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des récompenses fut \)om elle la sanction toujours présente des préceptes {[e la
morale et de la religion; car les prières funéraires formaient la plus grande partie
de la liturgie, et la résurrection du juste ainsi que rimmortalité acquise à son àme
y sont rai)pelées à tout instant et sous tontes les formes.
Le polythéisme ne fut d'abord chez les Égyptiens que la personnification des
attributs divins; les mythes y adjoignirent plus tard, il est vrai, certaines forces de
hi nature; on ne peut nier cependant que les i)lus gramles idées sur les attributs
essentiels d'un Dieu sujirème ne soient formellement énoncées dans les hymnes
aniiijues, puisque, suivant les textes i)récis du rituel funéraire, « Dieu est letre
(hmt la substance existe par elle-même, qui se donne l'existence à lui-même, qui
s'eimendre lui-même éternellement. »
Cette croyance s'y représente sous une foule de symboles : un bymne gravé suiune
pyramide, an musée de Leyde, le nomme le Dieu un, vivant en vérité.
Les hymnes nous enseignent encore (^ue le Dieu suprême a créé le ciel et la
t e r r e et qu'il est le jière des hommes; qu'il les protège durant la vie et les juge
après leur mort; que s'il punit le crime, il purifie l'àme juste de ses fautes légères,
en exauçant ses prières et en lui accordant une glorieuse résurrection.
Aussi, quelles que soient les divagations partielles de la mythologie qui a pour
base de pareils enseignements, croyons-nous qu'il est bon de recueillir avec attention
tons les monuments qui la concernent, en même temps qu'on cherchera à
éclairer les obscurités de syml)oles qui peuvent recouvrir un fond si respectable.
Me nous étonnons donc plus que Platon ait placé ses enseignements les plus
sublimes dans la bouche d'un vieillard égyptien : ce n'était pas, comme on l'a dit.
l)ar artifice littéraire qu'il agissait ainsi; c'est parce que les leçons des prêtres du
grand collège d'Héliopolis étaient encore présentes à sa pensée.
Précisons néanmoins : c'est de la divinisation des forces de la nature qui succéda
au culte des astres que naquit la fable d'isis et d'Osiris. Cette genèse symbolique
a toute la portée d'une révélation, car on devine qu'elle a donné aux prêtres
la jtremière notion de la création de runivers, et qu'il ne s'agira plus bientôt pour
eux de la vallée du Nil, mais du monde entier; ([ue la lutte entre Osiris et son frère
Set deviendra le combat de la lumière contre les ténèbres; et ([ue le triomphe du
jeune Uorns repi'ésentera alors le commencement du temjis et de la vie.
Nous pouvons affirmer (]ue la |)hilosopiiie sacerdotale de rantiipie Égyjde s'éleva
jus(iu'an concept du Dieu nni(iue, incréé : aussi, si nous entrons dans un temple, la
représentation du grand inconnu de la jiensée lininaine ne frappe-t-elle le regard à
aucun endroit?
INTIIODUCTION illSTOUtOUE. jii
Mais alors que signifieraient donc ces représentations de divinités si nomlirenses
(•mpruntées à tous les règnes de la nature? La pensée intime du prêtre nous aiiparait
.-uijourd'hui complètement, par suite de la lecture des textes hiéroglyphi(|nes; c'est
(ju'il a cru devoir sous ces formes représenter l'Être snj)rème dans ses manières d'être
et d'agir par rapport au monde et à l'homme, et qu'il a trouvé nécessaire de faire de
ces attributions, de ces qualités, autant de divinités ou plutôt de Ibrnies divines.
Envisageait-il l'Incréé sous l'aspect de cette force secrète de la nature (jui opère
le renouvellement incessant des êtres, il le nommait Ammon. Tliôtli jiersonniliait
pom- lui la raison divine : le chaos jtrimitif était représenté par Noul, le soulfle
divin par Chnouphis; la puissance divine s'engendrant par elle-même par Kejier, et
Phtah est la sagesse suprême qui préside à la créafion.
C'est de l'union de Nout et de Set, qui est la personnification de la matière
avec les germes qu'elle renferme, (pi'est sorti le dieu Ra ou Ilaroëris; c'est-à-dire:
le Soleil. Quant à Osiris, ce serait une manifestation toute différente du principe
divin; il faudrait le considérer comme antérieur au soleil nuUériel, comme la personnification
de la lumière qui subsiste toujours, alors même que la nuit couvre
le monde, comme une sorte de soleil nocturne qui aurait créé le soleil matériel,
comme l'ame de celui-ci. Ainsi on serait parvenu aujourd'hui à entrevoir la i)ensée
(]ui a présidé à cette théogonie : elle a voulu exprimer l'idée de Dieu par un polythéisme
symbolique.
La nature fut dès lors mise à contribution pour exprimer les attributs de Dieu :
l(^ prêtre inventa un emblème chaipie fois qu'il crut découvrir une analogie, si
éloignée qu'elle tut, avec un phénomène naturel; et ce serait à ce litre seulement,
et pas à d'aulres, que les animaux auraient pénétré dans le sanctuaire. Le scaraiiée.
par exemple, aurait symbolisé la génération divine, parce que dans la croyance
jiopulairc tous les scarabées étaient mâles; il en serait de même pour le lotus:
celui-ci serait devenu lïniage de la venue de l'ame à la lumière surnaturelle, parce
que cette fleur au calice d'un bleu céleste s'épanouit chaque jour aux rayons du
soleil levant. Le prêtre n'aurait donc eu d'autre but, à l'aide de ces emblèmes, fpie
de vulgariser les cotés mystérieux de la croyance religieuse.
Enfin, si nous en croyons M. Mariette, le mythe d'Osiris, dans sa plus baule
acception, ne serait autre chose que la doctrine religieuse par rapport aux destinées
surnaturelles de l'homme. Voici ce qu'il dit à ce sujet:
« La vie de riiomine a été assimilée par les Égyptiens à la course du soleil
au-dessus de nos têtes; le soleil, qui se couche et disparait à l'iiorizon occidenL'il.
est limage de la mort. A peine le niomenl suprême est-il arrivé, qu'Osiris s'eni})are