exténenres
étaient-elles sévèrement interdites à leur mort; c'est que les Égyptiens pensaient
(ine les prêtres, consacrés dès l'enfance à la divinité, ne pouvaient quitter la
terre (jue pour passer, immédiatement, aux récompenses d'une vie meilleure.
En outre, parmi les personnes attachées au service des rois, il y eut évidemment.
ainsi (pie le prouvent de nombreuses inscriptions funéraires, cette sorte de fonctionnaires;
ce qui annoncerait que les Pharaons avaient une musique de palais, sans doute
pour des cérémonies particulières, ou pour les divertissements journaliers de la cour.
Pendant les repas, après les prières prescrites, il était ordinairement admis qu'il
était bon de les égayer au moyen de la musique ou de la danse. A cet effet, l'on se servait
ordinairemenl des harpes, des doubles flûtes et des tambourins; mais la danseétait
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