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210 I/ART ÉGYPTIEN.
Les temples se distinguèrent, aussitôt, par l'ostentation d'nn travail long et
lastnciix, comme par des ornemenls ou des détails prodigués, le plus souvent, sans
discernement et daus l'ignorance de l'effet à prodnire : et ce ne fut qu'après Ions ces
écarts, que le vrai goût commençant à se former on apprit à réunir la solidité à la
convenance et à la symétrie ; trois mots qui comprennent et résument tout Tart
architectural.
On sait que de lout temjis les souverains se croient les émules des dieux : aussi,
lorsque les dieux eurent une vaste et belle demeure, les souverains agrandirent-ils et
embellirent-ils leurs habitations et leurs vastes intérieurs : puis les grands se mirent
à imiter leur souverain, et le peuple prit bientôt modèle sur eux : cela fit, que lorsque
le goût dans les constructions des temples se fut épuré, l'architecture domestique
devint aussi meilleure, et que la sculjiture et la peinture suivirent, dans un
degré correspondant, les progrès de l'art qui leur avait donné naissance.
Telle est sommairement, selon nous, la marche des arts chez chaque peuple
en particulier; mais en envisageant leur histoire d'un point de vue plus général,
on s'aperçoit que les premiers essais, ceux qui méritent le nom de travaux d'art,
nous présentent partout les lourdes constructions, comme sont les murs cyclopéens
qu'on remarque en Grèce et en Italie, et qu'à ces formes irrégulières succèdent
toujours bientôt toutes les combinaisons de lignes droites.
Cependant chaque architecture a des beautés et des défauts particuliers, parce
que chaque peuple a son goût propre, ses proportions, ses formes ou ses systèmes
à lui : il est donc normal de les voir différer sous l'intlnence du climat, des moeurs,
des usages, des idées religieuses, de la foi'me du gouvernement, comme de la rareté
ou de l'abondance de certains matériaux; quoique le même but ait toujours guidé
chaque architecture, c'est-à-dire la solidité, la convenance et la régularité.
Tout porte à croire que l'architecture des construclions égyptiennes obéissait
à des règles hiératiques, profondément calculées, surtout pour les édifices élevés, soit
en l'honneur des dieux mythiques, soit à la mémoire des demi-dieux, soit même pour
le culte des ancêtres; cependant il n'a pas encore été donné de le constater par
aucune preuve historique : Aussi, jusqu'au jour de la découverte de ces règles, qui
ont dû présider et commander à toute l'oeuvre des architectes égyi)lieiïs, mais que
le déchiffremeiit des papyrus et des légendes hiéroglyphiques ne peut tarder à faire
connaître, (parce qu'il est impossible qu'on n'ait pas eu soin d'assurer leur transmission
alors qu'on l'a fait pour les moindres usages religieux) persisterons-nons à
croire qu'à l'exception de trois ou quatre temples, qui ont, incontestablement,
été bâtis d'un seul jet, les grands édifices religieux de l'ancienne Égypte n'onl pas
été élevés, sous l'inspiration d'une même pensée; et qu'ils ont été, an contraire,
l'oeuvre de générations successives.
Ouoi qu'il en soit, parce qu'il a été admis dans tous les temps, «pie la plupart
des tmnples égyptiens, furent bâtis sur le plan de celui d'Héliopolis, nous allons en
donner la description sommaire, telle qnc nous l'ont transmise les anciens historiens :
.< Â l'entrée du temple, on rencontrait d'abord un grand carré long, de la largeur
d'envir^.n deux cents pieds, sur une longueur de sept à huit cents; c'est dans
cette soi te de cour d'honneur que se voyaient accroupis sur deux rangs, éloignés
seulement entre eux d'environ vingt pieds de distance, des sphinx d'une grandeur
proportionnée à son étendue. »
« Ces sphinx, régnaient dans toute la longueur du carré long; et l'espace vide,
qu'ils laissaient entre eux, était remi^li d'obélisques et de colonnes qui se succédaient
alternativement jusqu'à l'entrée dn temple ; dont une telle entrée ne pouvait
manquer de donner une grande idée. »
« Après avoir traversé la cour d'honneur, on arrivait à un grand vestibule,
soutenu par d'immenses colonnes de marbre de différentes espèces, qui s'élevait à
plus de dix i.ieds au-dessus d'elle : ce vestibule en précédait un autre plus élevé et
plus vaste encore, qui conduisait à la nef du temple, élevée elle-même de quelques
pieds au-dessus des vestibules; cette nef, fort longue et fort vaste, était ornée de colonnes
de marbre et de porphyre d'une hauteur prodigieuse, sur lesquelles s'appuyait
un immense plafond horizontal, formé de blocs énormes et polis, où for, l'azur et
les peintures se mariaient en produisant un effet merveilleux. »
c< Puis de celte nef, on entrait de plain-pied dans l'intérieur du sanctuaire :
celui-ci formait comme un immense dôme soutenu par une muUitnde de colonnades,
au centre desciuelles se trouvait l'autel de la divinité, que surmontait un
miroir gigantesque, placé de façon à ce qu'il i)ût réfléchir les rayons de soleil et
illuminer tout le sanctuaire et toute la nef. »
Ouehiue incomplète qne soit cette description, il est facile d'y reconnaître les
difh-rentes parties des édilices religieux égyptiens qui ont reçu les noms d'adytum,
de naos, de prouaos, de portiqnes, de propylon, de colonnades et de dromos.
La plus grande partie des temples de l'Egypte est regardée comme ayant ete
entreprise par les collèges de prêtres idutôt que par les pharaons, parce que
comme nous l'avons dit plus luu.l, ces édifices, à l'exception du Ramesseum et du
UMuplc de Medineh-Thabou, semblent avoir été construits successivement et par
parties; ce qui excuserait certains défauts de symétrie dus à des vices de construc-
,iou inévitables, s'il est vrai, comme on l'a préte.uln, (pie les prêtres, à mesure
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