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mettre au creuset les ancieuues parures , les spoliateurs u'out pas manqué ; ce qui fait
qu'on retrouve peu de bijoux comparativement aux autres objets, si communs dans les
tombeaux.
Il n'existe donc guère de bijoux très-remar(juables dans les collections publ iques
ou privées (il faut en excepter, cependant, celle du musée du Kaire); aussi n'est-ce que
par les peintures et les bas-reliefs qu'on peut se faire une idée réellement complète du
goût et de l'élégance de ces ornement s , chez les Égypt iens .
Entre autres part icularités, les Égyptiens portaient, également des bracelets à l'iuimér
i i s ; ceux-ci ne se di s t inguaient des autres que par la g r andeur ; pui s des périscélides
qui se plaçaient à la cheville du pied, assez semblables , d'ailleurs, à ceux que les Indiennes
portent au cou, et à ceux que les femmes arabes désignent , de nos jour s , par
le nom de khoulkhal.
Le plus grand nombre des bracelets était un composé de perles, soit d'or ou de
lapis-lazuli, de cornal ine rouge et de feldspath vert, enfdées art istement au moyeu
d'uii lil d'or, qu'on dirigeait de façon à former des ornementat ions qui rappellent parfaitement
les bracelets et les cercles lomljaires .encore en usage aujourd'hui dans
toute la vallée du : il n'en était pas de mème_pour les bagues en or; elles étaient
presque toujours très-massives, et parai s sent avoir été créées uniquement , pour servir
de cachets.
Un des plus beaux colliers qu'on connaisse est celui en or repoussé, qui était cousu
au moyen de petits anneaux aux linges de la momie de la reine Âah-hotep (on le conserve
au musée du Kaire) ; il est du genre des colliers Ousekh, qui ornaient la poitrine
des momies en vertu d'une prescription du rituel funé r a i r e ; des cordes enroulées , des
fleurs à quat re pétales épanouies ou en croix, des lions et des antilopes courant , des
chacals assis, des éperviers, des vautours et des vipères ailées en forment le dessin : les
deux agrafes , selon l 'habitude, sont à tète d'épervier.
Il nous est impos s ibl e .de ne pas rappeler ici, combien, en 1867, on est resté
frappé d'étonnement et d'admirat ion à la vue de tous les trésors d'art renfermés dans
la réduction du temple de Philae. Ce n'était que bracelets d'or, avec leurs gravures sur
fond de verre, quelquefois rehaus sés de lapis, .de .pe r l e s d'or et de pierres de couleur,
ou figurés par des oi s e aux; que colliers d'or, avec incrus tat ions de pâtes, décorés de
fleurs et d'animaux, ou bien encore d'or repoussé ; qu'anneaux et chaînettes en fil d'or
tressé, sans oublier ce magni f ique jjectoral d'or enriciii de ])ierrcs dures , de figures et
d'oiseaux découpés à jour ; toutes merveilles, en un mot, d'un art et d'un prix inestimable,
et qui ont été, pour tous les vi s i teurs , la révélation d'uue civilisation au moins
égale à la nôtre.
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ART INBUSTRlEf.. 521
AMEUBLEMENTS.
Le luxe des anciens Égyptiens, pour tout ce qui touchait à l'orfèvrerie et à la
bijouterie, devait ctre un acheminement forcé à un luxe correspondant pour tout
ce qui devait avoir rapport à Tameublement des demeures part iculières (nous l'avions,
déjà, laissé supposer à la fin du livre de l'Architecture en parlant des édifices civils) ;
mai s bien entendu, seulement à partir du nouvel empi re pharaonique ou sous la domination
des La g ide s ; car nous sommes tenus d'affirmer, pour obéir à nos convictions,
que les recherches ultérieures et le déchi f f rement des inscriptions hiéroglyphiques
démontreront péremptoi rement que, sous l 'ancien empi re, alors que toute la civilisation
nationale était entraînée dans l'orbite immense du culte de la pui s sance divine,
le luxe mobilier était, à l'égal de tous les aut res , réservé uniquement pour le service
divin.
Il y a même lieu de penser que c'est à la vue du déploiement de tant de splendeurs
prodigieuses , imaginées pour rendre le culte incommensur able, que s 'al luma,
chez les principaux représentant s de l'autorité, le désir d'en joui r par eux-mêmes , et
qu'il s'ensuivit une conjm-ation qui chercha, dans la complicité d'une invasion, les
moyens propres à le réaliser.
Ce qui le prouverait, c'est que, malgré trois siècles d'asservissement sous un étranger
féroce et dédaigneux des ralfinements de toute civi l i sat ion, aussitôt après son expul
s ion, ce fut comme un délire pour satisfaire toutes les convoitises inassouvies.
On aurai t tort, du reste, de s'étonner que, sous le premier empi re pharaonique,
l'ébénisterie, qui est la base de toute espèce d'ameublement s , ait atteint un haut degré
de perfection ; pui squ'à cette épôque reculée l'Egypte possédait des forets immens e s de
bois précieux, parmi lesquels on est forcé de placer l'ébénier en première l igne. Il est
probable, pour ne pas dire cer tain, que c'est aux dévastations qui furent le résul tat de
la conquête de l'Égypte par la^Hycsos, auxquelles vinrent s'ajouter les gigantesques
travaux d'art, ent repris sons la XVIIP dynastie, que cette terre privilégiée doit de les
avoir vu disparaître.
Il existe, en effet, de l'époque de Touthmès III, une superbe peinture mur a l e de
quat re mèt res cinquante cent imèt res de longueur, et représentant un atelier d'ouvriers
en bois, qui vient à l'appui de notre assertion (nous en possédons, sur papier calque,
un fac-similé fidèle, gr andeur d'exécution, avec tous les détails accompagnés de leur
coloration). Il est facile de s'y rendre compte du degré de perfection qu'avait atteint
le travail de l'ébénisterie sous les pharaons du nouvel empi re, parce que cette peinture
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